Avec sa dernière exposition « Hugo Pratt, lignes d’horizons », le musée des Confluences nous convie à un voyage fantasmagorique dans l’oeuvre du célèbre père de Corto Maltese, nourrie d’expéditions lointaines matinées de fantaisie.
Avant même l’ouverture du musée des Confluences, sa directrice en rêvait : exposer l’oeuvre d’Hugo Pratt dont les bandes dessinées ont accompagné l’enfance et dont les planches décorent aujourd’hui son bureau. Le 7 avril dernier, ce rêve est devenu réalité avec une exposition qui confronte les dessins et aquarelles de l’auteur avec des pièces issues des collections du musée et d’autres empruntées à des collectionneurs ou à des structures telles que le musée du quai Branly (Paris).
Des voiles de bateau invitent le visiteur à entrer dans l’univers d’Hugo Pratt comme on prend le large, dans une scénographie dont le caractère immersif est la marque de fabrique du musée. Sans imposer de parcours, l’exposition repose sur trois espaces géographiques qui jalonnent le travail de l’auteur voyageur : l’Océanie, l’Amérique, l’Afrique. Le dessin est omniprésent et parfois gigantesque, pouvant atteindre sept mètres de haut. Et les vitrines qui abritent les objets qui auraient pu inspirer Pratt (un masque papou, un scaphandre, un canot canadien…) sont cernées de noir comme des cases de BD. Si les voyages ont nourri l’imaginaire d’Hugo Pratt, le cinéma en fut aussi un solide carburant : son héros Corto Maltese est clairement inspiré de l’acteur Burt Lancaster, et ses planches sont construites comme des storyboards, à coup de gros plans, contre-plongées, travellings…
Un régal pour les fans… et tous les autres
Peu bavarde, l’exposition peut laisser sur sa faim celui qui n’a jamais entendu parler d’Hugo Pratt. On lui conseille alors de regarder le documentaire projeté dans la dernière salle. Pour tous les autres, c’est un régal. Les adultes retrouveront avec plaisir les aventures du cultissime marin Corto, superbe, libre et malin, et les enfants devraient être happés par la force de l’imagerie prattienne. Deux animations leur en mettent plein la vue : une immense table d’orientation interactive qui leur fait découvrir la géographie réelle ou rêvée de Pratt et la salle en « lanterne magique » où ses dessins prennent vie. C’est magnifique.
C.B