Avec l’exposition Transatlantiques, le musée de l’Imprimerie embarque les visiteurs à bord de paquebots de luxe pour traverser l’Atlantique et un siècle (1860–1960) riche en bouleversements pour les techniques de l’imprimerie. L’épopée de ces paquebots légendaires – du Napoléon III en 1866 au France en 1962 – est retracée grâce à une série d’imprimés extraits des 4,5 kilomètres d’archives de l’association French Line, dépositaire de la mémoire de la Compagnie Générale Transatlantique.
De l’étiquette de bagage à la liste des passagers, de l’affiche grand format au menu pour chiens, des journaux imprimés à bord aux programmes de gala, Transatlantiques raconte l’histoire de ces paquebots qui acheminaient le courrier du Havre à New York en 4,5 jours avant de transporter des passagers, dont les émigrants pour l’Amérique du Nord.
Surmontant de grandes maquettes de bateaux, des coupes longitudinales de paquebots montrent la mécanique de ces impressionnantes villes flottantes. Comme dans les maisons de poupées, on y voit les cabines des 2 500 passagers, les cuisines, la boulangerie, les salles de bal et de réception, les salles des machines, etc. Il fallait embarquer de tout en cuisine pour exaucer les moindres désirs des passagers de première classe : envies de homard ou de caviar, de pâtisseries ou de vin millésimé. Les paquebots français font en effet leur réputation sur l’art de vivre à la française, c’est-à-dire la décoration (L’Île de France est un bijou art déco), la qualité des aménagements et surtout la table.
Si cet océan d’imprimés, administratifs ou publicitaires, est amusant pour les histoires qu’il raconte, il n’est pas d’une grande originalité. La Compagnie Générale Transatlantique avait une identité graphique assez floue, changeante. Elle était surtout fondée sur la silhouette du paquebot que l’on retrouve sur toutes les affiches. Et notamment sur la plus remarquable, signée par l’artiste Cassandre : elle montre en pleine face, et dans des lignes puissantes et épurées, la proue du plus beau des paquebots français qui sillonnèrent l’Atlantique : le Normandie.
Anne-Caroline Jambaud