Habituée du théâtre de la Croix-Rousse, la compagnie La Cordonnerie s’y installe la première semaine de novembre, avec trois spectacles qui mêlent cinéma, théâtre, bruitage et musique live. Rencontre avec ses fondateurs, Samuel Hercule et Métilde Weyergans.
Comment avez-vous choisi les spectacles de votre rétrospective à la Croix-Rousse : Hansel et Gretel, (Super) Hamlet et Blanche-Neige ou la chute du mur de Berlin ?
C’est venu des 30 ans de la chute du mur de Berlin. On trouvait super de jouer Blanche-Neige ce jour-là, le 9 novembre, en créant un événement fort autour de ça, avec l’hommage du Quatuor Debussy à Rostropovitch. On voulait aussi que la rétrospective suive un ordre chronologique pour montrer l’évolution de notre travail qui est de plus en plus théâtralisé.
Au départ de chaque pièce, il y a un conte ou une histoire très connue, auxquels vous donnez une relecture décalée, en écho à l’actualité.
Oui, on voit ce que ces histoires ont à nous raconter aujourd’hui. Dans Hansel et Gretel, ce ne sont plus ses enfants qu’on abandonne, mais ses vieux parents. En inversant ce rapport parents /enfants, tout en restant dans la ligne directrice de l’histoire, la problématique de la pièce devient totalement contemporaine : la question de savoir ce que l’on fait de ses parents âgés parle à tous. Pour (Super) Hamlet, on est parti des adaptations des pièces de Shakespeare par les auteurs jeunesse Charles et Mary Lamb pour travailler sur le thème du super-héros, ce jeune homme qui se sent trahi et dont les parents ont été assassinés.
Vos spectacles combinent le cinéma, le théâtre, le bruitage et la musique jouée en direct. Comment les construisez-vous ?
On commence par écrire un document hybride qui intègre les informations nécessaires au tournage du film, mais aussi les idées qui nous viennent en cours de route sur ce qui se passera ensuite sur scène. Puis on tourne le film avec une équipe de professionnels du cinéma. Une fois le film monté, mais pas fini, on commence à répéter, en regardant comment les choses peuvent dialoguer entre la scène et l’écran. Enfin, on finalise en créant les bruitages et la musique.
Vos pièces sont accessibles dès 6–8 ans, mais vous dites ne pas expressément jouer pour les enfants. Pourquoi ?
On pense que pour faire un bon spectacle pour enfants, il faut le faire pour les adultes. On n’est plus des enfants, alors si l’on cherche à créer seulement pour eux, notre travail sonnera faux, comme quand on prend une petite voix pour raconter une histoire à un enfant : on n’y croit pas. Hormis la violence et la sexualité, on peut leur parler de tout. Même la tristesse ne
les dérange pas, du moment que l’histoire ne se termine pas
trop mal.
Rétrospective La Cordonnerie, du mardi 5 au samedi 9 novembre 2019. Théâtre de la Croix-Rousse, place Joannès-Ambre, Lyon 4e. Tél. 04 72 07 49 50. croix-rousse.com
- Hansel et Gretel (dès 6 ans), le 5 novembre à 19h30. Durée : 1h.
- (Super) Hamlet (dès 8 ans), le 6 novembre à 19h30. Durée : 1h.
- Blanche-Neige ou la chute du mur de Berlin (dès 8 ans), le 8 novembre à 19h30 et le 9 novembre à 14h30. Durée : 1h15. Tarifs : de 5 à 27€. Concert du Quatuor Debussy à 17h.
Par Clarisse Bioud