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Colonie de vacances : comment bien la choisir

Mis à jour le 04/10/2023

S’il reste tout de même un mois d’école à tenir avant les grandes vacances, les inscriptions en colos ont, elles, bien commencé ! Découverte du monde au-delà du cocon familial, séparation avec les parents et expériences riches en émotions : elles constituent une aventure intense qui crée de jolis souvenirs et fait grandir. 

Retour aux souvenirs

Attablés dans le salon, Anne et Loïc ont ressorti leurs albums photos. Ambre et Jade, leurs filles de 6 et 10 ans, s’en emparent aussitôt, avides de replonger dans les souvenirs de leurs colonies de vacances : « Ça, c’était un spectacle » ; « Là, c’était la boum », raconte la petite Ambre en tournant les pages. « Fans de colo », Anne et Loïc y envoient leurs filles chaque année depuis qu’elles ont 3 ans. Jade y a même fêté des anniversaires, et les deux sœurs y ont fait leur classe de neige l’hiver dernier : « C’était trop bien! On faisait plein d’activités et je pouvais faire des câlins à Jade », se remémore Ambre en serrant sa grande sœur dans ses bras. Autre famille, même enthousiasme ; Sevan, 12 ans, se souvient d’un séjour organisé par la MJC du Vieux-Lyon sur le thème des Indiens : « On dormait dans des tipis et on faisait des feux de camp. La journée, c’était accrobranche ! » Mais son meilleur souvenir reste de loin la cani-rando, partagée avec son frère Elian : « On était attachés par la taille à un chien de traîneau. Comme ils sont forts, ils tirent beaucoup et il faut maîtriser les descentes. C’était super ! »

S’ouvrir au monde

C’est Géraldine, leur maman, qui leur a proposé de partir en colo. « J’en ai beaucoup fait étant petite et j’en garde de super souvenirs. Tout est très intense vu la courte durée. Je voulais que mes fils vivent cette expérience. » Pour cette mère qui encourage toujours ses enfants à aller vers les autres, les colos sont un excellent moyen de s’ouvrir au monde : « Toute l’année, les enfants sont dans leur petit cocon. En colonie, on est confronté à l’inconnu, à la différence, ça bouge un peu les lignes. » Ancienne animatrice et responsable du secteur Enfance à la Maison de quartier Diderot à Saint-Priest, Julie Doléans en est convaincue : « Les colos sont un vrai laboratoire social. Il faut laisser aux enfants la liberté d’expérimenter. Alors des fois, on laisse passer quelques bêtises. Ils croient qu’on ne les voit pas, mais on sait très bien ce qu’ils font ! »

Faciliter l’intégration des enfants

Organisateur de séjour chez AJD Vacances, Mathieu Fouillet conçoit même les colos comme un support d’inclusion sociale. « La première chose qu’on demande à un enfant le jour de la rentrée scolaire, c’est : “qu’est-ce que tu as fait de tes vacances ?” explique-t-il. Donc c’est important qu’un enfant puisse en avoir pour s’insérer dans la société. » Dans cette optique, AJD Vacances (Fondation AJD) propose des séjours aux enfants à besoins spécifiques et aux familles suivies par l’aide sociale à l’enfance, mais aussi à tous les publics dans un but de mixité sociale.

S’inscrivant dans le champ de l’éducation populaire, la structure favorise la participation comme facteur d’émancipation : « Chaque enfant a des compétences propres, expose Mathieu. On veut leur permettre de les développer pour qu’ils prennent confiance en eux et les partagent. Car chacun peut apporter à une autre personne, quel que soit son milieu social. » Pour Joséphine Dufour, psychologue basée à Vaise, cette ouverture au monde dans sa diversité permet de se forger comme individu à part entière : « Les colonies de vacances sont un enrichissement dans la différence qui participe au développement psycho-affectif et social de l’enfant. »

