Quelle pouvait bien être l’ambiance dans les théâtres et cafés lyonnais entre 1840 et 1930 ? Le musée Paul-Dini apporte de nombreux éléments de réponse en s’intéressant plus particulièrement aux peintures et décors de cette époque. Fréquentées par des artistes et des amateurs d’art, les brasseries et salles de spectacles étaient des lieux d’échange particulièrement stimulants pour l’inspiration. Presque autant effervescents qu’à Paris. L’exposition présente aussi bien des maquettes, comme celle de la décoration de l’escalier du musée des Beaux-Arts, réalisée par Pierre Puvis de Chavannes, que des dessins, tel le projet de Tony Garnier pour une villa des Mont-d’Or, ou des peintures regroupées par thème : bals, scènes mondaines, musiciens, femmes attablées dans des cafés… En observant de près Le Ballet de Faust, peint par Jean Seignemartin, les jeunes visiteurs apprendront qu’au XIXe siècle, les spectateurs d’opéra pouvaient rester debout et se parler tout en écoutant le spectacle. Une petite section dédiée à Guignol regroupe un castelet d’appartement, des marionnettes et des fragments de décors éphémères. Sans oublier de superbes danseuses immortalisées par Léon Comerre ou Albert André. La salle centrale, où sont concentrées des toiles de grands formats, réserve de belles surprises. À côté d’une copie du célèbre Gilles de Watteau, par Jules Flandrin, rayonne un extraordinaire Pierrot jouant de la mandoline signé Léon Comerre. Le camaïeu de blancs du costume est tellement réaliste qu’on pourrait presque toucher la soie du bout des doigts. En complément de ces 250 œuvres plutôt sages, l’espace Cornil présente un accrochage de toiles plus récentes réalisées par Truphémus, Lachièze-Rey, Fusaro, Dereux, Giorda, Chevrette… qui mérite le détour.
Blandine Dauvilaire