Du 7 au 9 novembre, le Salon du livre Petite Édition, jeune illustration de Saint-Priest voit les choses en grand, avec une thématique consacrée à l’architecture. Laissez-vous tenter ! Vous rencontrerez des bâtisseurs de livres audacieux et pourrez déambuler entre les expositions et les ateliers. En prélude, Grains de Sel donne le micro à l’invité d’honneur du salon et fait le tour des rendez-vous à ne pas manquer. Par Aude Spilmont.
« L’architecture est un terrain de découverte joyeux »
Auteur-illustrateur de prodigieux albums jeunesse sur l’architecture*, Didier Cornille est l’invité d’honneur du salon de Saint-Priest. Rencontre.
Vous êtes l’auteur de livres illustrés qui racontent l’histoire de maisons modernes, de gratte-ciel vertigineux et de ponts audacieux. Pour quelles raisons avez-vous souhaité faire de l’architecture un sujet de curiosité pour les enfants ?
J’ai visité beaucoup de grandes capitales en famille et je me suis aperçu que l’architecture est un terrain de découverte joyeux pour les enfants : monter en haut d’une tour, s’étonner de l’ampleur d’un grand bâtiment… Nous vivons dans l’architecture et il me semble important d’aiguiser la curiosité des enfants sur son potentiel et de développer leur exigence de qualité. Dans mes livres, j’ai voulu explorer l’architecture contemporaine, moins reconnue que l’architecture ancienne, alors qu’elle peut être superbe.
Qu’apporte le dessin pour parler d’architecture par rapport à la photographie ?
La photographie donne à voir mais n’explique pas. Le dessin offre toute latitude pour montrer l’essentiel et mettre en perspective les qualités spatiales d’une architecture.
Vos ouvrages parlent d’architecture innovante mais aussi d’histoire de chantiers et de rêves d’hommes. Cette dimension humaine est-elle essentielle pour vous ?
Je souhaite communiquer cet enthousiasme d’hommes qui ont voulu vaincre la hauteur avec des gratte-ciel, la distance avec des ponts ou les conservatismes avec des maisons transparentes. J’ai aussi désiré montrer qu’un chantier c’est toute une histoire, avec ses difficultés techniques et ses imprévus. Lors de la construction du pont suspendu de Brooklyn, l’architecte Roebling a eu un accident sur le chantier et c’est sa femme qui a pris le relais. Dans mes dessins, j’intègre aussi toujours des petits personnages. J’y tiens parce que l’architecture n’est pas seulement fabriquée, elle est pratiquée. Pour les lecteurs, cela permet de vérifier l’échelle et de se projeter dans le lieu. Et mon plaisir à moi lorsque je dessine, c’est d’imaginer ce que les personnages se disent.
Comment avez-vous conçu l’exposition qui sera présentée au château de Saint-Priest ?
L’exposition dévoilera des maquettes de tours jusqu’à 2 mètres de haut. Notamment le Chrysler Building de New York ou la Sears Tower de Chicago. J’avais envie que les visiteurs puissent se confronter physiquement à ces édifices monumentaux. On trouvera également des dessins originaux qui prouvent que la création d’un livre est tout un chantier. Je suis moi-même designer et je suis très attaché à ces questions de conception et de construction d’un objet. Un livre, c’est aussi des coups de gomme, des dessins que l’on ne retient pas, le travail du maquettiste.
Comment vivez-vous ces moments particuliers de rencontres avec les petits lecteurs et les grands ?
Lorsqu’on fait un livre, on est assez seul. La rencontre avec les lecteurs est passionnante parce qu’elle met en perspective et permet de vérifier l’enthousiasme. Je suis toujours très agréablement surpris par la singularité et la pertinence des questions des enfants.
Vous êtes souvent présenté comme l’homme à la casquette. Êtes-vous un adepte des toitures de tête et autres couvre-chefs ?
(Rires) Oui, c’est un peu par timidité et par coquetterie. Je ne peux pas me teindre les cheveux parce que je n’en ai pas beaucoup, alors qu’avec les chapeaux, je peux facilement changer de couleur.
* Didier Cornille est l’auteur de Toutes les maisons sont dans la nature, Tous les gratte-ciel sont dans la nature, Tous les ponts sont dans la nature et Le Vaisseau de verre de Frank Ghery, Hélium éditions.
> Le petit plus : des visites guidées de l’exposition au château de Saint-Priest seront assurées par Didier Cornille durant le week-end. Avec également les interventions chorégraphiques de la Cie Litécox.
Les rendez-vous à ne pas manquer au salon :
• Rencontres d’auteurs
Comme chaque année, le salon de Saint-Priest vous offre l’opportunité de rencontrer, en chair et en os, des magiciens des mots et des illustrateurs aux traits débridés. Profitez-en, outre Didier Cornille, bien d’autres belles plumes sont cette année à Saint-Priest. À l’instar du très créatif Simon Roussin, chouchou des éditions Magnani. Son graphisme au feutre à l’expressivité flamboyante est aussi séduisant que ses histoires de héros jamais manichéennes. Dans un tout autre style, partez à la découverte de l’univers coloré de Laurent Moreau. Son dernier album jeunesse Ma famille sauvage cultive une sensibilité à fleur de peau. Au salon, vous pourrez également faire la connaissance d’Emmanuelle Bastien, qui signe des objets livres très singuliers dans la petite maison d’édition qu’elle a créée, Qu’est-ce que tu fabriques, et aux éditions L’Agrume. En tout, près d’une cinquantaine d’auteurs-illustrateurs et éditeurs seront présents au salon.
• Un parcours illustré dans la ville
Leur objectif est de créer la surprise avec des stickers géants à découvrir sur le mobilier urbain, des pochoirs au sol et des collages d’affiches… 4 illustrateurs du collectif Le Bocal (Delphine Perret, Lucie Albon, Tian et Mathieu Perret) ont concocté un parcours illustré qui reliera les différents sites d’accueil du salon (le château, l’artothèque et la médiathèque). Suivez-les à la trace. On vous donne un indice : ce sera le rose fluo. La joyeuse bande a même prévu des performances improvisées.
• Paris sous les projecteurs des dessinateurs
À quoi ressemble Paris vu à travers le regard d’illustrateurs ? The Parisianer, tel est l’intitulé d’un ouvrage dans lequel 100 illustrateurs livrent leur vision personnelle de la capitale sous un angle poétique, caustique, décalé ou réaliste. Exposés à la Cité de l’architecture puis à la mairie de Paris, 50 de ces travaux font aujourd’hui escale au salon de Saint-Priest autour de l’exposition The Parisianer.
• Teaser avant parution
Vous le savez peut-être, Grains de Sel n’est pas seulement le magazine que vous tenez entre vos mains. Depuis 4 ans, Grains de Sel édite aussi Georges, un drôle de magazine pour enfants, et des albums jeunesse avec une vraie exigence graphique et éditoriale. Invité au salon de Saint-Priest, Grains de Sel éditeur aura le plaisir de vous présenter, en avant-première, Rien du tout, signé par le talentueux auteur-illustrateur Julien Billaudeau. Vous pourrez découvrir les étapes graphiques de la création de cet album : gravure sur bois, impression tampon, agencement textes-images. Julien Billaudeau fera également partager ses techniques à l’occasion d’un atelier.
• Fée toi-même
Enfants, parents, découvrez quelle fée se cache en vous avec des ateliers « fais toi-même ». Durant tout le week-end, des illustrateurs présents au salon accompagneront votre créativité lors d’ateliers. Vous pourrez également expérimenter des techniques particulières d’illustration, comme la sérigraphie ou l’embossage.