Depuis son premier appareil Kodak reçu à l’âge de 9 ans, Georges Rousse n’a cessé de photographier le monde et ses recoins, avec une prédilection pour les lieux abandonnés, destinés à être détruits ou transformés. Métamorphosant les friches en œuvres d’art éphémères qu’il immortalise une dernière fois, cet architecte de la couleur se fait aussi magicien.
Pour chaque lieu, il imagine une mise en scène sobre et spectaculaire, se sert des murs, des reliefs, pour faire apparaître une forme géométrique qui se détache et se fond à la fois dans l’étonnant décor. Ce sont quelques-unes de ces anamorphoses photographiées par ses soins qui sont actuellement exposées sur le Plateau.
Découpé en cinq espaces, le parcours présente une sélection d’œuvres créées dans la région ; des installations construites avec des ados en difficulté de la banlieue lyonnaise ; le travail réalisé dans le bidonville Shivaji Nagar (l’un des plus grands de Bombay) avec de jeunes Lyonnais et de jeunes Indiens ; ainsi qu’une série d’œuvres retravaillées à la craie blanche, dont la texture fragile contraste avec les supports bruts. L’ensemble constitue un véritable voyage visuel pour le spectateur qui cherche à percer les secrets cachés derrière la beauté finale. Car chaque photo raconte une histoire : au Texas, Georges Rousse a retrouvé des plans de bâtiments rasés et a ravivé la mémoire collective en les faisant réapparaître. À Palerme, ce sont des couloirs désertés que ce marcheur infatigable a rhabillés de cartes du Népal. Dans le théâtre de Bourgoin-Jallieu qui avait brûlé, il a d’abord conçu un carré de lumière blanc en lattes de bois, puis une nouvelle version d’un rouge incandescent, à laquelle il a mis le feu… Seules ses photos gardent la trace de ses interventions. Et pour mieux faire comprendre son travail, il a reconstitué l’une des salles de Bombay à l’identique. En fermant un œil, le visiteur perçoit alors le cercle tracé dans l’espace. Il découvre aussi les savants calculs qui précèdent toute création. Aux enfants qui aimeraient suivre sa trace, Georges Rousse conseille avec un large sourire « de bien apprendre ses mathématiques et surtout de bien rêvasser en cours ! »
Blandine Dauvilaire
Visites guidées gratuites sur inscription : http://www.rhonealpes.fr/626-le-plateau.htm