Une rubrique animée par les avocats intervenant en droit de l’enfant du barreau de Lyon.
La question du rapport de l’enfant à l’argent se pose très tôt : dès que la petite souris pointe son nez, la piécette déposée sous l’oreiller signifie beaucoup. Cependant, il faut que cela reste un geste symbolique.
Les études psychologiques insistent sur le fait que l’argent de poche a peu d’intérêt éducatif s’il n’est pas accompagné d’un discours, pour faire comprendre à l’enfant qu’il peut s’offrir un petit jouet ou se faire plaisir plus tard en mettant de côté son argent. Par ailleurs, si l’enfant perd son argent de poche, mieux vaut ne pas lui redonner ce qu’il a perdu, car cela perdrait tout objectif éducatif. En effet, l’argent de poche n’est pas un dû : tout parent peut arrêter de le verser, comme mode de punition qui devra être expliqué pour être compris.
Une étude AXA Investment Managers publiée en novembre 2018 dans Le Parisien, rapporte que les enfants de 8 à 15 ans reçoivent en moyenne 7,83 euros d’argent de poche par semaine, dans plus de 50 % des foyers français. Des études d’organismes bancaires ont établi que les enfants de 6 à 12 ans recevaient en moyenne 1 à 2 euros par semaine, puis environ 20 euros par semaine à partir de 13 ans.
Pour inciter l’enfant à être responsable de ses deniers, les services bancaires ont mis en œuvre plusieurs outils. À commencer par la carte bancaire accessible dès l’âge de 12 ans avec un contrôle parental direct via des applications sur smartphone et une possibilité de s’opposer à la dépense. Mais aussi le droit d’adhérer à un club d’investissement, sous réserve qu’il comprenne au moins un adulte dûment mandaté par les parents, car seule une personne majeure est autorisée à passer des ordres en bourse. Qui dit carte bancaire dit compte courant. Les parents peuvent
en ouvrir un au nom de leur enfant qui devra attendre ses 12 ans pour y avoir accès. À partir de cet âge-là, le mineur peut demander lui-même, avec l’accord de ses parents, l’ouverture d’un livret jeune. Il peut aussi déposer ou retirer des sommes sur un compte ou un livret, mais avec des limitations fixées contractuellement. Dès l’âge de 16 ans, l’enfant peut ouvrir son propre compte bancaire sous réserve d’avoir l’accord de ses représentants légaux, et réaliser librement les opérations courantes de paiement.
Mais les parents doivent rester vigilants, car ils seront responsables des dettes sur le compte de leur enfant, quel que soit son âge. En outre, si les parents peuvent utiliser l’argent de leur enfant, celui-ci pourra, dès l’âge de 16 ans, leur demander des comptes sur l’usage qu’ils en auront fait.
Par Nathalie Caron : avocate au barreau de Lyon et membre de la commission de droit des mineurs.