Plus qu’une exposition, c’est un livre d’histoire géant que le musée des Beaux-Arts nous invite à feuilleter avec “ L’Invention du passé, histoires de cœur et d’épée en Europe, 1802–1850 ”.
En 230 tableaux, dessins et sculptures, le parcours montre comment les artistes du XIXe siècle ont représenté le Moyen Âge, la Renaissance et le XVIIe siècle. Ces images d’un passé souvent réinventé par les peintres ont nourri l’imaginaire collectif. Elles racontent les amours des rois et des reines, le terrible destin de célèbres héros comme Jeanne d’Arc ou Marie Stuart. Ces toiles de toute beauté sont autant de petites histoires qui brûlent d’être racontées et à partir desquelles chacun peut broder.
Pour ne pas rendre la visite en famille indigeste, nous vous conseillons de privilégier une poignée d’œuvres et de profiter du livret-jeu gratuit conçu pour les plus jeunes.
Dans les premières salles, les enfants découvrent la peinture dite « de troubadour », qui fit le succès de Fleury Richard, artiste lyonnais formé dans l’atelier de David. Le soin apporté aux vêtements, aux détails, aux lumières confère une ambiance toute particulière. Les détectives en herbe observeront attentivement François 1er aux côtés de sa sœur Marguerite de Navarre, et tenteront de le retrouver dans d’autres tableaux de l’exposition.
Le Tournoi immortalisé par Pierre Révoil rappelle la bravoure avec laquelle le chevalier Du Guesclin triompha de ses adversaires, bravant par la même occasion l’interdiction de son père. Après une petite section dédiée à Ingres et ses merveilles, vient le temps des toiles magistrales de Paul Delaroche. Les Enfants d’Édouard donnèrent lieu à de multiples reproductions que l’on retrouve à l’étage.
Privilégiant la couleur et le plaisir de peindre, Eugène Delacroix et Richard Parkes Bonington livrent leur version romantique du Moyen Âge.
La grande salle fait la part belle au « genre historique » décliné dans de grands formats spectaculaires. Le parcours s’achève sur l’ouverture européenne et la diffusion des modèles français à l’étranger.
Dense et formidablement documentée, cette exposition qui a nécessité trois ans de préparation ouvre des horizons insoupçonnés. Elle est pour les enfants un terrain de jeu visuel privilégié, à condition de leur donner quelques clefs de lecture.
Blandine Dauvilaire