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Apprendre, ça s’ap­prend !

Publié le 06/11/2019

Chiffres, mots, dates, concepts… Dès l’école mater­nelle, on demande aux enfants de mémo­ri­ser de nombreuses infor­ma­tions. Or, si on leur dit d’ap­prendre, on leur explique rare­ment comment s’y prendre. Résul­tat : le travail à la maison est souvent source de conflits. Comment éviter que les devoirs virent au cauche­mar ? Comment les accom­pa­gner dans leurs appren­tis­sages ?
Des experts nous livrent leurs précieux conseils.

Mettre en place un rituel

Offi­ciel­le­ment, les devoirs écrits à la maison sont inter­dits par la loi depuis 1956. La raison ? Les légis­la­teurs ont estimé que certains élèves étaient livrés à eux-mêmes, leurs parents n’ayant pas la capa­cité ou la volonté de les aider. Or, ils devraient tous être logés à la même enseigne. Pour­tant dès l’école primaire, tous rentrent chaque soir, ou presque, avec des exer­cices, des mots-outils à rete­nir, des poésies à revoir…

Pour bien mémo­ri­ser les notions décou­vertes en classe, les ensei­gnants proposent en effet d’y reve­nir tranquille­ment chez soi, le soir ou le week-end. Les collé­giens et lycéens sont censés être assez auto­nomes pour avoir des devoirs, mais en France, on estime que cette auto­no­mie s’ap­prend dès l’école élémen­taire. Résul­tat : les devoirs, on y a droit du CP à la termi­nale. Un passage obligé qui peut se trans­for­mer en calvaire pour toute la famille. Bonne nouvelle, il existe des tas d’as­tuces pour en faire un chouette moment de compli­cité ! Si si.

Comment ? En adop­tant déjà une atti­tude posi­tive face à ce qui pour­rait vite passer pour une corvée. Le maître-mot est « bien­veillance ». Envers les ensei­gnants d’abord, qui ne donnent pas des devoirs pour punir, mais pour aider à progres­ser. Si on parle d’eux en posi­tif au lieu de les blâmer, il y a des chances que l’en­fant suive. Bien­veillance envers l’en­fant égale­ment, pour qu’il ne travaille pas sous pres­sion, car qui dit cocotte-minute dit explo­sion immi­nente.

Concrè­te­ment, avant de deman­der « tu as quoi comme devoirs à faire ce soir ? », on lui parle de sa jour­née, de son moment préféré ou de ce qu’il a mangé à la cantine. Puis on propose un sas de décom­pres­sion, sans télé­vi­sion, car retrou­ver sa concen­tra­tion après est ardu : « Cela prend bien deux heures », estime Marie Costa, coach paren­tale et scolaire. Mieux vaut un moment défou­loir dans la chambre ou en exté­rieur, dans un parc ou dans le jardin. « La plupart des enfants ont besoin de ce sas, mais certains préfé­re­ront enchaî­ner, tandis que d’autres attendent le coucher… », note la coach. Le moment idéal est celui où l’en­fant est le plus dispo­nible.

Une fois qu’on a iden­ti­fié le moment oppor­tun, les devoirs doivent deve­nir un rituel, car cela rassure l’en­fant. Après avoir bu un grand verre d’eau (il faut bien hydra­ter ce cerveau consti­tué prin­ci­pa­le­ment d’eau !), suivi d’une petite colla­tion, car si on a faim on apprend moins bien, il s’ins­talle dans un lieu calme. « Même si certains sont capables de travailler par terre au milieu du salon, la télé allu­mée, parce qu’ils y sont habi­tués, mieux vaut un espace dédié, indique Audrey Sibora, ensei­gnante de CM2. Dès le CP, c’est bien que l’en­fant ait son propre bureau, rangé, sans rien pour le distraire dessus. » Il peut aussi travailler dans une pièce de vie, tant qu’elle est calme, l’es­sen­tiel étant de trou­ver l’en­droit dans lequel il se sent bien et qui restera toujours le même.

