À l’occasion des 50 ans de l’indépendance de Singapour, le musée d’Art contemporain de Lyon présente sur deux niveaux un panorama de la scène artistique d’Asie du Sud-Est. Le voyage à travers cette Open Sea (mer ouverte) est d’autant plus intéressant que les 30 artistes conviés donnent à voir des œuvres d’une grande force visuelle et d’un contenu riche en réflexions. Au premier étage, Nasirun expose 3 petits véhicules typiques de l’Indonésie. Superbement décorés en référence aux contes et légendes asiatiques, ces engins rappellent que cette culture est appelée à disparaître. Dans la salle suivante, Shen Shaomin représente les 7 principaux leaders communistes de l’Histoire sur leur lit de mort, seul Castro respire encore. Dans un tout autre genre, Nge Lay a reconstitué une salle de classe, ses élèves et son enseignante en bois sculpté, pour évoquer les enjeux de l’éducation en Birmanie.
Au deuxième étage, Entang Wiharso a sculpté un Temple de l’espoir éclairé de l’intérieur. Juste à côté, Navin Rawanchaikul milite avec humour pour la reconnaissance d’un pays imaginaire : le Navinland. Plus violente en apparence, l’œuvre de Louie Cordero, constituée de 4 corps transpercés d’outils et bercés par la musique de Sinatra, parodie les chanteurs de karaoké philippins capables de s’étriper pour une chanson. Pour sa part, Sutee Kunavichayanont présente d’anciens bureaux d’enfants gravés de scènes historiques thaïlandaises qui sont « décalquées » sur papier. La grande salle est traversée par un gigantesque tube-animal orange installé par Anida Yoeu Ali, clin d’œil à ses croyances. Enfin, Akshay Taj Singh Rathore a créé une montagne en apesanteur recouverte de millions de graines de moutarde, pour rappeler qu’il ne faut pas grossir ses petits problèmes.
En complément de cette exposition passionnante, le Mac accueille au 3e étage l’installation Jardin synthétique à l’isolement d’Antoine Catala, îlot de verdure conçu en collaboration avec des personnes non-verbales.
Blandine Dauvilaire