Son nom ne vous dit pas grand-chose, mais vous avez certai­ne­ment déjà vu passer ses jeux dans Grains de Sel ou dans votre boutique préfé­rée. Florent Toscano est le co-créa­teur de la maison d’édi­tion Opla qui propose, depuis main­te­nant plus de dix ans, une belle collec­tion de jeux sur des théma­tiques origi­nales.

Avant de se lancer dans l’aven­ture du jeu de société, Florent trifouillait les cellules cancé­reuses in vitro en tant que docteur en biolo­gie au centre Léon-Bérard. « J’avais une acti­vité de jeux en dilet­tante, juste par plai­sir« , explique humble­ment ce Corré­zien qui a quand même fondé l’as­so­cia­tion Cham­boul­tou avec ses amis, monté un bar à jeux asso­cia­tif et rassem­blé des passion­nés dans un festi­val de jeux à Ussel.

C’est en 2011 que lui et sa compagne Johanna Poncet décident de créer la maison d’édi­tion Opla. L’idée est venue d’une demande de l’as­so­cia­tion lyon­naise Croc’é­thic qui voulait élabo­rer une mallette péda­go­gique pour parler de la saison­na­lité de produc­tion des fruits et légumes et du circuit court de distri­bu­tion. Florent a rapi­de­ment imaginé un jeu origi­nal et fun en parte­na­riat avec des produc­teurs de fruits et légumes régio­naux et c’est ainsi que Pom Pom a vu le jour. « À la base c’était simple­ment pour s’amu­ser, mais on voulait vrai­ment que ce jeu existe sans savoir qu’il y en aurait d’autres plus tard!« , raconte-t-il en riant. Une théma­tique origi­nale avec une propo­si­tion ludique : Pom Pom avait déjà tout
l’ADN de ce qu’al­laient deve­nir les jeux Opla.

La ligne édito­riale enga­gée des jeux Opla

« On essaie de mettre beau­coup de sens dans ce que l’on raconte et de respec­ter nos convic­tions dans toutes les étapes de créa­tion« , indique Florent. En effet, de la réflexion à la distri­bu­tion, Opla se démarque par sa démarche écolo­gique. Un choix compliqué dans le monde ludique, mais « de plus en plus à la mode« , affirme Florent. Les jeux sont 100% écofa­briqués en France, avec un vrai respect autour des maté­riaux utili­sés comme de l’encre natu­relle, du papier recy­clé et même des pions en bois issus d’ex­ploi­ta­tions
fores­tières durables.

Ce parti pris se retrouve dans les diffé­rentes collec­tions propo­sées par l’édi­teur qui, contrai­re­ment à de gros concur­rents, déve­loppe ses idées de jeux en petit comité interne. « On a envie de commu­niquer sur ce qui nous plaît et c’est plutôt sédui­sant de propo­ser quelque chose de diffé­rent sur le marché… même si le succès n’est pas toujours au rendez-vous« , témoigne Florent. Dans la gamme nature, on peut donc trou­ver Il était une forêt, La glace et le ciel et L’em­pe­reur, trois jeux adap­tés des films de Luc Jacquet. Parta­geant
l’amour de la nature avec le réali­sa­teur, Florent l’a contacté en 2013 alors que celui-ci venait d’être nommé parrain du Parc des oiseaux de Villars-les-Dombes. « Je n’avais aucune préten­tion, mais j’ai tenté ma chance et sa boîte de produc­tion a été séduite par l’idée », se rappelle-t-il avec fierté.

Des jeux qui s’ap­puient sur une exper­tise scien­ti­fique

La plupart des jeux sont déve­lop­pés en parte­na­riat avec des experts pour donner du crédit aux propos scien­ti­fiques et natu­ra­listes. Exemple avec Migrato, créé avec la Ligue protec­trice des oiseaux et où le joueur doit gérer et guider la migra­tion de cinq espèces diffé­rentes.

Derniè­re­ment, c’est un Labo de linguis­tique du CNRS qui a fait appel à Opla pour déve­lop­per un jeu sur la richesse et la diver­sité des langues du monde. Le résul­tat : Kosmo­poli : t, soit le plus gros succès de l’édi­teur à ce jour, avec plus de 70 000 exem­plaires vendus. Dans ce jeu coopé­ra­tif, les joueurs incarnent la serveuse, le cuis­tot et les clients du restau­rant le plus cosmo­po­lite du monde. « Pendant 6 minutes on parle toutes les langues du monde autour de la table, c’est assez fréné­tique!« , explique Florent en montrant le livret. Petite origi­na­lité, ce jeu hybride se joue avec une appli­ca­tion sur smart­phone où plus de 60 locu­teurs ont enre­gis­tré des commandes de plats tradi­tion­nels. Et pour ceux qui pensent avoir appris l’in­té­gra­lité des menus, une exten­sion a vu le jour l’an dernier avec de nouveaux plats et un module pour jouer avec les enfants à partir de 7 ans.

Des jeux pour tous les âges

Pour autant, pas de méprise : « Les jeux sont avant tout faits pour les adultes de 25 à 45 ans« , prévient Florent, en préci­sant que la plupart des modèles restent jouables en famille et acces­sibles dès 7 ou 8 ans. C’est le cas avec la collec­tion Cartzzle, autre grand succès Opla. L’objec­tif est de repro­duire une image en super­po­sant des cartes dans le bon ordre et les diffé­rents modes de jeux amènent une petite diffi­culté en plus qui plaît beau­coup, à tous les âges.

Après douze ans d’exis­tence des jeux Opla, les nouvelles idées conti­nuent de fuser dans le cerveau de Florent. Prochai­ne­ment, il repar­lera de nature avec Naico, un jeu tactique sur les fonds marins créé en parte­na­riat avec Sea Shepherd. Et dans la collec­tion expé­riences, l’au­teur déve­loppe un jeu sur la tran­si­tion écolo­gique, inti­tulé Utopie, qui lancera peut-être un petit débat autour de la table, mais « sans être mora­li­sa­teur ou plom­bant » promet-il, toujours en riant. Ce n’est en effet pas le genre de la maison Opla.

Les jeux Opla sont dispo­nibles en boutiques de jeux et sur jeux-opla.fr
Dès 5 ans : L’em­pe­reur (2 à 4 joueurs) 16,50€.
Dès 6 ans : Pom Pom (2 à 4 joueurs) 16,50€.
Dès 7 ans : Il était une forêt (1 à 7 joueurs) 16,50€.
Dès 8 ans : Cartzzle (1 à 2 joueurs) 11€.
Dès 10 ans : Kosmo­poli:t (1 à 4 joueurs) 26,50€. La glace et le ciel (1 à 4 joueurs) 16,50€.

Par Julien Duc – Photo d’ou­ver­ture: ©Yves-Marie Queme­ner