Si le lieu est impor­tant, le temps consa­cré l’est tout autant. Selon Sir Ken Robin­son, expert en éduca­tion mondia­le­ment reconnu, il faut un temps bien déli­mité et une routine qui laisse suffi­sam­ment de place au jeu, au temps en famil­le… 15 minutes en CP et CE1, puis 30 minutes par jour, à la même heure. Jusqu’à 12 ans, après 30 minutes, on perd la concen­tra­tion et si on insiste pour termi­ner les devoirs, l’en­fant finit par se braquer. Après 12 ans, il prolon­gera progres­si­ve­ment ce temps de travail. « S’il n’a pas terminé à l’is­sue du temps dédié, on lui donne une autre chance, en le réveillant plus tôt le lende­main par exemple. La fois suivante, il aura envie de termi­ner dans les temps ! », assure Marie Costa, qui conseille d’ache­ter un « timer » dès le CP, pour que l’en­fant visua­lise le temps écoulé et le temps restant.

Les parents, eux, sont là pour l’ac­com­pa­gner, pas pour « faire à sa place » et en finir au plus vite ! « Les premières années, on est à côté de lui pour apprendre les mots-outils, révi­ser les poésies… À partir du CE2, on reste dans les parages, mais c’est lui qui travaille », recom­mande Audrey Sibora. « Il faut toujours souli­gner le posi­tif, même si en 10 minutes il n’a fait qu’ou­vrir son cahier et qu’au fond de vous, vous enra­gez, féli­ci­tez-le au lieu de le gron­der », suggère Marie Costa.

Mieux travailler, c’est pas sorcier !

Une fois installé au bureau avec tout le maté­riel (cahier de textes, crayons, brouillons…) à portée de main, on choi­sit ensemble l’ordre des devoirs. On peut commen­cer par la matière qu’il aime le moins, ou au contraire par ce qu’il préfère. Du plus simple au plus diffi­cile, ou l’in­verse. « À partir du CE2, on lui laisse choi­sir l’ordre, pour qu’il gagne en auto­no­mie », conseille Marie Costa.

Lui deman­der de lire les consignes à voix haute, et de les refor­mu­ler, est une bonne façon de s’as­su­rer qu’il a compris. On véri­fie avec lui si le travail est juste et on l’aide à corri­ger si besoin. On peut aussi lui deman­der ce qu’il a retenu de la leçon. Commu­niquer est la clef ! Et le meilleur moyen d’évi­ter les conflits. Quelques astuces simples permettent, à tout âge, de mieux travailler. Comme utili­ser des couleurs, écrire des mots à rete­nir sur des feuilles blanches que l’on punaise au mur le temps néces­saire. Encore une fois, il faut s’adap­ter à l’en­fant. « Il existe diffé­rentes formes d’in­tel­li­gence (logique, musi­cale, spatiale, verba­le…) et on doit s’ap­puyer dessus pour le faire travailler », recom­mande Marie Costa.

S’il est visuel, on le laisse regar­der le cahier, puis on le ferme, il écrit et véri­fie si c’est juste. À partir du collège, on utili­sera les « cartes mentales » qui permettent d’as­so­cier des idées. Par exemple pour rete­nir une leçon d’his­toire sur Louis XIV, on place le Roi-Soleil au centre de la feuille et de là partent plusieurs branches avec un thème à chaque bout (société, écono­mie, arts…) et des idées clefs pour chacune.

