Par Thomas Périllon /
Que vous soyez passé à côté d’un film culte lors de sa sortie en salle ou que vous ayez envie de partager un bon moment de cinéma avec vos enfants, la rubrique Mon ciné-club vous propose de (re)découvrir des films incontournables, faciles à dénicher et à visionner en famille. Ce mois-ci : Kiki la petite sorcière de Hayao Miyazaki, sorti en France en 2004 (en 1989 au Japon).
Dès 4 ans
Kiki, 13 ans, déménage dans une ville balnéaire avec son chat qui parle, Jiji, pour passer un an seule, conformément à la tradition de son village pour les sorcières en formation. Après avoir appris à contrôler son manche à balai, Kiki met en place un service de messagerie volante et devient rapidement un élément incontournable de la communauté. Mais lorsque la jeune sorcière, peu sûre d’elle, commence à se remettre en question et perd ses capacités magiques, elle doit surmonter ses doutes pour récupérer ses pouvoirs.
“Je crois à la force des contes : ils ont un rôle important dans la formation de l’être.” Ces mots d’Hayao Miyazaki pourraient résumer son œuvre entière. De Mon voisin Totoro à Princesse Mononoké en passant par Le voyage de Chihiro, le maître de l’animation japonais – et cofondateur du Studio Ghibli avec Isao Takahata – explore des thèmes forts et évocateurs à portée universelle : l’enfance et le passage à l’âge adulte, la relation de l’Homme avec la nature, l’écologie et la technologie, le machinisme et la guerre… Ses protagonistes principaux sont le plus souvent des jeunes filles (ou femmes) fortes et indépendantes, car le sage réalisateur est convaincu que les sociétés valorisant les femmes réussissent mieux. Logiquement, on retrouve nombre de ces éléments dans Kiki la petite sorcière, adaptation cinématographique d’une série de romans d’Eiko Kadono.
Ma sorcière bien aimée
Récit initiatique suivant une jeune sorcière qui s’emploie à gagner son indépendance, Kiki la petite sorcière envoie valser les clichés de la sorcière austère et effrayante à travers le quotidien d’une jeune fille pétillante, débordante de tendresse et dotée d’une grande force, qui se démène pour trouver sa place dans un monde contemporain parfois hostile. En creux, le film évoque aussi la question de l’intégration dans la société et le droit à la différence et conserve un ton plutôt léger et humoristique, profitant de ses personnages secondaires (Jiji le chat parlant sarcastique, Osono la boulangère protectrice) pour désamorcer les situations critiques et insuffler une touche de tendresse supplémentaire.
Avec ce conte magique, généreux et un brin mélancolique, le cinéaste nippon réussit encore l’exploit de nous subjuguer grâce à la beauté de son animation, offrant quelques séquences aériennes absolument superbes, accompagnées des mélodies enivrantes du grand Joe Hisaishi. Et s’il ne possède ni la gravité de Mononoké, ni le spleen de Porco Rosso, Kiki la petite sorcière n’en demeure pas moins un bijou de film d’animation qui, malicieusement déguisé en film pour jeunes enfants, ne manquera pas de toucher les âmes nostalgiques et émerveillées tout en imprimant un sourire indélébile sur les visages de toute la famille.
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L’info en plus
Passionné de voyages, Hayao Miyazaki s’est autant inspiré de son Japon natal que de paysages étrangers pour bâtir le décor de son histoire. Tandis que la ville de Koriko est un habile mélange de Lisbonne, Paris et San Francisco, les paysages de Kiki, la petite sorcière sont, quant à eux, inspirés de l’Italie.