On le sait lorsqu’on regarde son enfant dessiner, bricoler ou sculpter quelque chose en pâte à modeler, il y a, à cet âge-là, un lâcher-prise, une totale liberté d’expression, qui ne sont pas pour rien dans son plaisir de créer. Les artistes sont-ils encore ces enfants qui se fichent de savoir ce qui est beau et laid, qui osent explorer toutes les pistes possibles et qui, surtout, ne craignent pas de se tromper ? Ce sont ces interrogations qui nous traversent à la découverte de Gribouillis, ovni scénique proposé par la compagnie La Mâchoire 36 qui a fait du dialogue entre le théâtre et les arts plastiques sa spécialité.
Seul sur scène, un homme nous donne à entendre le brouhaha de sa pensée, un sac de nœuds qu’il va lui falloir démêler, trait pour trait, de fil en aiguille, d’abord tout seul, puis rapidement rejoint par sa complice. Cette naissance de la pensée et sa construction donnent lieu sur scène à un jaillissement d’expressions artistiques : esquisses au crayon et coups de pinceau, projections de peinture, maquillage, tissage, tressage et tricotage d’échantillons de tissus et de laine, rifs de guitare joués en live… Les comédiens s’amusent comme des enfants dans leur chambre, loin du regard de leurs parents, affichant sur le visage et le corps les vestiges de leurs expérimentations plastiques. Ludique, poétique et haut en couleur, ce Gribouillis-là pourrait bien tendre à l’œuvre d’art, ne serait-ce que parce qu’il nous entraîne dans un élan follement créatif, diablement vivant. Meilleur antidote au repli sur soi et à la tristesse ambiante, prenez-le : c’est sans ordonnance !
Gribouillis, mardi 15 février à 19h et mercredi 16 février à 16h.
Théâtre de la Renaissance, 7 rue Orsel, Oullins. Tél. 04 72 39 74 91. theatrelarenaissance.com. Durée : 50 min. Tarifs : de 5 à 10€.