Ce film est un exploit.
Et un témoignage actuel sur la manière dont vivent les petites filles et les femmes en Arabie Saoudite. On savait qu’une femme n’a pas le droit d’y conduire une voiture. On y apprend, dépité, qu’une enfant n’a même pas le droit de faire du vélo!
Wadjda, jeune fille pleine de vie de 12 ans, a pourtant bien l’intention de défier son copain Abdallah sur deux roues. Faire du vélo, elle en rêve. Comme elle rêve d’envoyer balader toutes les règles ultra-contraignantes qui régissent la vie des filles et des femmes de son entourage : pas le droit de porter un bracelet et à peine celui de porter des converse, et seulement sous un voile noir qui la recouvre de la tête au pied ? Certaines de ses camarades sont déjà mariées… Wadjda se rebelle à sa manière contre ce système pour réussir à obtenir son vélo et n’en démordra pas même si tout joue contre elle.
A travers la quête de Wadjda et la description de sa vie en famille, auprès de sa mère délaissée et de son père absent, Haïfaa Al Mansour offre le premier témoignage vivant, nourri de la vie en Arabie Saoudite, pays où le cinéma est proscrit et où elle peut se vanter d’avoir tourné le premier film de l’histoire. Sans démonstration et avec un sens aigu de la narration, elle dresse ainsi un portrait très complet et tout à fait sensible d’une jeune fille qui ne peut pas comprendre les règles dans lesquelles on l’enferme. Et cette leçon devient l’une des plus terrifiantes mais des plus efficaces qui soit.
Véronique Le Bris