Savoie Mont Blanc Juniors
Savoie Mont Blanc Juniors © DR

Une expérience qui fait grandir

Apprendre à vivre à plusieurs, à s’intégrer dans un groupe et même assumer quelques tâches ménagères : la colo est une expérience de vie collective et d’autonomie qui participe à l’épanouissement des enfants. Des leçons de vie qu’Alan, 7 ans, préfère à celles de l’école : « Il faut partir en colo parce qu’on apprend au lieu de travailler ». C’est d’ailleurs le credo d’AJD Vacances, qui considère le loisir comme un vecteur d’apprentissage : «À travers lui, les enfants développent des connaissances, de nouveaux centres d’intérêt… On valorise leurs compétences pour qu’ils construisent avec nous leurs vacances, développent leur confiance en eux, leur capacité d’argumentation…»

Une participation valorisée aussi à la MJC du Vieux-Lyon : « On prépare en amont les menus et les activités : ça permet d’associer les enfants au projet et de répondre à leur stress, car ils savent ce qu’il va se passer », témoigne Myriam Lyaudet, sa directrice. Habitué aux colos depuis ses 6 ans, Maïdine est parti pour la première fois avec AJD Vacances l’an dernier. « Dans un premier temps, la colo c’était pour qu’il découvre la montagne. Mais avec AJD, c’est aussi un séjour d’autonomie et c’est ce qui m’a plu, témoigne Nadia, sa mère. C’est un enfant qui manque de confiance en lui. Avant, c’était “je n’y arriverai pas” avant même d’avoir essayé. Depuis qu’il est rentré, je vois une différence. » « Ça fait du bien d’être autonome, parce qu’on se rend compte qu’on peut faire des choses sans les parents », témoigne Maïdine, ravi de son séjour.

Cette confiance en soi trouvée loin des parents n’étonne en rien Joséphine Dufour : « L’enfant se rend compte que le parent n’est pas tout puissant, qu’il y a d’autres façons de faire. Cela participe du processus d’individuation. » Une expérience que Julie Doléans, qui a toujours refusé de partir en colo petite, regrette aujourd’hui : «Je pense que si j’étais partie, j’aurais su plus vite qui je suis. » Ex-coordinatrice du secteur Enfance à la Maison pour tous de Lyon, Lucile Perrin a organisé une multitude de séjours. Elle confirme : « La colo permet à chaque enfant de se découvrir en tant que petit individu hors du contexte familial et scolaire. »

Séparation n’est pas rupture

Un accomplissement qui passe donc par l’expérience de la séparation avec les parents. Perspective parfois angoissante, tant pour les enfants que pour certains adultes. Alors en premier lieu, Joséphine Dufour avertit : « C’est aux parents de rassurer l’enfant. Attention à ne pas lui faire porter ses propres angoisses. » Une approche partagée par Myriam Lyaudet : « Tout parent rassuré va permettre à son enfant de partir plus serein. » Mais surtout, « la séparation avec les parents ne doit pas être une rupture, prévient la psychologue. Si c’est fait de manière brutale, ça peut être vécu comme un abandon et générer chez certains enfants un refus pérenne de la séparation. » Car si l’émancipation des enfants est bénéfique, la psychologue rappelle qu’ils sont naturellement attachés aux parents par de puissants liens affectifs : « De 3 à 6 ans, l’enfant construit une représentation du monde en lien avec ses besoins corporels, auxquels les parents répondent : il y a donc un fort attachement, pose-t-elle, invitant au passage à choisir des séjours plus courts pour les plus petits. À partir de 7 ans, cette représentation est moins égocentrée : plus indépendant au niveau psycho- affectif, l’enfant est capable de se lier à d’autres. »

Le processus d’individuation

Afin que le départ se fasse en douceur, Joséphine Dufour conseille de travailler la séparation en présence du parent : « On peut la mettre en scène par le jeu, comme on le fait avec les tout petits quand on se cache derrière les mains ; ce faisant, on le distingue de la mère : c’est ce qu’on appelle le processus d’individuation. » De son côté, la Maison pour tous accompagne les familles en amont du départ: « On fait une réunion d’information pour communiquer sur le projet pédagogique. L’enfant peut venir avec ses parents pour voir un peu où il va se retrouver et avec qui. »

