L’art contemporain se tire parfois une balle dans le pied. L’exposition Transformations, qui marque les 30 ans du Fonds régional d’art contemporain Rhône-Alpes, aurait pu (dû) être l’occasion de réunir les néophytes et les amateurs éclairés, les sceptiques et les défenseurs acharnés autour de trente œuvres fortes, accessibles au plus grand nombre. Le résultat ressemble davantage à une fête privée organisée par un artiste pour des spécialistes.
Si Vincent Lamouroux, talentueux sculpteur chargé par l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne de porter un regard sur les collections, a conçu un dispositif à base de modules géométriques très réussi, sa sélection d’œuvres se révèle inégale, peu propice au dialogue au sein des espaces et livrée sèchement.
Les cartels sont réduits à leur plus simple expression, faute de plan dans le guide du visiteur (espérons qu’il soit rajouté rapidement) il faut procéder par déduction pour retrouver les auteurs des œuvres présentées, jeu de devinettes qui conforte l’idée que l’art contemporain est réservé aux seuls initiés. Et c’est bien dommage, car certaines pièces méritent vraiment d’être vues. Comme l’installation de miroirs de John Knight qui ouvre le parcours et joue avec les reflets ; les cinq éléments couverts de pigments bleus et/ou noirs qui composent Full d’Anish Kapoor ou encore le spectaculaire cercle en écorces de pin imaginé par Richard Long.
Plus que de Transformations, c’est de partage et de transmission dont on aurait aimé parler pour cet anniversaire qui manque un tantinet de générosité.
Blandine Dauvilaire