Chaque semaine que durera ce confinement, Grains de Sel part à la rencontre d’une famille vivant à Lyon ou ses environs. Elle nous partage son expérience de cette période, les coups de mou comme les beaux moments, mais aussi ses idées pour tenir le coup et ce qu’elle espère pour la suite. Camille et les siens inaugurent ce drôle de rendez-vous… sur Whatsapp.
Depuis le début du confinement, Camille se félicite chaque jour d’avoir quitté la Croix-Rousse en décembre dernier pour emménager dans une maison avec jardin à Rochetaillée-sur-Saône. “Je ne donne pas cher de l’état dans lequel on serait si on était resté dans notre 70m2!” confie-t-elle d’emblée. Car la situation actuelle est difficile à vivre pour l’ensemble de la famille.
À commencer par la gestion des devoirs des deux garçons: Ulysse, 11 ans (en 6e au collège Clément Marot) et Marius, 8 ans (en CE2 à l’école du Commandant Arnaud, Lyon 4e). “La première semaine, on s’est senti en vacances alors on n’a pas fait grand chose, mais là je viens de réaliser qu’on avait accumulé beaucoup de retard” déplore Camille. Les choses sont néanmoins plus faciles avec le plus jeune, tout content de passer ses journées avec ses parents, et qui prend même beaucoup de plaisir à faire ses devoirs avec sa maman. “Outre les trois mails de devoirs envoyés chaque jour par la maîtresse, le problème c’est vraiment l’autonomie!” affirme-t-elle.
Un problème qui touche aussi son fils aîné qui, lui, rechigne sérieusement à se mettre à son bureau pour travailler. “Il refuse que nous lui fassions cours à la place de ses profs, et ses copains lui manquent beaucoup” révèle Camille, un peu dépassée par l’attitude de son fiston même si elle sait qu’elle témoigne d’une certaine forme d’angoisse: “Ulysse est phobique de la maladie, alors là il est servi… Et puis, entre notre déménagement à Rochetaillée qui ne lui a pas plu et cet enfermement, ça fait vraiment beaucoup pour lui.” D’ailleurs, une amie psy de Camille lui a conseillé de “lâcher sur les devoirs, car le plus important en ce moment est la santé psychique des enfants.”
Une maman pilier
Pour Camille aussi, ça fait beaucoup. Créatrice et chineuse professionnelle, la jeune femme a ouvert il y a trois ans, à la Croix-Rousse, un formidable cabinet de curiosités baptisé Cam Le Mac. “De fait, j’ai dû fermer la boutique, mais j’essaie d’actualiser mon site internet le soir: j’offre les frais de port pendant le confinement et j’enverrai toutes mes commandes quand il sera terminé.”
Si elle espérait au début profiter du confinement pour créer dans la journée et “faire tout ce qu’on n’a pas le temps de faire en temps normal”, elle n’y parvient pas encore. Car son mari Denis continue, lui, de travailler. Acheteur informatique chez Sanofi, il est sur le pont de 8h30 à 17h, chez lui, pour assurer le suivi de son job. “Mais il prend le relais sur les devoirs d’Ulysse et propose régulièrement aux garçons de faire des passes de foot et des parties de badminton dans le jardin”.
Heureusement qu’il existe ce jardin, car la petite famille joue le jeu du confinement de la manière la plus stricte: “Je suis la seule à sortir, avec masque et gants, tous les quatre jours, pour acheter à manger. Tout cela est vraiment anxiogène, admet Camille. Pourvu que cette situation dure le moins longtemps possible!” Malgré ces tensions et ces découragements, de chouettes petits moments persistent au quotidien pour Camille et les siens: “quand on est tous les quatre dans le jardin, au soleil, et qu’on oublie tout.”
Par Clarisse Bioud