L’importance du dialogue

Poser de nouveaux repères pour rassurer l’enfant, c’est aussi l’approche d’Anne et Loïc : « On choisit la colo avec les filles, on regarde les photos du lieu… On leur en parle six mois avant pour qu’elles aient le temps de se faire à l’idée, explique Anne. Et la veille au soir, quand elles ont un coup de blues, on les laisse exprimer leurs émotions, on en parle avec elles. » Une démarche en accord avec les conseils de la psychologue : « L’enfant va forcément sortir des choses et c’est normal : il faut entendre ses angoisses, ne pas dénigrer la peine qu’il y a à se séparer. C’est plus étonnant s’il ne se passe rien ; c’est que l’enfant n’a rien pu exprimer ou que ça n’a pas été perçu. » « En revanche, on ne laisse pas la possibilité d’annuler le départ », tranche Anne.

Pour elle et son mari, ces passages parfois difficiles font « partie des apprentissages : on ne peut pas fuir tout le temps. » Une démarche qui peut paraître sévère, mais s’avère salutaire : « Si l’enfant est envahi par les angoisses, on peut ne pas le laisser partir, mais c’est dommage, car ce sont alors les angoisses qui gagnent, commente la psychologue. L’angoisse de séparation est normale, il faut la traverser. » Lucile Perrin confirme : « Être angoissé fait partie du jeu. Mais ça ne doit pas non plus devenir une souffrance, nuance-t-elle. Un enfant qui ne va toujours pas bien au bout de plusieurs jours, il vaut mieux le ramener. » Myriam Lyaudet abonde en ce sens : « Le pire, c’est de forcer l’enfant à partir pour absolument couper le cordon. Il faut qu’il soit acteur de son départ, sinon il y a 60 % de chance que ce soit douloureux pour lui. » Mieux vaut alors suivre le conseil d’Ambre, celui de partir avec une copine si on a trop peur. Une bonne idée pour les premières fois, que les enfants peuvent aussi traverser avec leur frère ou leur sœur.

Savoie Mont Blanc Juniors
Savoie Mont Blanc Juniors © DR

Quand l’enfant prend son envol

Pour amener l’enfant vers la séparation, Lucile Perrin propose de l’accompagner sur le site et de rester le temps du premier repas : « À la fin, ce sont les enfants eux-mêmes qui finissent par dire : “c’est bon maman, tu peux partir maintenant” ». Il est aussi possible de leur écrire une petite carte qu’ils recevront sur place. « C’est une part des parents qui reste avec eux, un objet réconfortant qui va les rassurer un peu comme un doudou », acquiesce Myriam Lyaudet. Une technique qu’elle préfère au coup de fil : « Il faut faire l’expérience de la séparation même si c’est pas fastoche. Avoir les parents au téléphone souvent, ça relance, ça ne les aide pas forcément. » Une théorie que Julie Doléans a pu vérifier avec un petit garçon très déprimé : « Sa mère l’avait envoyé en colo parce qu’elle pensait que c’était nécessaire pour couper le cordon, mais pour lui c’était très difficile, il pleurait tous les soirs. Sa mère, inquiète, appelait tous les jours. Jusqu’à ce qu’il lui dise : “Maman, arrête de m’appeler tout le temps, ça me fait trop de mal”. Elle était surprise, mais finalement l’objectif était atteint : il avait coupé le cordon. À sa manière. »

