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Hiki­ko­mori, le refuge

Publié le 08/01/2016

Autour d'un dispositif sonore original, le public se verra, en fonction de son âge, proposer une lecture radicalement différente de cette pièce axée sur la réclusion et le repli sur soi.

Au Japon, on appelle hiki­ko­mori les jeunes gens qui se coupent du monde en s’en­fer­mant dans leur chambre et en restant cloî­trés afin d’échap­per à la réalité qui les accable. Parce qu’il traverse une période diffi­cile, Nils devient un hiki­ko­mori. Pourquoi est-ce arrivé ? Que ressent-il ? Selon leur âge, les spec­ta­teurs vont parta­ger les pensées et les émotions des person­nages en décou­vrant trois points de vue diffé­rents : celui du père, de l’en­fant ou de la mère. Trois histoires complé­men­taires racon­tées indi­vi­duel­le­ment par le biais d’un petit écou­teur confié à chacun. Grâce ce dispo­si­tif, le metteur en scène Joris Mathieu et sa compa­gnie Haut et Court vont enri­chir ce qui se joue sur scène. Une expé­rience que les enfants et les adultes pour­ront parta­ger à la sortie. 

Blan­dine Dauvi­laire

 

L’in­ter­view :

Nommés en janvier dernier à la tête du TNG, Joris Mathieu et Céline Le Roux signent une saison enthou­sias­mante qui devrait nour­rir tous les imagi­naires. Répar­tie sur deux sites, la program­ma­tion, qui s’adresse plus que jamais à tous, convie petits et grands à faire l’ex­pé­rience du spec­tacle vivant de manière privi­lé­giée. Rencontre avec ce duo animé par le goût du partage et des expé­riences inédites. Propos recueillis par Blan­dine Dauvi­laire.

 

Quelles sont les prin­ci­pales nouveau­tés cette année ?

Joris Mathieu : Nous avons cher­ché à construire un projet dans lequel la dimen­sion nouvelle géné­ra­tion portée par notre théâtre prenne du sens. Que ce soit dans notre façon de diri­ger ce lieu, de rencon­trer le public, comme dans les formes de spec­tacles accueillies. Qu’elles s’adressent aux jeunes géné­ra­tions ou aux adultes, nous souhai­tons que ce soit de nouvelles formes d’écri­ture pour le plateau, qu’elles s’aven­turent en terres incon­nues, que les spec­ta­teurs vivent des expé­riences inédites. 

Céline Le Roux : Nous offrons un éven­tail plus large, une ouver­ture vers la toute petite enfance et des propo­si­tions réser­vées aux grands et aux adultes, comme la présence de Romeo Castel­lucci avec Ores­tie.

Qu’ap­porte concrè­te­ment la fusion entre le TNG et le théâtre Les Ateliers ?

JM : Les 26 propo­si­tions de la saison sont répar­ties entre les quatre salles de ces deux lieux, elles s’adressent à l’en­semble de la famille. Réunir les deux lieux va aussi nous permettre d’ac­cueillir les artistes sur de longues rési­dences, ça change l’es­prit d’une maison lorsqu’elle est habi­tée à la fois par les artistes et par les spec­ta­teurs.

Quelles sont les lignes fortes de la saison ?

CLR : Les esthé­tiques plas­tiques fortes consti­tuent un fil rouge de la program­ma­tion. Nous souhai­tons propo­ser un théâtre des imagi­naires.

JM : Nous allons essayer d’in­ven­ter de nouveaux rendez-vous pour que le public partage notre projet autre­ment…

CLR : … car certaines propo­si­tions artis­tiques relèvent du « faire », créent une inter­ac­tion avec le spec­ta­teur. C’est le cas avec Le Jardin du possible, spec­tacle pour les tout-petits dès 18 mois, où les parents peuvent aussi parti­ci­per (voir p. 9).

JM : J’ai égale­ment le souhait d’ou­vrir les portes régu­liè­re­ment à une géné­ra­tion d’en­fants de 6 à 16 ans, sur le prin­cipe du volon­ta­riat, pour discu­ter du monde tel qu’il est et du monde tel qu’on rêve­rait qu’il soit. 

Joris, vous allez créer en janvier Hiki­ko­mori – Le refuge (dès 8 ans), de quoi s’agit-il ?

JM : Cette pièce aborde la ques­tion du repli sur soi que l’on observe dans nos socié­tés et qui touche toutes les géné­ra­tions. Au Japon, on appelle Hiki­ko­mori ces gens qui décident de fermer la porte de leur chambre et de ne plus jamais sortir pour se couper du réel. La pièce raconte l’his­toire d’un grand adoles­cent qui décide un jour de s’en­fer­mer et de ne plus sortir. On va rentrer dans la mémoire de cet enfant pour comprendre ce qui l’a poussé à faire ça. Dans une ambiance de science-fiction, les spec­ta­teurs assis­te­ront tous au même spec­tacle mais n’en­ten­dront pas tous la même chose. En décro­chant un petit combiné, ils écou­te­ront l’un des trois points de vue : celui du père, de l’en­fant ou de la mère. À la sortie, les gens échan­ge­ront pour parta­ger ce qu’ils auront vécu.

