Avec pour fil conducteur La vie moderne, cette 13e Biennale d’art contemporain de Lyon pilotée par Ralph Rugoff, met en présence 60 artistes issus de 30 pays. Reflet du monde chahuté dans lequel grandissent nos enfants, leurs œuvres parlent bien souvent d’environnement, d’inégalités sociales et de nouvelles technologies. Une édition assez sérieuse, ponctuée de belles découvertes, dont les œuvres nécessitent d’être décryptées pour être comprises par les plus jeunes. En cela, les visites dédiées aux enfants et aux familles sont précieuses. Autre bon plan, suivre une visite pour adultes et revenir avec sa tribu en ayant sélectionné une poignée d’œuvres adaptées.
Pour vous aider à y voir plus clair parmi les nombreuses propositions, voici un tour d’horizon des incontournables de cette biennale.
Par Blandine Dauvilaire
– À la Sucrière
C’est là que sont présentées les pièces les plus monumentales de la biennale. Pour dépasser l’abord un peu froid de certaines installations, prenez le temps de la contemplation et plongez-vous dans le guide du visiteur, vous ne regretterez pas vos 5 €. Dès l’entrée, le public est confronté au labyrinthe de Liu Wei, métaphore de ces mégalopoles qui dévorent tout sur leur passage. Clin d’œil à l’artiste Sol Lewitt, les suspensions de Haegue Yang constituées de 500 stores vénitiens composent un paysage en apesanteur. Au centre de l’espace, Céleste Boursier-Mougenot a disposé une batterie actionnée par des noyaux de cerises qui tombent du plafond. Leur chute, déclenchée par les ondes des téléphones portables des visiteurs, compose une musique totalement aléatoire. Tout à côté, Andreas Lolis a construit une cabane en carton pour sans-abri. En réalité, il s’agit de marbre sculpté avec finesse. Le caractère précieux de la matière contraste douloureusement avec la pauvreté évoquée.
Au 1er étage, les photos de George Osodi dénoncent la pollution qu’engendre l’exploitation du pétrole dans le delta du fleuve Niger. De son côté, Mohamed Bourouissa imprime ses photos sur des éléments de carrosserie automobile, donnant l’impression que le sujet se reflète dans la peinture.
Mais c’est au 2e étage que sont concentrées les œuvres les plus poétiques. Chez Michel Blazy, la nature reprend ses droits en envahissant délicatement l’électroménager, les chaussures et les vêtements… On adore ! Hicham Berrada fait pousser du « jasmin de nuit » qui ne libère son parfum que dans l’obscurité. Magdi Mostafa reproduit une vue aérienne du Caire la nuit grâce à 10 000 ampoules LED tandis qu’Ahmet Ögut transforme des machines à coudre en visionneuses de films actionnées par le public.
. Les Docks, 49–50, quai Rambaud, Lyon 2e.
– Au Musée d’Art contemporain
Plongée dans la pénombre, l’installation de He Xiangyu invite à déambuler entre les vidéos ralenties d’une vingtaine de personnes aux bâillements contagieux. Camille Henrot tourne les services de hotline en dérision et apporte des réponses joyeusement absurdes aux problèmes contemporains. Au 2e étage, l’œuvre de T.J. Wilcox impressionne par sa taille : sur un immense écran suspendu, l’artiste projette un film panorama à 360°. Plus loin, chaussés de lunettes 3D, les visiteurs assistent au ballet végétal orchestré par Cyprien Gaillard, avant de plonger le regard dans les tableaux énigmatiques de Thomas Eggerer. Au dernier étage, Nina Beier transforme en sculptures une série de perruques aplaties sous cadre, et en paysage des coco-fesses des Seychelles posés sur du terreau.
. Cité Internationale, 81, quai Charles de Gaulle, Lyon 6e.
– À la Fondation Bullukian
Baptisée Copie conforme… moderne, l’exposition présente une sélection d’œuvres aussi diverses qu’une sculpture à trois faces de Dan Graham, des photos de Sugimoto, une toile d’Erró, des dessins et des vidéos. Dans le jardin, Yona Friedman a déployé une installation géante faite de volutes de grillage, sur lesquelles le public est invité à venir exposer des objets pouvant constituer un « musée du XXIe siècle » (consultez les dates de dépôt). La déambulation dans ce labyrinthe de métal vaporeux où les silhouettes sont floutées plaît beaucoup aux enfants.
. Fondation Bullukian : 26, place Bellecour, Lyon 2e. Entrée libre.
– Sur le Plateau de l’Hôtel de région
Constituée de 25 œuvres de la collection du musée d’art contemporain de Lyon, l’exposition Ce fabuleux monde moderne débute de façon spectaculaire avec la sculpture de Soto. Les visiteurs sont invités à circuler à travers en se frayant un passage entre les longues tiges qui la constituent. Les enfants ne se font pas prier. Sont ensuite exposées la machine à laver au mouvement inversé de Daniel Firman, une très grande toile de Marlène Mocquet dont les coulures sont prétextes à faire naître des personnages et des histoires, la toile froissée de Steven Parrino, la pelleteuse gonflable pleine d’humour du Gentil Garçon et bien d’autres surprises.
. La Plateau : 1, Esplanade F. Mitterrand, Lyon 2e . Entrée libre.
– Au musée des Confluences
La salle 15 accueille l’installation vidéo Before memory de Yuan Goang-Ming. Plongés dans le noir, entourés de quatre écrans, les spectateurs découvrent des fragments de Taipei (Taïwan) filmés au ras du sol ou de très haut, silencieux ou sonores. Des espaces laissés à l’abandon et usés par le temps. Une expérience immersive qui intéressera les plus grands.
. Musée des Confluences : 86, quai Perrache, Lyon 2e.
– À l’Institut d’art contemporain
Intitulée Rendez-vous 15, l’exposition présentée à l’IAC donne à voir le travail de 20 jeunes artistes, 10 français et 10 étrangers proposés par 10 biennales internationales. Au programme : des œuvres très éclectiques et pas mal de vidéos. On retiendra surtout la Course contre l’orage de Maxime Lamarche, qui transforme un voilier de loisir en jonque, tranchant dans la coque et tordant les extrémités, utilisant la quille comme piédestal de cette œuvre faisant écho à l’actualité. Les peintures et dessins de Johann Rivat qui évoquent des manifestations de rue d’un réalisme saisissant. La grande montagne sculptée par Fabrice Croux, étonnante maquette abritant en son cœur une grotte disco recouverte de paillettes. La traversée du mur démoli de Rathin Barman. Et la tempête de sable recréée par David Posth-Kohler, entourée de jarres tapissées de tee-shirts à message.
. IAC : 11, rue Docteur Dolard à Villeurbanne.
– Au couvent de La Tourette
Anish Kapoor rend hommage à Le Corbusier à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, en ponctuant le bâtiment d’œuvres fortes et sensibles. Sculptures miroirs qui jouent avec les reflets du ciel et de la pierre ou sculptures plus charnelles… Toutes invitent à la méditation dans l’un des lieux les plus paisibles du parcours de cette biennale.
. Le couvent de la Tourette : 69210 Éveux.
Biennale d’art contemporain
Jusqu’au 03/01/2016, du mardi au vendredi, de 11h à 18h, le week-end de 11h à 19h. Tarifs : gratuit – 15 ans, 8 et 15 €. www.biennaledelyon.com
Sur réservation : visite en famille 6–11 ans, visite 3–5 ans, visite anniversaire 6–12 ans, atelier 6–10 ans, atelier en famille, workshop 12–15 ans. Tél. 04 27 46 65 65.