Tout le temps que durera ce confinement, Grains de Sel part à la rencontre d’une famille vivant à Lyon ou ses environs. Elle nous partage son expérience de cette période, les coups de mou comme les beaux moments, mais aussi ses idées pour tenir le coup et ce qu’elle espère pour la suite. Cette fois-ci, ce sont Mathilde, Benoît et leurs trois filles qui nous décrivent leur quotidien.
Mathilde et Benoît sont médecins tous les deux. Elle est gynécologue exerçant en cabinet, il est chirurgien en clinique. Leurs filles, Constance, Éléonore et Apolline, âgées de 9, 5 et 3 ans, ont donc fait partie des enfants qui ont continué d’aller à l’école dès les premiers jours du confinement. Et même dans leur école habituelle: “J’avais pris les devants auprès de la directrice et elle s’est pliée en quatre pour accueillir mes filles, ainsi que les enfants de trois autres familles dont les parents étaient également des soignants”, souligne Mathilde.
Ce sont au total sept enfants qui se sont retrouvés au coeur de cet établissement privé du 2e arrondissement, qui accueille normalement plus de 400 élèves de la Petite Section de Maternelle au CM2. “Nous avons demandé à la directrice de ne pas trop faire travailler les enfants et de privilégier les activités dehors. Ils travaillent donc une heure et demi le matin et le reste du temps, font des jeux, du jardinage ou du vélo dans la cour”, indique Mathilde. Tout au long de la journée, les petits écoliers sont encadrés par la directrice et deux enseignantes (ou une aide maternelle), qui ne sont pas les mêmes d’un jour à l’autre puisque leur présence à l’école est basée sur le volontariat. “Les enfants sont vraiment chouchoutés!” insiste Mathilde. À l’heure du déjeuner, tout le monde reste dans la cour pour manger son pique-nique préparé à la maison.
La chance d’aller à l’école
Envoyer leurs filles à l’école n’a pas été tout de suite une évidence pour Mathilde et Benoît qui se sont aussi posé la question de les conduire chez leurs grands-parents. “Mais cette solution nous a paru très vite inadaptée”, note la jeune femme, qui avec son mari, a dès lors considéré le fait d’aller à l’école comme “une réelle chance”. Et c’est ainsi qu’ils l’ont présenté à leurs filles: “Elles allaient sortir bien plus que leurs copains et elles avaient très peu de risques d’attraper le virus car les enfants seraient vraiment peu nombreux et le plus souvent dehors”. En plus de ce discours rassurant et encourageant, Constance (en CE2) et Éléonore (en Grande Section) ont eu la joie de retrouver chacune une très bonne amie à l’école. “C’est drôle de voir l’école comme ça, et de l’avoir rien que pour nous, affirme Constance. On joue beaucoup et ma petite soeur, Apolline, a même planté un bananier!” En Petite Section, la benjamine de la fratrie a en effet suivi le mouvement sans sourciller. “Cela aurait été sans doute plus difficile en l’absence de ses soeurs”, reconnaît Mathilde.
Constance, Éléonore et Apolline ne vont que deux ou trois jours par semaine à l’école. Le reste du temps, elles sont confinées à la maison avec leur maman. “On en profite pour faire le reste des devoirs, puisque finalement elles travaillent peu à l’école!” sourit celle-ci.
Un temps de travail aménagé
Pour garder ses filles, Mathilde a aménagé son temps de travail car elle a considérablement réduit son activité au cabinet. Associée à quatre autres gynécologues, elle a dû concentrer ses consultations sur les urgences et suivis de grossesse, afin de limiter le nombre de patientes dans la salle d’attente et ainsi réduire les risques de propagation du virus. Mathilde fait aussi un peu de téléconsultations pour éviter de passer à côté d’une pathologie et rassurer ses patientes enceintes, “particulièrement angoissées en cette période”. Son mari Benoît a, lui, continué de travailler tous les jours mais pas de la manière habituelle: “Il n’opère que les urgences, toutes les opérations programmées ont été décalées, mais il s’est aussi porté volontaire un jour par semaine aux urgences pour aider au dépistage du Covid-19”, explique Mathilde.
Si leurs filles sont contentes de cette alternance entre l’école et le confinement à la maison, le couple de parents a eu du mal à gérer le début de cette période: “J’ai trouvé les deux premières semaines très difficiles en termes d’organisation et, pour mon mari et moi, il nous était impossible de nous détendre”, confie Mathilde. La situation s’est améliorée au fil du temps: Mathilde et Benoît prennent plaisir à être plus disponibles pour leurs enfants, à profiter de ces moments passés en famille. Mais pour les médecins qu’ils sont tous les deux, il apparaît à présent essentiel d’exercer leur métier à nouveau à 100%: “Il faut que la médecine reprenne car, derrière le Covid-19, il y a d’autres patients,” avertit Mathilde.
Par Clarisse Bioud