« Toi, tu sais à quoi ça ressemble un camp ? » « Pourquoi avez-vous tous un numéro sur le bras ? » Michel et Charly, deux frères curieux et turbulents, aimeraient en savoir davantage sur le passé de leur père. Dans les années 60, en Belgique, ils profitent d’une enfance heureuse au sein de leur famille juive. Taiseux et discret, leur père ne dévoile rien de son passé éprouvant. En fouillant son bureau, les garçons découvrent des cartes, des photos et des croquis, et l’imaginent alors en grand aventurier ou chercheur de trésors… Mais que cache-t-il vraiment ?
Devoir de mémoire et transmission
Adaptant librement la bande dessinée de Michel Kichka* avec l’aide de sa coscénariste Valérie Zenatti, la réalisatrice Véra Belmont pose la question centrale de la survie dans les camps et de la capacité de continuer à vivre après. Devoir de mémoire et traumatisme sont au cœur de ce récit familial articulé autour de la douleur d’un rescapé qui refuse longtemps de raconter ce qu’il a vécu et porte en lui la culpabilité du survivant comme la honte d’avoir été traité comme un sous-homme. Quand il parvient enfin à libérer sa parole à travers l’art – il est caricaturiste –, son implication prend la forme d’une transmission poignante et cathartique.
L’histoire de la Shoah à hauteur d’enfant
Accessible au jeune public pour toucher toutes les générations, Les Secrets de mon père réussit à lier l’insouciance de l’enfance et l’horreur de cette période historique, ce qui provoque parfois un décalage tragi-comique, mais offre une prise de recul délicate et bienvenue sur les événements. Entre traumatisme de la Shoah et aléas de l’existence, ce joli film raconte la petite histoire d’une famille au cœur de la grande. Il a reçu les prix des jurys collégiens et lycéens de Cannes Écrans juniors, au printemps dernier.
* Deuxième génération, ce que je n’ai pas dit à mon père, publié en 2012 chez Dargaud
Durée : 1h14 • Sortie : 21 septembre 2022
Article rédigé par Thomas Périllon • Photo d’ouverture: ©Je suis bien content 2022