L’exposition résonne un peu comme la célèbre chanson de Boris Vian, laComplainte du progrès, qui énumère les objets du désir : du pistolet à gaufre en passant par le Frigidaire ou la tourniquette à faire la vinaigrette. Le musée urbain Tony-Garnier nous invite à un voyage inédit, pour comprendre comment la stratégie du désir fabriqua le confort moderne. Au nom du progrès certes, mais aussi avec ses dérives.
À travers une scénographie originale, « Vive le confort moderne » nous plonge dans les années 20–40, qui donnèrent naissance à la société de consommation. Au lendemain de la guerre, l’heure est à la reconstruction et les réclames publicitaires promettent aux néo-citadins un monde nouveau, de rêve.
Entrez dans un salon des temps modernes, identifiez-vous aux stars des magazines et découvrez, aussi, le laboratoire domestique de la ménagère parfaite. La lessiveuse lui facilite la vie, l’armoire réfrigérante va bientôt s’appeler Frigidaire, car les marques prennent le dessus. Mais l’enchantement du monde passe aussi par la fabrication d’improbables objets, comme le sèche-fesses bébé à air soufflé. Voyons maintenant l’envers du décor. L’exposition nous conduit du côté des usines où des femmes s’affairent à la chaîne sur des machines. On songe aux Temps modernes de Chaplin. On découvre aussi comment la frénésie consommatrice s’emballa à la limite de la science-fiction, jusqu’à l’émergence de débats critiques après la seconde guerre mondiale. Ce voyage dans le temps devrait faire cogiter les enfants, proies faciles de la société de consommation. Préférez la formule avec visite commentée, qui donne un supplément de sens au parcours.
Aude Spilmont