Troi­sième volet du cycle consa­cré par le musée des Beaux-Arts aux collec­tion­neurs privés, l’ex­po­si­tion Métis­sages nous fait décou­vrir la passion dévo­rante de Denise et Michel Meynet. Couple érudit doté d’une fantai­sie déli­cieuse, ces amateurs d’art, qui ont donné une partie de leur collec­tion d’art afri­cain au musée des Confluences en 2000, pour­suivent leurs acqui­si­tions dans des domaines extrê­me­ment variés. Les 300 objets expo­sés (sur les 3 000 qu’ils ont réunis) reflètent leur goût pour l’ac­cu­mu­la­tion hété­ro­clite d’art popu­laire du monde entier de toutes les époques, les formes origi­nales et les contrastes de matières qui ne laissent parfois pas devi­ner la fonc­tion de l’objet. L’en­semble consti­tue un formi­dable voyage visuel grâce à une muséo­gra­phie judi­cieuse et ludique. La série de chalets en bois minia­tures et les toys Be@r­bricks custo­mi­sés côtoient les bols Raku signés Camille Virot (les Meynet consacrent désor­mais une grande partie de leur collec­tion aux céra­miques). Les pipes de guéris­seurs du Kenya, les sandales de notable du Congo et les paniers en bambou tressé du Japon nous propulsent au bout du monde. L’ivoire des brace­lets et des livres de prières contraste avec le bois foncé des masques minia­tu­ri­sés. Gravures, étoffe, instal­la­tion de cubes en grès émaillé, pois­sons arti­cu­lés forment un prélude au street art coloré qui habille le dernier mur de cet espace. Galva­ni­sés par ce foison­ne­ment d’œuvres inso­lites, les visi­teurs doivent ensuite traver­ser les collec­tions clas­siques du musée pour gagner la dernière salle d’ex­po­si­tion. Consa­crée à l’art colon, elle donne à voir des objets nés du croi­se­ment entre l’Afrique et l’Oc­ci­dent : navire de commerce en bois sculpté prove­nant du Ghana, Barque des morts assem­blée par Armand Avril, soldats et mili­taires en bois peint. On se croi­rait presque dans une chambre d’en­fants (dommage que les vitrines soient ici trop hautes pour les petits yeux). Savam­ment dosée, cette plon­gée dans l’uni­vers des Meynet est propice à évoquer en famille la diver­sité des cultes et cultures du monde. Elle démontre une nouvelle fois la capa­cité du musée des Beaux-Arts à surprendre et émer­veiller.

Blan­dine Dauvi­laire