Étoile montante du théâtre contemporain aux Pays-Bas, Ulrike Quade porte sur la scène des spectacles d’une grande force visuelle où dialoguent les marionnettes, la danse et le théâtre. Avec la chorégraphe Nicole Beutler, elles relèvent un pari fou : adapter Antigone avec des marionnettes bunraku (marionnettes japonaises de grande taille manipulées à vue). Le résultat force l’admiration. Durant une heure, quasiment sans un mot, les trois comédiens-marionnettistes déploient une énergie colossale pour donner à voir la tragédie de Sophocle.
Faisant corps avec leurs personnages, ils vibrent sous les assauts et résistent jusqu’au dernier souffle dans un engagement physique total. D’une virtuosité rarement atteinte, la manipulation donne l’illusion de marionnettes vivantes en marche vers leur destin. Sentiment avivé par la musique techno qui traverse chaque tableau. Accrochés par cette bande-son lancinante, les spectateurs sous tension redoutent le dénouement final.
Bon à savoir : pour comprendre la pièce, la connaissance préalable de l’intrigue est indispensable.
Blandine Dauvilaire