Interview de Ionna Vautrin :
Sur le thème du bestiaire, cette designer aux multiples talents (elle a dessiné des chaussures pour la marque Camper, des lampes pour Foscarini, de l’électroménager pour Moulinex) a imaginé une exposition et un atelier spécialement pour les enfants. Rencontre. Par Blandine Dauvilaire.
En quoi consiste votre métier ?
Je suis designer industriel, je dessine des objets qui sont fabriqués en série et s’adressent à un grand nombre de personnes.
Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Il faut être créatif, technique, savoir s’adresser à la fois aux ingénieurs et aux gens du marketing, être un communiquant et parler aux autres, c’est un métier très complet.
Pour la biennale de Saint-Étienne, vous êtes commissaire de l’exposition Le Bestiaire, de quoi s’agit-il ?
C’est une exposition dédiée à l’univers de l’enfant, elle présente une collection de 14 déguisements en papier kraft sérigraphié qui sont illustrés par une équipe de designers, graphistes, photographes, comme Malika Favre, Les Graphiquants, Twice ou Felipe Ribon. Chacun des artistes a raconté une histoire autour de l’animal qu’il a choisi pour son déguisement. Parallèlement à ce laboratoire animalier se déroule un atelier où les enfants de 6 à 12 ans peuvent dessiner leur propre animal sur un costume vierge. On leur donne des clés graphiques (morphologie des animaux, type de pelage, etc.) et à partir de là, ils créent leur propre bestiaire et peuvent se déguiser. C’est une sorte de carnaval animalier puisqu’on lâche ensuite tous les petits animaux dans la biennale.
L’idée est aussi de rendre cette collection de déguisements vivante en la faisant éditer pour qu’elle devienne accessible à tous. Les grands pourront même s’en servir d’affiche.
Quel lien faites-vous entre beauté et design ?
Pour l’exposition, je pars du postulat que peu importe qu’on soit beau ou terrifiant, gentil ou méchant, on peut devenir qui on veut grâce au déguisement. Le design est censé embellir notre environnement, c’est intrinsèque au métier.
Quels sont vos projets ?
Je travaille actuellement sur un mobile de mouettes et une collection de luminaires pour l’éditeur Moustache, un fauteuil pour la marque Sancal et sur des brosses avec Andrée Jardin. Mon rêve serait d’avoir la liberté de travailler dans plein de champs d’application différents en mon nom propre.
Quel est l’objet design que vous auriez aimé créer ?
Le puzzle Sedici animali d’Enzo Mari édité par Danese, où chaque pièce en bois est un animal. Tous les animaux peuvent être encastrés les uns dans les autres à plat ou à la verticale, c’est beau.