En lieu et place des principales œuvres de sa collection d’art moderne, actuellement exposées au Mexique, le musée des Beaux-Arts rend hommage à la scène artistique lyonnaise du XXe siècle. Une belle idée.
Présenté de manière chronologique, cet accrochage constitué de 166 œuvres (issues du fonds du musée ou empruntées au musée Paul-Dini de Villefranche, au musée d’Art contemporain de Lyon, au FRAC Rhône-Alpes, sans oublier les prêts de collectionneurs) nous offre une promenade nez au vent dans le jardin de l’art. Non seulement les œuvres sélectionnées par Sylvie Ramond (directrice du musée) et Patrice Béghain (ancien adjoint à la culture de la ville) balaient les différents thèmes et techniques chers à nos artistes au siècle dernier, mais elles créent souvent la surprise.
Ainsi, dans la première salle, le triptyque réaliste de Léonie Humbert-Vignot, évoquant une dure réalité sociale, tranche avec la douce scène familiale immortalisée par Étienne Morillon. Face aux nus de Combet-Descombes, une grande toile d’inspiration symboliste, L’Approche de la tempête-Les furies, inattendue sous les pinceaux d’Eugène Brouillard, inquiète autant qu’elle fascine. Au charme des paysages de Batail ou Pelloux et des natures mortes d’Adrien Bas succède la découverte du Cirque lumineux de Zelman Otchakowski. Charmant.
Puis Robert Pernin nous entraîne dans son univers surréaliste. Une petite galerie de portraits fait cohabiter tableaux et sculptures, tandis qu’en 1963, Philippe Dereux crée des compositions à partir d’épluchures et de gouache. Les années passent, un vent de liberté souffle de plus en plus fort sur les sujets et les palettes. Les couleurs vibrent avec insolence.
Les années 80 sont synonymes d’opulence : Aubanel, Pouillet, Giorda se déploient sur grand format. Kacem Noua livre une acrylique hypnotique. Les toiles débordent d’imagination et de vitalité. Tout semble possible.
Au terme de ce voyage dans le temps qui ravive la mémoire des grands et aiguise l’appétit des plus jeunes, on se prend à rêver d’un deuxième volet, pour approfondir notre connaissance et notre amour des artistes lyonnais.
Blandine Dauvilaire