Le charme de ce dessin animé opère dès les premières images, grâce à la recons­ti­tu­tion d’un Paris pitto­resque inondé (à cause de la grande crue de 1910), de ses rues pavées, de ses caba­rets et de ses bâti­ments d’an­tan. Il s’en dégage aussi une folie douce, rappe­lant parfois l’uni­vers si singu­lier et poétique de Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belle­ville). Rigo­lote, l’his­toire mélange à la fois le mythe de La Belle et la Bête et celui du Fantôme de l’opéra. Semant, malgré lui, la panique dans la capi­tale, un monstre au cœur tendre se retrouve traqué par l’ignoble préfet Maynott. Il se réfu­gie alors dans la loge de Lucille, une chan­teuse de caba­ret au carac­tère bien trempé. Le monstre et Lucille sont respec­ti­ve­ment doublés par Mathieu Chédid et Vanessa Para­dis. Leur duo fait des étin­celles, en parti­cu­lier lorsqu’ils se mettent à chan­ter ensemble. La musique, entraî­nante, apporte du swing à un récit qui conjugue habi­le­ment l’ac­tion (avec une superbe scène à Mont­martre) et l’hu­mour (dû, notam­ment, aux seconds rôles hauts en couleur). Un film qui regonfle le moral et qui célèbre la beauté inté­rieure de manière amusante. 

Philippe Djian, pour Grains de Sel n°69, octobre 2011.