Présenté au Festival de Cannes puis nommé aux Oscars en 2016, La tortue rouge de Michael Dudok de Wit fait partie de ces œuvres à la puissance évocatrice rare et universelle. Un bijou de cinéma d’animation, sans parole et aux images sublimes, à conseiller dès 8 ans.
Sacrifiant les mots pour se recentrer sur ses atouts visuels et sensoriels, le long-métrage imaginé par Michael Dudok de Wit, avec la complicité du Japonais Isao Takahata (Le tombeau des lucioles), suit un homme naufragé sur une île tropicale. Seul, il doit survivre à la manière d’un Robinson Crusoé. Il va d’ailleurs trouver des fruits, de l’eau et du bambou, avant de se lancer dans la construction d’un radeau pour s’échapper. Mais ce projet est systématiquement déjoué par une bête invisible qui détruit son embarcation.
Après plusieurs essais, il finit par découvrir que son mystérieux ennemi est une tortue rouge géante. Dans un éclat de rage, il la frappe avec un bâton de bambou et la pousse sur le dos. Terrassé par la culpabilité, il réalise que la tortue est morte. Mais la nuit suivante, la carapace de celle-ci se fissure et, comme par magie, se transforme en une femme magnifique. Désormais, l’homme n’a plus du tout envie de quitter l’île.
Une sublime fable humaniste et écologique
Centré sur la relation symbiotique entre ces deux êtres, La tortue rouge reflète merveilleusement notre propre lien à l’existence et à la nature. Aussi, le film raconte avec poésie ce que le destin peut avoir d’inéluctable et combien les instants de bonheur s’avèrent précieux mais éphémères. Il fait de son économie de dialogues et de personnages une force pour donner à voir une fable humaniste et écologiste, saisissante de beauté. Avec ses touches facétieuses et ses envolées oniriques, son trait léger et aérien, son animation simple et suggestive, La tortue rouge émeut en touchant du doigt ce que la vie a de plus magique.
Le film n’a pas été imaginé pour les enfants, mais c’est un bijou de cinéma d’animation que les spectateur.ice.s de 8 ans et plus sauront apprécier, malgré son rythme assez lent. On le déconseillera aux plus jeunes en raison de quelques scènes un peu angoissantes, mais définitivement fascinantes.
La tortue rouge, de Michael Dudok de Wit. Durée: 1h20.
Par Thomas Périllon