C’est là que sont présentées les pièces les plus monumentales de la biennale. Pour dépasser l’abord un peu froid de certaines installations, prenez le temps de la contemplation et plongez-vous dans le guide du visiteur, vous ne regretterez pas vos 5 €. Dès l’entrée, le public est confronté au labyrinthe de Liu Wei, métaphore de ces mégalopoles qui dévorent tout sur leur passage. Clin d’œil à l’artiste Sol Lewitt, les suspensions de Haegue Yang constituées de 500 stores vénitiens composent un paysage en apesanteur. Au centre de l’espace, Céleste Boursier-Mougenot a disposé une batterie actionnée par des noyaux de cerises qui tombent du plafond. Leur chute, déclenchée par les ondes des téléphones portables des visiteurs, compose une musique totalement aléatoire. Tout à côté, Andreas Lolis a construit une cabane en carton pour sans-abri. En réalité, il s’agit de marbre sculpté avec finesse. Le caractère précieux de la matière contraste douloureusement avec la pauvreté évoquée.
Au 1er étage, les photos de George Osodi dénoncent la pollution qu’engendre l’exploitation du pétrole dans le delta du fleuve Niger. De son côté, Mohamed Bourouissa imprime ses photos sur des éléments de carrosserie automobile, donnant l’impression que le sujet se reflète dans la peinture.
Mais c’est au 2e étage que sont concentrées les œuvres les plus poétiques. Chez Michel Blazy, la nature reprend ses droits en envahissant délicatement l’électroménager, les chaussures et les vêtements… On adore ! Hicham Berrada fait pousser du « jasmin de nuit » qui ne libère son parfum que dans l’obscurité. Magdi Mostafa reproduit une vue aérienne du Caire la nuit grâce à 10 000 ampoules LED tandis qu’Ahmet Ögut transforme des machines à coudre en visionneuses de films actionnées par le public.
Blandine Dauvilaire