À la lisière du centre-ville, au pied de ces imposants terrils, se dresse fièrement le chevalet de la mine du puits Couriot. Vous vous apprêtez à marcher dans les pas des « gueules noires », qui jusqu’en 1973 s’éreintaient au fond de ces galeries, à creuser des heures durant.
D’abord, le passage obligé par le Grand Lavabo, une salle très haute de plafond. Les centaines de paniers contenant les effets de chacun, accrochés à plusieurs mètres du sol, font forte impression. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme « la salle des pendus » ! Il faut ensuite passer par la lampisterie, afin de récupérer cette précieuse lanterne à qui l’on doit parfois son salut. Il y a aussi l’imposante salle des machines, comme dans les entrailles d’un paquebot. Enfin, on ne peut plus reculer, c’est la lente descente, dans le monte-charge, à plus de 700 mètres de profondeur*, pour atteindre enfin les interminables galeries dans lesquelles il faut cheminer, à pied ou dans un wagonnet, le casque rivé sur la tête. Les mineurs (certains ont à peine plus de 14 ans) sont là à extraire le précieux charbon, toujours sur le qui-vive, redoutant l’un de ces imprévisibles coups de grisou. Leurs silhouettes photographiques, grandeur nature, marquent leur présence dans ces galeries.
Ce voyage au cœur de la mine et du quotidien des mineurs procure d’étranges sensations, entre compassion et admiration. On a le sentiment que ceux qui travaillaient ici viennent à peine de déserter les lieux, que leurs voix et leurs pas résonnent encore.
Le site (classé monument historique) a fait récemment l’objet d’importants travaux pour aménager de nouveaux espaces muséographiques. Imposants et contemporains, ils complètent la visite avec des documents multimédias, des maquettes. Ils apportent un autre éclairage, plus pédagogique, moins immersif, mais tout aussi intéressant. Ils permettent de reprendre son souffle après cette plongée dans la mine.
Vincent Jadot