La nouvelle exposition du musée Paul-Dini est une petite merveille. Consacrée au Postimpressionnisme et Rhône-Alpes (1886–1914), elle met en lumière le foisonnement artistique qui succéda au mouvement impressionniste et présente des tableaux jamais vus auparavant.
La visite commence par des portraits saisis dans l’intimité familiale, comme les femmes endormies de Jean Puy. Très vite, la fraîcheur et la force des couleurs qui vibrent sur les toiles incitent le visiteur à s’approcher. Les touches pointillistes s’animent, accentuant la poésie et la sensualité des sujets abordés. Les natures mortes débordent d’une vie nouvelle en mélangeant sans complexe les fleurs, les fruits et les objets.
Sans rupture, les néo-impressionnistes s’émancipent de leurs aînés. Leurs paysages offrent une autre vision de l’espace, plus mystérieuse, plus onirique aussi, comme la maison rose qu’Adrien Bas dissimule sous un rideau de végétation. Félix Vallotton nous incite à emprunter ses chemins de campagne, et quand la nuit tombe, la lune éclaire d’un bleu hypnotique l’étang d’Alphonse Osbert. Heureusement, la fée électricité répand ses halos dans les habitations et perce par les fenêtres d’Henri le Sidaner.
Révélations de cette exposition, les tableaux de Léon Pourtau conjuguent une palette subtile, des compositions étourdissantes et une maîtrise virtuose de la lumière. Tandis que les bateaux-lavoirs de Fernand Lambert semblent tout proches, Le Château des papes brille sous les pinceaux de Paul Signac.
Consacrée à l’Arcadie, la salle centrale s’offre une orgie de couleurs, les peintres subliment le réel en réinventant la nature de manière inattendue. Des peupliers bleus d’Eugène Brouillard au nu alangui de Jacqueline Marval, ces édens suscitent le bonheur des visiteurs. Un accrochage exceptionnel.
Blandine Dauvilaire