Le Guide
des sorties et loisirs des familles
dans la métropole de Lyon
Illustrations de Virginie Sigaud et Loetitia Raguin assises sur un lion, par Mylène Higuero
Accueil Dossiers La péda­­go­­gie créa­­tive de deux ensei­­gnantes lyon­­naises
Share

La péda­go­gie créa­tive de deux ensei­gnantes lyon­naises

Publié le 08/11/2023

Ensei­gnantes en CE1 à l’école Lumière (Lyon 8e) et très amies dans la vie, Loeti­tia Raguin et Virgi­nie Sigaud basent leur péda­go­gie sur l’ex­plo­ra­tion d’œuvres d’art. En septembre, elles choi­sissent un thème artis­tique qui va, tel un fil rouge, guider toute la classe jusqu’à la fin de l’an­née scolaire. Cette péda­go­gie créa­tive a donné nais­sance à un livre pour enfants, publié ce mois-ci aux éditions Grains de Sel.

Comment vous êtes-vous rencon­trées ?

Loeti­tia : nous sommes arri­vées toutes les deux à l’école Lumière en 2015, dans des classes de CE1. Virgi­nie arri­vait de 15 ans en Mater­nelle ; moi, ça faisait long­temps que j’en­sei­gnais en CE1. Alors, on s’est mises à travailler ensemble.
Virgi­nie : on a eu un coup de foudre profes­sion­nel et amical.

Comment cette rencontre a modi­fié votre manière d’en­sei­gner ?

Loeti­tia : on a vite réalisé qu’on se complé­tait. On est dans la même dyna­mique, le même enthou­siasme. Pour nous, l’école, ce n’est pas que des maths et du français. On a un vrai rôle à jouer auprès de nos élèves sur le plan de l’ou­ver­ture cultu­relle et artis­tique. Toute seule, j’avais commencé à travailler l’or­tho­graphe à partir d’œuvres d’art. Mais ensemble, on s’est dit : « au lieu de parler d’œuvres d’art qu’ils ne verront jamais dans la réalité, on va leur montrer celles qu’on a dans la rue, à Lyon, une ville riche artis­tique­ment. »
Virgi­nie : on s’aperçoit que pour nos élèves, qui habitent Monplai­sir, c’est diffi­cile de se situer dans la ville. Leurs sorties, c’est d’al­ler au square de leur quar­tier, dans la famille ou chez des amis, mais pas forcé­ment de se prome­ner en ville. D’ailleurs, ils disent qu’ils habitent Monplai­sir, pas qu’ils habitent Lyon!

Comment procé­dez-vous alors concrè­te­ment ?

Virgi­nie : chaque année, on choi­sit un thème qui est notre fil rouge, de septembre à juin. On adapte toutes nos dictées à ce thème. Et on monte autour des projets plus créa­tifs comme des expos ou des spec­tacles.
Loeti­tia : on part d’une œuvre ou d’un élément du patri­moine lyon­nais qui fait écho à notre thème et on le présente aux enfants le vendredi. On en fait alors une descrip­tion à hauteur d’en­fants, en leur appor­tant quelques anec­dotes. De là, on isole des mots avec lesquels on fabrique un texte de dictée. On travaille ces mots toute la semaine pour, à la fin, faire la dictée.

Quelles consé­quences a cette méthode sur les résul­tats de vos élèves ?

Loeti­tia : d’abord, la dictée devient pour eux plus acces­sible. On en fait un moment agréable, voire joyeux!
Virgi­nie : les enfants progressent dans leur capa­cité à être atten­tifs. Quand on leur montre une œuvre, on commence par la décrire, puis on la nomme et on la situe dans le temps. Enfin, on parle de ce qu’on ressent en la regar­dant. Mais on ne se contente pas de dire «  j’aime » ou « c’est moche ! » : on se demande pourquoi. On travaille alors l’ar­gu­men­ta­tion, l’es­prit critique et ainsi la confiance en soi. Évidem­ment, il y a des progrès au niveau du langage.
Loeti­tia : on a des élèves qui ont appris à s’écou­ter les uns les autres. On a des classes soli­daires et apai­sées.

Quel est le retour des parents sur votre péda­go­gie créa­tive ?

Loeti­tia : on commu­nique beau­coup avec eux, on explique, et ils adhèrent. Ils voient qu’on fait le job et en même temps qu’on apporte autre chose. Le rituel de la présen­ta­tion de l’œuvre le vendredi est devenu telle­ment impor­tant pour les enfants qu’ils le partagent avec leurs parents. Et le soir, à la sortie de l’école, beau­coup demandent : « Alors, c’est quoi l’œuvre ? »
Virgi­nie : certains enfants demandent même à leurs parents d’al­ler voir l’œuvre en ques­tion le week-end et, une fois sur place, ce sont eux qui font le guide! Notre manière de travailler les aide à s’ap­pro­prier leur ville.

Pourquoi appré­ciez-vous tant ensei­gner à des élèves de CE1 ?

Loeti­tia : en sortant du CP, les enfants ont acquis la lecture, l’écri­ture et la condi­tion d’élèves. Ils sont encore très sensibles à ce que tu vas leur appor­ter. Ils ne sont pas blasés, ils s’émer­veillent : c’est ce qui nous anime et nous donne l’idée de faire des choses !
Virgi­nie : et puis le cycle 2 est encore un moment où on peut s’oc­troyer plus de liberté. En cycle 3 [NDLR: du CM1 à la 6e], il y a plus de pres­sion du côté des programmes.


De la salle de classe à l’édi­tion

Dans leur livre à paraître en novembre, Loeti­tia Raguin et Virgi­nie Sigaud ont réuni dix œuvres et monu­ments lyon­nais qu’elles ont étudiés en classe avec leurs élèves. On trouve aussi bien le Flower Tree datant de la Bien­nale d’Art contem­po­rain de 2003 que la Halle Tony-Garnier, en passant par le Jardin Rosa Mir. Avec la compli­cité de l’illus­tra­trice lyon­naise Mylène Higuero, les autrices expliquent aux enfants l’his­toire de ces œuvres et les invitent à s’en inspi­rer pour les recréer chez eux, selon leur imagi­na­tion, avec du maté­riel de récu­pé­ra­tion.

couverture du livre Balade créative à Lyon. De Virginie Sigaud et Loetitia Raguin. Editions Grains de Sel
Balade créa­tive à Lyon est édité aux éditions Grains de Sel

Balade créa­tive à Lyon. 10 œuvres urbaines à décou­vrir et à recréer chez toi, par Loeti­tia Raguin et Virgi­nie Sigaud. Illus­tra­tions de Mylène Higuero. Éditions Grains de Sel. 9,90€.

Retrou­vez sur Grains de Sel notre sélec­tion de nouveau­tés en litté­ra­ture jeunesse dans la rubrique Livres

Illustrations de Virginie Sigaud et Loetitia Raguin assises sur un lion, par Mylène Higuero
Virginie Sigaud et Loetitia Raguin, enseignantes et autrices lyonnaises © Mylène Higuero

Vite ! Une idée de sortie en famille

Poterie, Judo, Arts du Cirque...

A découvrir également
Plus de publications à afficher
Consent choices