Poussé par l’envie d’écrire de la fiction et de partager son concept de permacité auprès du plus grand nombre, l’architecte Olivier Dain-Belmont s’est lancé en littérature jeunesse l’an dernier. Son troisième album, Permavillages, le village de mes rêves, vient de paraître aux éditions Sarbacane.
Écrire des livres jeunesse est « une thérapie » pour Olivier Dain-Belmont. « Je ne suis pas du tout poussé vers l’optimisme, confie l’architecte devant son chocolat chaud, dans un café du 6 e arrondissement, à deux pas de son agence. Mais je trouve que le pessimisme ne sert à rien. Et pour les enfants, c’est terrifiant ! Il faut développer un rêve pour qu’ils se projettent dans un futur positif, sinon ce futur n’existera pas. »
Passionné d’architecture bioclimatique
Dès ses études d’architecte, Olivier s’intéresse à l’imaginaire urbain, « à ce qui fait rêver dans la ville. » Et réfléchit à l’architecture bioclimatique, à savoir « des bâtiments qui n’ont besoin de rien d’autre que leur environnement pour se chauffer ou se rafraîchir. » Cette pensée s’est nourrie depuis l’enfance de sa lecture passionnée des romans de Jules Verne ou d’Alexandre Dumas, de Bernard Weber et des BD futuristes de Schuiten et Peeters, Les Cités obscures. Olivier a grandi dans le Lubéron, dans une maison avec un immense jardin où il a pu planter son arbre, un olivier. « Mes parents ne parlaient pas du réchauffement climatique, mais on était sensibilisés à prendre soin de la nature », se souvient-il. Très tôt, il donne libre cours à son impérieux besoin de « construire des trucs » : « À chaque fois que je voyais un bout de matériau, comme un bouchon de bouteille, je me demandais ce que je pourrais faire avec si j’en avais 500 !» Quand ses parents se séparent, plusieurs jeunes filles au pair entrent dans sa vie. L’une d’elles, l’Anglaise Denise, est comme lui très créative : « Avec elle, on a fait un théâtre de marionnettes en papier mâché super bien ou un cheval en papier à taille réelle », relate-t-il, presque ému de repêcher ce souvenir de sa mémoire.
Expliquer la permacité aux adultes et aux enfants
Son diplôme d’architecture en poche, Olivier Dain-Belmont enchaîne les voyages au début des années 2010 : l’Australie, l’Asie et le Tadjikistan où il participe à la reconstruction d’un village après un violent séisme. De retour en France, il travaille en agence à Grenoble, en Picardie et enfin à Lyon. Là, il reprend sa réflexion sur l’architecture bioclimatique à l’échelle d’une ville entière : la permacité. En 2015, il publie un essai* remarqué par ses pairs, mais qui le laisse dans une certaine frustration : « Il manquait une étape : je ne montrais pas comment vivre dans la permacité. » Pour cela, quoi de mieux que la fiction ? D’autant qu’Olivier veut toucher un public plus large, idéalement les enfants : « Inventer une histoire, projeter un personnage dedans avec un regard neuf et naïf me permettait d’ouvrir le sujet de la permacité aux enfants… et à leurs parents ! » glisse-t-il avec malice.
La rencontre avec les éditions Sarbacane
Son envie fait écho à celle des éditions Sarbacane de collaborer avec des architectes. Faisant appel à l’illustrateur Fachri Maulana, diplômé de l’école Emile Cohl et aussi architecte, il publie Permacité! La ville de mes rêves, qui met en scène Camille, un enfant mécontent d’emménager dans une permacité. Son chat s’étant enfui, il part à sa recherche et découvre son nouvel environnement qu’il va finalement apprécier. Assez dense, le livre est conseillé à partir de 7 ans, car il repose sur plusieurs niveaux de lecture : « D’abord le dessin généreux où plein de choses se passent, ensuite la BD à l’intérieur du dessin, puis l’histoire, et enfin les encadrés qui donnent des informations et les définitions à la fin, » détaille Olivier.
Permacité urbaine et campagnarde
Une démarche éditoriale reprise dans le récent Permavillage ! Cette fois, Camille part en vacances chez ses grands-parents, à la campagne. Sa grand-mère, maire du village, est tout le temps occupée, si bien que l’enfant lui court après. Là aussi, il découvre un nouvel environnement : « une permacité campagnarde ! » Ce livre est la suite logique du premier : « L’environnement d’une ville, c’est la campagne : la ville est dépendante de la campagne. Je montre que faire une ville plus dense implique de réduire les banlieues, que manger des produits sains et bio implique de changer l’agriculture, que ne pas envoyer de gaz à effet de serre implique de changer nos moyens de transport… »
Un troisième livre pour les plus petits
Entre les deux bouquins, Olivier a publié La Maison de Marius, à destination des plus jeunes (dès 5 ans) : il leur parle d’environnement « dans une approche sensible, mais non documentaire. » Marius, néo-campagnard, demande de l’aide à sa voisine agricultrice pour réparer sa chaudière. En échange, celle-ci va stocker chez lui de la paille. Marius réalise alors que sa maison s’est réchauffée. « Petit à petit, Marius transforme sa maison en maison bioclimatique, sans connaître le mot et sans aucun savoir technique. En étant attentif à son environnement, il améliore son sort. »
Le concept de permacité en bandoulière, Olivier Dain-Belmont anime également des ateliers pour enfants, à partir d’une grande maquette en bois et Lego. Actuellement sur un nouveau projet de livre, il veut continuer de nous faire rêver d’une autre ville possible.
Les livres d’Olivier Dain-Belmont: *Permacité. Continuer la ville différemment, une proposition illustrée, éditions Cosmografia. Aux éditions Sarbacane : Permacité ! la ville de mes rêves (mars 2021), 16,90 € – La Maison de Marius, illustrations de Marion Arbona (juin 2022), 16,50 € – Permavillage ! le village de mes rêves (septembre 2022), 16,90 €.
Pour tout savoir des dédicaces en librairie et des ateliers d’Olivier Dain-Belmont, consulter son compte Instagram : @olivier_dain_belmont
Article rédigé par Clarisse Bioud • Photo d’ouverture : Permavillage ! le village de mes rêves d’Olivier Dain-Belmont.