« L’élève apprend en réali­sant la carte et chaque fois qu’il la regarde ensuite, il mémo­rise », explique Audrey Sibora. Pour les « intel­li­gences musi­cales », on parle à haute voix, on épelle, on répète, on chan­te… Quant aux élèves dotés d’une intel­li­gence à domi­nante « kines­thé­sique » ou corpo­relle, ils appren­dront mieux en marchant ou même en sautant sur un tram­po­line. « Ce qui est impor­tant, c’est la répé­ti­tion, souligne Audrey Sibora. Si on fait les devoirs le vendredi soir, on revient dessus en allant faire les courses le samedi, en se bala­dant le dimanche, le lundi matin sur le trajet de l’éco­le… On retient en moyenne au bout de sept fois. Si les devoirs sont donnés à l’avance, mieux vaut donc ne pas attendre le dernier moment. » On pourra ainsi reve­nir plusieurs fois sur une leçon, surtout si elle donne du fil à retordre à l’en­fant, sans dépas­ser les 30 minutes prévues.

Mais comment s’y prendre pour moti­ver les troupes ? Au lieu d’in­ter­ro­ger l’en­fant, on le fait révi­ser sous forme de jeux, on le chal­lenge. Par exemple, on lui demande d’épe­ler un mot le plus vite possible avec un chro­no­mètre, on écrit une phrase à trous, on fait des quiz… Le web four­mille d’idées et les ouvrages para­sco­laires des éditions Retz, entre autres, proposent de résoudre des énigmes à l’aide des maths (Qui a peur des mathé­ma­tiques ?) ou encore de révi­ser plusieurs matières en suivant les histoires des P’tites poules de Chris­tian Joli­bois et Chris­tian Hein­rich.

Chris­tophe Lyèvre, ensei­gnant de CM1, donne d’ailleurs ses exer­cices dans un « cahier du soir », et non de « devoirs », sous forme de jeux, de mots fléchés pour apprendre les conju­gai­sons, d’ex­traits de pièces de théâtre à répé­ter… « Plus c’est ludique, mieux c’est », affirme-t-il. On peut même révi­ser ses tables de multi­pli­ca­tion en chan­sons, avec le CD d’Hervé Chris­tiani [l’in­ter­prète du tube Il est libre Max, NDLR], qui propose une musique diffé­rente pour chaque table (coun­try, tango…) Dans chaque matière, il existe un moyen de rendre l’ap­pren­tis­sage amusant. Et l’on sait à quel point les émotions posi­tives aident à mémo­ri­ser les choses.

Créer des ponts entre l’école et le monde

Pour Sir Robin­son, certains parents mettent énor­mé­ment de pres­sion et de stress sur leurs enfants. Or, si la maison devient une exten­sion de la pres­sion mise à l’école, cela devient très diffi­cile à vivre pour les enfants. Pour être une partie de la solu­tion, et non une partie du problème, il recom­mande aux parents de garder à l’es­prit que leur enfant est unique et de faire appel au jeu. Les enfants ont besoin de temps à la maison, pour jouer et être des enfants. Le jeu stimule leur enthou­siasme et donc leur envie d’ap­prendre.

Toute action peut four­nir l’oc­ca­sion d’ap­prendre ou de révi­ser ses connais­sances. Faire des addi­tions au moment de payer les courses par exemple ou obser­ver la nature lors d’une balade en forêt. Faire un simple gâteau au choco­lat avec mamie est une occa­sion en or de travailler les maths ! Le mouve­ment et la mani­pu­la­tion permettent d’ailleurs une meilleure mémo­ri­sa­tion. À l’école aussi, on s’ap­puie sur des jeux de rôle ou l’uti­li­sa­tion d’objets réels pour favo­ri­ser la concen­tra­tion. Le jeu est un bon moyen de créer des émotions agréables et on sait que les émotions posi­tives augmentent le poten­tiel des élèves.

Apprendre à se faire aider

Parfois, il faut bien l’avouer, on est dans l’im­passe et aucun des conseils précé­dem­ment cités n’aura l’ef­fet escompté. « S’ils n’ont pas le temps, ou l’éner­gie, d’ai­der leurs enfants le soir, je conseille aux parents de les lais­ser à l’étude pour qu’ils puissent faire leurs devoirs avec des adultes à proxi­mité pour répondre à leurs ques­tions », indique Audrey Sibora, profes­seure des écoles. Si les adultes près de lui sont fati­gués ou impa­tients, l’en­fant risque fort de se braquer.

