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Se souve­nir des belles choses

Publié le 22/06/2020

En pause forcée pendant plus de deux mois, des struc­tures et des artistes lyon­nais ont su profi­ter de cette période complexe pour inven­ter de nouveaux projets en lien avec leurs acti­vi­tés habi­tuelles. Nées de l’en­fer­me­ment, ces initia­tives sont réso­lu­ment tour­nées vers les autres et vers l’ave­nir.

De drôles de leçons de danse

Depuis trois ans déjà, le choré­graphe lyon­nais Denis Plas­sard, créa­teur de projets artis­tiques parti­ci­pa­tifs et ludiques, avait en tête l’idée de propo­ser des choré­gra­phies radio­gui­dées au son de sa voix, que les gens pour­raient réali­ser chez eux avec des amis.

Alors, quand le confi­ne­ment a commencé, il a immé­dia­te­ment mis son projet à exécu­tion sur le site de sa compa­gnie : « Bien sûr, il n’était plus ques­tion d’in­vi­ter des amis, mais je visais un public fami­lial en misant sur le côté ludique, tout en tenant compte des contraintes du confi­ne­ment. » Danse autour d’une table, dans son lit, en solo, en duo, en famille, en langue des signes, en visio même pour danser à distance avec ses amis… On lance le fichier mp3 et on se laisse guider par la voix de Denis Plas­sard qui, comme dans un cours de danse, encou­rage et corrige ses troupes.

Une famille se prête au jeu des choré­gra­phies de Denis Plas­sard © DR

« Les premiers radio­gui­dages de 10 minutes ressemblent à de l’im­pro, mais le dernier en date, qui en fait 24, permet d’in­ven­ter une danse mémo­ri­sée qu’on peut refaire chez soi. » À ce jour, il a ainsi imaginé onze choré­gra­phies : « Ce n’était pas du tout un projet de circons­tance, mais c’est vrai que j’ai profité d’avoir du temps pour le faire abou­tir et ça m’a passionné. » Pas près de s’ar­rê­ter, Denis Plas­sard pense déjà créer « une version exté­rieure pour que les gens puissent retrou­ver leurs amis pour danser.  » Ainsi va le sens de la fête de ce choré­graphe créa­tif et géné­reux.

Radio­gui­dages en ligne sur compa­gnie-propos.com

La construc­tion d’une œuvre collec­tive

Basées à Lyon, les éditions jeunesse Amaterra ont lancé aux premiers jours du confi­ne­ment le projet Dessine-moi dehors. L’idée : invi­ter les enfants, sans limite d’âge, à dessi­ner ce qu’ils feraient une fois décon­fi­nés, et à envoyer leurs œuvres à la maison d’édi­tion qui en ferait un livre. « En tant qu’é­di­teur jeunesse, que pouvions-nous faire pour les enfants ? Nous avons pensé que voir leur dessin imprimé dans un livre pour­rait avoir pour eux une valeur parti­cu­lière », raconte Romain André, en charge du projet.

La soixan­taine de dessins reçus l’ont surpris par « leur diver­sité, leur qualité graphique, et leur propos extrê­me­ment touchant souvent commenté par un mot des parents. Comme ce petit garçon qui a repré­senté sa grand-mère qui lui manquait, revê­tue d’un habit de cœurs. » Contacté par un collège qui voulait faire parti­ci­per ses élèves de retour en classe, Amaterra a repoussé la date de récep­tion des œuvres : « Ces dessins d’ados crée­ront un dialogue inté­res­sant avec les autres, réali­sés majo­ri­tai­re­ment par des enfants âgés de 3 à 8 ans.  »

Ensuite vien­dra le temps de la sélec­tion des dessins qui compo­se­ront ce livre inédit : « L’objet doit avoir le plus de sens possible et ne surtout pas être un cata­logue. Il devrait être imprimé à plusieurs centaines d’exem­plaires et sera envoyé à chaque enfant dont le dessin a été publié.  » Quant aux autres, ils pour­ront le télé­char­ger gratui­te­ment sur le site des éditions Amaterra, courant juillet.

amaterra.fr

Les cour­riers du cœur 

Créée en février dernier par Lucas Handel­berg, l’as­so­cia­tion Pontem a voca­tion à enre­gis­trer des récits de vie de personnes âgées sous la forme de podcasts pour créer du lien avec les jeunes géné­ra­tions. Face à la situa­tion d’en­fer­me­ment dans laquelle les Ehpad se sont trou­vés lors du confi­ne­ment, elle a monté un projet de corres­pon­dance déma­té­ria­li­sée à desti­na­tion de leurs habi­tants très isolés.