Une séparation différente pour chacun

Si l’enfant veut appeler tous les jours, Joséphine Dufour invite dans une juste mesure à se poser la question du bénéfice du séjour : « Peut-être que la séparation s’est mal faite, que l’enfant est parti pas assez rassuré, ou tout simplement qu’il n’aime pas », analyse-t-elle. « Moi j’aime bien appeler papa et maman, parce que des fois ils me manquent », témoigne simplement Jade. « Lors de sa dernière colo, elle nous a appelés le premier soir avec le téléphone d’une copine, poursuit sa mère. Je lui ai dit que je ne voulais pas qu’elle m’appelle tous les jours : je trouve que ça prolonge la séparation. »

Gérer le manque en fonction de l’enfant

À l’exact opposé, à AJD Vacances, Maïdine avait l’autorisation d’appeler chaque jour ses parents. Primordial pour sa maman : « Je ne peux pas laisser mon fils sans nouvelles pendant une semaine ! Les enfants peuvent prendre ça pour un abandon si on ne les appelle pas. » Qu’en pense Maïdine ? « La première fois j’étais un peu stressé de partir loin, maman m’a manqué. Alors c’est rassurant de pouvoir appeler ses parents, confie-t-il. Et des fois, c’est les mamans qui veulent appeler. » Les premiers jours, le petit garçon attendait impatiemment 18 heures pour raconter sa journée à sa mère et prendre des nouvelles de sa petite sœur. « Puis au bout d’un moment, il me disait : “Bon, je vais voir mes copains”, s’amuse Nadia. C’est compliqué quand même de le voir s’envoler, car on est très fusionnels. Je me suis fait violence pour le laisser partir, mais je ne l’ai pas regretté. » Car s’il y a toujours un temps d’adaptation, en général les enfants sont très vite absorbés par tout ce qu’il y a à vivre en colonie de vacances. Et quand vient l’heure de retrouver les parents, les enfants ne veulent souvent plus repartir : « La légende qui dit qu’on pleure en arrivant et en repartant est vraie », sourit Lucile Perrin. 

Colo à tous prix

Hors de prix ou vrais bons plans, difficile de trouver la bonne colo au juste prix. Si pour Anne et Loïc, les séjours du petit organisme ligérien l’Arvel sont la solution la plus rentable pour faire faire du ski à leurs filles, il est bon de savoir que les colos ne sont pas forcément moins chères dans des petites associations que dans les grands groupes. Le prix dépend surtout des activités proposées et parfois de l’effectif d’animateurs.
Le minimum légal fixe un animateur pour 12 enfants, là où certains organisateurs comme AJD Vacances proposent un animateur pour quatre. AJD Vacances étant labellisé Vacaf, les familles au quotient familial inférieur ou égal à 800 peuvent prétendre à une prise en charge de 40 à 50 % du prix du séjour. De même, la mesure « Colo apprenante », instaurée pendant le Covid et permettant une prise en charge par l’État à hauteur de 50 %, devrait être reconduite cette année. De manière générale, les MJC restent les structures qui proposent les séjours les moins chers, de 200 € à 300 € les cinq jours en fonction du quotient familial. Mais pris d’assaut, il faut vite s’y inscrire.

Colo à gogo

Activités sportives, artisanales ou avec les animaux, bivouac sous les étoiles, observation de la nature, promenade et baignade… Dans une région qui regorge de massifs montagneux, prairies, forêts, lacs et rivières, les offres de séjours sont nombreuses, tant chez les grands groupes que dans les petites structures. Isère Drôme Destination Juniors, Savoie Mont Blanc Junior ou Sancy Dômes en proposent un réseau étoffé sur leur site internet. Il n’y a plus qu’à se jeter à l’eau!
• Isère Drôme Destination Juniors : iseredrome-juniors.fr – 04 76 00 33 35
• Savoie Mont Blanc Juniors : savoie-haute-savoie-juniors.com – 04 50 45 69 54
• Sancy Dômes Juniors : auvergne-juniors.org

Article rédigé par Louise Reymond • Photo d’ouverture : Cabanes en équilibre – Le Bien Veillant © DR

Cabanes en équilibre - Le Bien Veillant
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