Le festi­val Micro-Mondes, en novembre, impliquera égale­ment les spec­ta­teurs…

CLR : Ce festi­val des arts immer­sifs est une invi­ta­tion à entrer à l’in­té­rieur des spec­tacles pour y vivre une expé­rience en petit nombre. Cette année, la matière a une présence forte dans la plupart des huit spec­tacles propo­sés. Notam­ment dans Evapo­ra­ted land­scapes (Les Paysages évapo­rés) de Mette Ingvart­sen, où des mousses coniques éclai­rées du dessous sont traver­sées par de la fumée, ce qui donne l’im­pres­sion de contem­pler des sommets dans la brume. Sans aucun inter­prète, juste par les jeux de lumières et les mouve­ments de matières, la choré­graphe illustre le pouvoir de l’ima­gi­naire (dès 6 ans).

Quels seront les autres temps forts de cette troi­sième édition de Micro-Mondes ?

CLR : Il y aura la matière plus humide des escar­gots de la compa­gnie 2 rien merci, qui initie avec L’Arbre luisant d’Es­car­go­po­lis(dès 4 ans) une première rencontre avec des escar­gots qu’on retrou­vera au prin­temps avec le projet Escar­go­po­lis. C’est d’une fantai­sie totale et d’une poésie incroyable. Et puis la matière carton avec deux projets de Milimbo, dont un laby­rinthe en carton de la taille des enfants. Baptisé Dans la forêt, ce spec­tacle sans inter­prète repose sur un best ofdes contes dont l’en­fant se retrouve le héros (dès 5 ans).

L.I.R. Livre In Room (dès 10 ans) est une instal­la­tion de la compa­gnie Haut et Court, imagi­née par Nico­las Boudier et vous-même…

JM : Cette instal­la­tion est conçue pour un seul spec­ta­teur à la fois, qui rentre dans une biblio­thèque idéale, sélec­tionne un ouvrage et plonge dans 5 à 8 mn d’ex­trait sonore du texte mis en images de manière assez merveilleuse.

Durant la saison, les deux artistes asso­ciées au TNG vont présen­ter des spec­tacles excep­tion­nels…

JM : Phia Ménard est une artiste qui jongle avec la matière (la glace, le vent, l’eau, la vapeur) et pose la ques­tion de l’in­time. L’Après-midi d’un foehn (dès 4 ans, voir p. 9), qui est une œuvre majeure du XXIe siècle, fait retom­ber les adultes dans l’émer­veille­ment de l’en­fance. Vortex(dès 15 ans), sur la méta­mor­phose, permet de se libé­rer de certaines choses.

CLR : De son côté, Chiara Guidi présente La Terre des lombrics (son Buchet­tino, qui est un chef-d’œuvre, a été montré lors de Micro-Mondes 2011). Dans ce spec­tacle déam­bu­la­toire qui est une adap­ta­tion simpli­fiée d’Al­ceste d’Eu­ri­pide, elle fait faire l’ex­pé­rience de la tragé­die aux enfants qui s’y prêtent avec joie et curio­sité. Le résul­tat est saisis­sant (dès 8 ans).

Pour ouvrir la saison, vous avez choisi un spec­tacle de cirque qui a fait le tour du monde…

JM : Acro­bates de Stéphane Ricor­del et Olivier Meyrou est une autre façon d’abor­der le cirque, une explo­ra­tion théâ­trale de la rela­tion entre un porteur et un volti­geur. À partir de l’his­toire vraie et tragique de Fabrice Cham­pion, le duo a fabriqué un spec­tacle qui ques­tionne le corps et le rapport au risque. C’est très beau et d’un très haut niveau (dès 10 ans). 

Vous avez tous les deux eu la chance de décou­vrir le théâtre très tôt, quelle a été votre première émotion liée à un spec­tacle ?

JM : La première fois où je suis allé au théâtre, vers 6 ans, c’était au théâtre de l’El­do­rado que diri­geait Bruno Boeglin, un lieu très beau et très impres­sion­nant. Il avait demandé à mon père, qui était ensei­gnant à l’époque, de faire parti­ci­per sa classe au spec­tacle. Mon père était figu­rant et jouait le rôle d’un pendu, ça ne m’a pas trau­ma­tisé outre mesure mais ça m’a influencé plus tard quand il a fallu choi­sir le nom de ma compa­gnie : Haut et Court ! Mais mon premier enchan­te­ment au théâtre, vers 10 ans, a été L’Oi­seau vert de Benno Besson, un travail sur le merveilleux avec des masques qui m’a beau­coup marqué.

CLR : J’ai grandi dans un théâtre car ma mère en diri­geait un. J’ai vu telle­ment de choses depuis ma toute petite enfance que j’au­rais du mal à choi­sir… J’ado­rais me perdre dans les réserves d’ac­ces­soires, les maquettes, les ateliers costumes, tout ça était merveilleux. J’ai vécu des chocs esthé­tiques forts plus âgée en décou­vrant l’uni­vers de Romeo Castel­lucci, le théâtre senso­riel d’En­rique Vargas et la danse de William Forsythe. 

JM : C’est parce que nous avons eu ces parcours-là que nous souhai­tons ouvrir les portes du TNG au plus grand nombre, que les gens viennent parta­ger autre chose que simple­ment du théâtre.

CLR : Aujourd’­hui je me sens « passeur », mon moteur c’est de trans­mettre l’émo­tion que je ressens grâce aux spec­tacles.

 
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