« Tu écris comme un cochon ! » Une expression blessante qui cause souvent un grand mal-être chez l’enfant pendant sa scolarité. Mais les difficultés graphiques ne sont pas une fatalité, comme nous l’expliquent ces professionnels qui aident les enfants à reprendre leur stylo en main.
L’apprentissage de l’écriture commence en maternelle et se termine en CE1. « Dès la petite section, l’enfant fait des exercices graphiques qui guident son geste moteur. Il trace des lignes, dessine des formes géométriques, qui faciliteront par la suite le tracé des lettres, explique René-Pierre Rabaux, ancien instituteur et aujourd’hui inspecteur de l’Éducation nationale. Puis il apprend l’écriture bâton de l’alphabet et des chiffres, ainsi que l’écriture en cursive de son prénom. En fin de CE1, on considère que l’écriture est acquise à 100%. » Ce faisant, l’enfant sollicite l’épaule, le coude, le poignet et les doigts. Sans oublier le regard qui pilote l’ensemble, dans l’espace contraint d’une feuille.
Des signes annonciateurs
Les causes d’une écriture difficile à lire sont multiples : mauvais apprentissage, précipitation, précocité, dyspraxie, trouble de l’attention… Pour Marie Costa, enseignante et coach parental à Lyon, « l’écriture doit avoir une jolie calligraphie en primaire, mais il n’y a pas lieu de s’alarmer avant le CE2 ». Le mieux est de demander l’avis de l’enseignant, qui a une vision globale des aptitudes à cet âge-là. Cela dit, selon Élise Harwal, graphologue à Oullins, certains signes sont révélateurs : « Si l’enfant a mal à la main, à la nuque ou aux yeux quand il écrit, si les lettres sont mal enchainées, les mots trop collés, s’il dessine seulement au crayon à papier, s’il peine à découper… »
Stimuler et adapter
Mais comme l’affirme Marie Costa, « ce qui a été mal appris peut être réappris correctement ». À la maison, sans réfléchir et « surtout sans faire de lignes d’écriture », en stimulant la tonicité des doigts par le jeu « avec des Kapla, des origamis, des gommettes, de la pâte à modeler, mais aussi en saisissant des objets avec une pince à linge ». Pour Élise Harwal, on peut aussi adapter le matériel et la posture. « L’avant-bras doit être parallèle à la feuille pour que l’enfant voit où va la mine de son crayon. Celui-ci doit être tenu en pince, avec le pouce et l’index qui le font bouger, le majeur ne servant qu’à le reposer. » Elle préconise aussi les stylos ergonomiques ou dotés d’un grip qui aident à placer ses doigts et les cahiers à ligne principale rose ou à lignage américain (ligne seule) si on a du mal à se repérer. Enfin, une rééducation est possible. « Plus on commence tôt, plus elle est rapide, note Élise Harwal. Je fais travailler la motricité fine de l’enfant, de manière ludique, pour l’amener au plaisir d’écrire. » Et d’être lu.
Véronique Lopes