C’est en géné­ral un insti­tu­teur ou un anima­teur qui dirige l’étude et aide vos enfants à faire leurs devoirs. Ainsi, quand vous rentrez à la maison, pas besoin de lui faire réci­ter sa poésie pour la dixième fois ! Après la sortie des classes, les enfants ont un petit moment pour se défou­ler dans la cour et manger leur goûter (que vous devez four­nir). Ensuite, ils rentrent tous dans la salle et le maître ou la maîtresse les aide à révi­ser leurs leçons, à faire leurs exer­cices ou à comprendre un point diffi­cile. Il ne faut pas hési­ter à faire appel aux forces en présence, à solli­ci­ter un membre de la famille qui a une spécia­lité. Le cousin boss des maths, la tatie douée en français, le papi qui connaît la nature comme sa poche… Il y a toujours un proche dont on peut exploi­ter le talent.

On peut aussi suivre des méthodes en ligne comme celle de Kap Réus­sir, claire et effi­cace, ou faire appel à des profes­sion­nels de type coachs scolaires, étudiants qui donnent des cours de soutien… Lorsqu’on montre à l’en­fant qu’il n’y a aucune honte à deman­der de l’aide, que ce n’est pas une marque de faiblesse, cela l’in­cite à le faire de son côté. « S’il bloque sur un exer­cice, je préfère qu’ils viennent m’en parler, explique Chris­tophe Lyèvre. Ce n’est pas le rôle des parents d’en­sei­gner des opéra­tions tech­niques comme les divi­sions. » Pour sortir de l’or­nière, il faut d’abord sortir du tête-à-tête, parfois infer­nal, des devoirs, mobi­li­ser toutes les forces autour de soi et faire prendre conscience aux enfants que toute situa­tion est une occa­sion d’ap­prendre ou de révi­ser. Une vraie leçon de vie. 

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Des tests pour faire le point

Chez Mental’O, les conseillers d’orien­ta­tion scolaire et profes­sion­nelle font réali­ser des tests qui permettent d’iden­ti­fier les domi­nantes dans l’in­tel­li­gence de son enfant. Même si chaque intel­li­gence peut se travailler au fil du temps. Ils viennent contre­dire ou vali­der ce qu’on pensait et ce que les ensei­gnants disaient : cela peut être un bon outil pour réta­blir le dialogue avec son enfant et lui (re)donner confiance en lui. « J’ai pu rassu­rer un lycéen qui se rêvait ingé­nieur mais n’avait pas de bons résul­tats en sciences grâce aux résul­tats du test qui montraient une forte intel­li­gence logico-mathé­ma­tique. Ces résul­tats l’ont boosté et il a réussi tous ses concours par la suite », raconte Cécile Moreau, conseillère chez Mental’O Lyon.

mental-o.fr

Donner envie de lire

Si elle fait partie des exer­cices deman­dés en continu par les ensei­gnants, la lecture devrait être un plai­sir, non un devoir. Pour­tant les jeunes lisent moins qu’a­vant. Au lieu de blâmer les nouvelles tech­no­lo­gies, pourquoi ne pas s’ap­puyer sur elles ? C’est ce que propose la nouvelle appli­ca­tion Lulu & Kroy, prénoms des deux petits person­nages. Cette version 2.0 des « livres dont vous êtes le héros », qui faisaient fureur dans les années 1980, s’adresse aux 8–12 ans avec pour objec­tif de favo­ri­ser le goût et l’ap­pren­tis­sage de la lecture. On peut inven­ter une infi­nité de scéna­rios, person­na­li­ser l’his­toire et explo­rer diffé­rents niveaux de diffi­culté de lecture. Et soudain le jeu vidéo vint en aide aux parents…

luluet­kroy.fr

Par Gaëlle Guitard • Illus­tra­tions : Tiphaine de Coin­tet

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