Écou­ter et voir le silence à l’Ins­ti­tut d’Art contem­po­rain

D’abord des bruits d’eau. Des pas dans la neige, la glace qui cède. Bruit de pierres qui s’ef­fritent, puis chutent dans l’eau. Un ruis­sel­le­ment devient torrent. C’est le son de la montagne qui s’ef­fondre. Consé­quence du réchauf­fe­ment clima­tique. Ainsi plonge le visi­teur dans l’ex­po­si­tion « Fond d’air » de Camille Llobet qui occupe l’Ins­ti­tut d’Art contem­po­rain jusque fin mai. Dans la première salle vide et blanche, des casques audio rendent audible ce qui se joue dans les sommi­tés glacées.

Plus tard, dans une mini-salle de cinéma recons­ti­tuée avec des fauteuils prêtés par le cinéma Le Zola, trois alpi­nistes témoignent dans un docu­men­taire contem­pla­tif inti­tulé Pacheû. Ils racontent « des bruits des profon­deurs des glaces » et comment cela « ferme le ventre » d’en­tendre « cette montagne mourir. » À ces œuvres récentes répondent des travaux plus anciens. Une constante toute­fois : le son. Camille Llobet l’ex­plore sous toutes les coutures au fil de l’ex­po­si­tion où la vidéo a la part belle et capti­vera les plus jeunes.

L’ex­pé­rience du son dans une expo­si­tion intri­gante

Tantôt onoma­to­pée, écri­tures, babillage, le son se réfu­gie même dans le silence – fond d’air fait réfé­rence, au cinéma, au bruit du silence qui habite un lieu. Il s’ex­prime alors par le corps, comme dans cette vidéo où une perfor­meuse sourde décrit en langue des signes la musique qu’elle n’en­tend pas, mais qu’elle peut voir grâce à un chef d’or­chestre. Ici, la vidéo d’une chan­teuse lyrique repro­dui­sant les babillages d’un bébé fera sans aucun doute rire les enfants.

Une explo­ra­tion passion­nante et intri­gante du langage, sonore ou corpo­rel, dans une scéno­gra­phie intel­li­gente : sans cartel ni livret, le visi­teur est libre de porter son propre regard sur les œuvres. Les salles mènent jusqu’à une expé­rience sonore immer­sive : là, il faut récu­pé­rer un livret. Il contient la descrip­tion de chacune des œuvres. Le visi­teur est alors invité à parcou­rir l’ex­po­si­tion en sens inverse, qu’il découvre sous un autre jour.

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Fond d’air. Dès 7 ans. Jusqu’au 28 mai, à l’Ins­ti­tut d’Art contem­po­rain, 11 rue Docteur Dolard, Villeur­banne. Du mercredi au vendredi de 14h à 18h, le week-end de 13h à 19h. Tarif : de 4 à 6€, gratuit – 18 ans. Pour l’ex­po­si­tion, billet aller-retour (une entrée ache­tée permet de reve­nir en visite une seconde fois). Tél. 04 78 03 47 00. i-ac.eu

Par Louise Reymond • Photo d’ou­ver­ture: Maje­lich de Camille Llobet © Thomas Lannes