«  Nous avons reçu 150 lettres scan­nées parmi lesquelles des poèmes, des dessins et des mots d’en­fants écrits à la main, que nous avons fait parve­nir par e-mail à six établis­se­ments de Lyon et Villeur­banne, soit envi­ron 600 personnes âgées  », annonce Chloé Larguier, qui porte le projet Corres­pon­dances. Une initia­tive inclu­sive puisque pour toucher aussi les personnes malvoyantes, Pontem a doublé les cour­riers d’une version audio, très descrip­tive.

Selon les établis­se­ments, ils ont été lus ou écou­tés par petits groupes ou indi­vi­duel­le­ment, d’autres encore étaient acces­sibles sur tablette. Tous ont indiqué combien ces lettres « avaient suscité des sourires et apporté un peu de légè­reté  » dans cette période compliquée. Des retours posi­tifs qui motivent Pontem à conti­nuer : « Le confi­ne­ment a mis en lumière l’iso­le­ment des personnes âgées, mais elles le vivaient déjà avant au quoti­dien.  » Nous encou­ra­geant plus que jamais à leur écrire, l’as­so­cia­tion vient de monter une tour­née de facteurs béné­voles qui, en vélo, apportent nos cour­riers aux loca­taires des Ehpad. « Montrons à nos anciens que nous pensons à eux !  »

pontem-asso.com – Envoyez vos cour­riers et dessins à chloe@­pon­tem-asso.com

Des enquêtes pour redé­cou­vrir son chez soi

L’Ate­lier Pop Corn anime auprès du grand public des ateliers péda­go­giques autour de la ques­tion de l’ha­bi­tat pour aider les concep­teurs de loge­ments à inté­grer leurs futurs habi­tants au plus tôt dans leurs projets. Le confi­ne­ment l’a amené à réflé­chir à d’autres outils : « Nous avons profité de ce que les enfants étaient coin­cés à la maison pour propo­ser à dix familles rési­dant dans la métro­pole de parti­ci­per à des ateliers ludiques en visio, pour leur faire regar­der leur loge­ment autre­ment  », explique Stépha­nie Cagni, l’une de ses fonda­trices. Cinq rendez-vous au total auxquels les enfants, de 7 à 15 ans, ont répondu avec enthou­siasme, qu’ils habitent en appar­te­ment ou en maison, à Lyon, Villeur­banne, Sainte-Foy-lès-Lyon ou Meyzieu. « L’ate­lier ronchon­chon » leur a fait poin­ter tout ce qui clochait chez eux, quand « L’ate­lier baguette magique » leur donnait le pouvoir de tout trans­for­mer en mieux, en réali­sant des maquettes avec leurs Lego et des enre­gis­tre­ments sonores.

Une maquette de L’Ate­lier Pop Corn © DR

«  Les parents ont été surpris par la capa­cité de leurs enfants à décrire leur loge­ment, à se repré­sen­ter l’es­pace et passer du plan à la maquette  », constate Stépha­nie elle-même saisie par la perti­nence de leurs témoi­gnages : « Les petits ont pu dire qu’ils n’al­laient pas dans la cuisine car c’était dange­reux. Dans les appar­te­ments modernes, rien n’est fait pour eux, à leur hauteur, alors même qu’on parle de consom­mer autre­ment, de cuisi­ner ensemble, de trans­met­tre… Ces argu­ments nous servi­ront quand on nous inter­ro­gera sur un prochain projet de construc­tion.  »

Avant de décor­tiquer tous les retours des enfants, elle lance pour cet été, un chal­lenge à leurs parents : « Ils doivent se prendre en photo chez eux, lors d’un moment de vie quoti­dienne agréable ou cris­pant, et nous l’en­voyer avec une légende.  » Stépha­nie espère présen­ter la resti­tu­tion de ce travail lors d’une expo­si­tion en septembre : « Ce qu’on aime, c’est rencon­trer les gens et les faire se rencon­trer entre eux.  » 

atelier-popcorn.fr

Par Clarisse Bioud

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