Avec le réchauf­fe­ment clima­tique, les stations de ski font face à un ennei­ge­ment de plus en plus aléa­toire qui ques­tionne la dura­bi­lité d’un modèle écono­mique fondé sur le ski alpin. D’où la néces­sité pour les collec­ti­vi­tés de déve­lop­per un tourisme écores­pon­sable moins dépen­dant de la neige. Autour de Lyon, certaines stations entament leur tran­si­tion vers un modèle quatre saisons, voire anti­cipent la fin du ski. Ce qui n’em­pêche pas d’y trou­ver de chouettes acti­vi­tés pour profi­ter de la monta­gne… même sans neige !

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À la mi-janvier, la neige a fini par tomber dans les montagnes. Mais la douceur de décembre avait déjà soulevé d’amers débats sur l’ave­nir des stations de ski face au réchauf­fe­ment clima­tique. Certaines ont dû fermer leur domaine faute de neige ; d’autres, qui accueillaient des compé­ti­tions de sports d’hi­ver, recou­rir massi­ve­ment à la neige de culture, provoquant l’ire des asso­cia­tions envi­ron­ne­men­tales. « Tout le monde fait semblant de croire qu’il y aura toujours de la neige, se lasse Éric Ferraille, président de France Nature Envi­ron­ne­ment (FNE) Auvergne-Rhône-Alpes. Mais le modèle écono­mique fondé sur le ski, en dessous de 1800 mètres, il lui reste 10 à 30 ans. »

Dans les stations, moins de neige en dessous de 1 700 mètres

Fonda­trice du think tank Rési­lience Montagne basé à Annecy, Valé­rie Paumier abonde : « En 2011, un rapport de la Cour des comptes recom­man­dait déjà aux collec­ti­vi­tés des Alpes du Nord de chan­ger le modèle tout ski face au réchauf­fe­ment clima­tique ». Sept ans après, un second rapport signale que ces recom­man­da­tions de 2011 « ont été peu enten­dues  » et réaf­firme, suite aux études de Météo France, une réduc­tion de l’en­nei­ge­ment pour les domaines skiables en dessous de 1 700 mètres. « Soit la tota­lité
dans l’Ain et la Drôme, 85 % en Haute-Savoie, 72 % en Isère et 28 % en Savoie.
 » La Cour invite donc les collec­ti­vi­tés à « s’adap­ter à un futur où le ski et les sports de neige ne seront plus leur unique ressource. »

La neige de culture, une fuite en avant ?

Pour­tant, « la réflexion est encore embryon­naire dans les stations des Alpes, car on a des poli­tiques dépar­te­men­tales et régio­nales qui poussent les élus et les profes­sion­nels du ski à ne rien chan­ger, rapporte Valé­rie Paumier. En 2021, Laurent Wauquiez présen­tait son Plan Montagne et a dit aux maires : “Tant que je suis président de Région, on va vendre du ski : voilà donc les subven­tions pour fabriquer de la neige”. Donc on perpé­tue coûte que coûte un modèle tout ski fondé sur de plus en plus de neige
arti­fi­cielle. Quitte à en fabriquer à tempé­ra­ture posi­tive. Quid du coût éner­gé­tique ?
 », ques­tionne Valé­rie Paumier, pas convain­cue par les canons à neige photo­vol­taïques promis par le chef de région.

Diver­si­fier les acti­vi­tés, la tran­si­tion des stations de ski

Le Plan Montagne entend aussi « diver­si­fier l’offre touris­tique » avec des acti­vi­tés quatre saisons. Tyro­liennes, luges sur rail, explore games… Les stations proposent déjà de nouveaux loisirs hors neige. « Aucune acti­vité ne fera le même chiffre que le ski, admet Éric Ferraille. Mais le but est d’avoir des villages de montagne vivants.  » Dans cette logique, le plan Avenir Montagne (ou plan Castex), mis sur pied lors de la crise Covid pour accom­pa­gner les terri­toires de montagne dans leur tran­si­tion écono­mique et écolo­gique, propose d’ai­der les communes à «  déve­lop­per les atouts de l’at­trac­ti­vité du terri­toire ». « L’ave­nir du tourisme d’hi­ver en montagne est loin d’être mort, assure la président de la FNE. On peut reve­nir à un tourisme basé sur le patri­moine local, ou même sur ne rien faire d’autre que contem­pler la nature. »