Que vous soyez passé à côté d’un film culte lors de sa sortie en salle ou que vous ayez envie de partager un bon moment de cinéma avec vos enfants, la rubrique Mon ciné-club vous propose de (re)découvrir des films incontournables, faciles à dénicher et à visionner en famille. Ce mois-ci : Zéro de conduite, de Jean Vigo, sorti en 1933.
C’est la rentrée scolaire dans un collège de province. Les dortoirs s’animent, la cour de récréation s’agite et la routine administra- tive se remet en marche presque aussi vite que la discipline. Des règles, encore des règles ! Les élèves de l’internat ne connaissent que ça et n’en peuvent plus. Farouchement indisciplinés, ils ren- voient en miroir l’hypocrisie d’une société qu’ils rejettent parcequ’ils en subissent trop souvent la cruauté ou l’injustice. Dernier film de Jean Vigo avant son célèbre long-métrage L’Atalante, Zéro de conduite fut inspiré à son auteur par ses souvenirs d’enfance. Mais lors de sa sortie, il dût faire face à la censure, dérangée par sa fibre libertaire. Pourtant, son éner- gie, sa malice et son humour lui ont offert une progressive réhabilitation que sa ressortie en salle devrait confirmer, permettant à un nouveau public de le découvrir. Cette restau- ration donne en effet l’occasion d’entrer dans l’univers de Vigo, qualifié « d’étoile filante du cinéma français », du fait de sa dispa- rition précoce à 29 ans. En quelques œuvres et seulement deux cents minutes cinématographiques, il a laissé un témoignage particulier et durable de son époque et influencé toute une géné- ration de cinéastes après lui.
Jeune prodige, mauvais élève
Interdit de sortie tel un élève convoqué en retenue, ce film « dénigrant l’instruction publique », conserve aujourd’hui toute sa subversivité quand il illustre les conflits intergénérationnels inhérents à nos sociétés et pointe du doigt les tendances trop promptes à la discrimination (l’obésité, la taille, le handicap…).
Dans le même temps, Zéro de conduite est une ode à la jeunesse, celle qui défend sa liberté et sa fougue, son envie de croquer la vie à pleines dents. Forte de sa poésie et de son insolence, de ses trouvailles visuelles et sonores (merci au compositeur Maurice Jaubert), cette fiction autobiographique d’une petite cinquan- taine de minutes offre un moment de divertissement rempli de gags, de chahuts et de turbulence. L’idéale rencontre entre un artiste fulgurant et une joyeuse bande de zigotos.
L’info en plus : En octobre, l’intégralité de l’œuvre de Jean Vigo, accessible dès 8 ans, sera visible dans les salles françaises grâce à la rétrospective proposée par Malavida films. L’occasion de découvrir sur grand écran L’Atalante, À propos de Nice, Taris ou la natation et donc Zéro de conduite. Celui-ci sera ainsi projeté, dans la métropole de Lyon, le 14 octobre à 19h au Scénario (Saint-Priest), le 24 à 17h au Ciné- Duchère (Lyon 9e), le 25 à 20h au Zola (Villeurbanne)…
