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Une expo 2.0

Une expo 2.0

Publié le 06/06/2013

Entretien avec Violaine Kanmacher, responsable du département jeunesse de la bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu et coordinatrice de l’événement RéCréation.

En quoi consiste l’événement RéCréation ?
Plusieurs envies président au projet RéCréation. Nous voulons nous emparer des espaces de la bibliothèque pour en faire non pas une exposition classique, mais un lieu d’expérimentation. Nous souhaitons nous adresser à la famille et au grand public, et non seulement aux enfants. Enfin, nous avons choisi un sujet qui intéresse l’ensemble de la ville : la création contemporaine. Le livre et la conservation du patrimoine restent des missions fondamentales des bibliothèques, mais nous avions envie d’explorer d’autres territoires. La bibliothèque est aussi un lieu pour la création contemporaine.

La bibliothèque de la Part-Dieu accueille une grande exposition sur le thème de la Cité de la culture. Qu’a-t-elle d’expérimental ?
L’exposition casse tous les codes classiques du parcours : chacun est invité à construire son propre chemin dans un espace créé qui prend la forme d’une ville imaginaire, “ la Cité de la culture ”. Le principe de la scénographie est de découper l’espace en trois quartiers – dédiés aux arts plastiques, aux arts numériques et aux arts vivants – de 6 à 8 modules chacun, correspondant à un art différent. Pour les arts graphiques, il s’agit du design, du street art, du cinéma d’animation, de l’illustration ou de l’art contemporain.
L’innovation porte sur les modes de transmission du savoir. Généralement, on organise une exposition ou une collection en vue d’un apprentissage. On a voulu casser cela. RéCréation est une expo 2.0. On n’est plus dans un savoir figé mais dans un savoir transmis par une intelligence collective. Les visiteurs sont invités à créer, à jouer, mais aussi à poser des questions aux artistes, qui leur répondront également par le dispositif du Guichet du savoir. C’est comme si au musée d’Orsay, on pouvait demander à Paul Gauguin pourquoi il a peint ce chien rouge ou à Manet qui est cette dame ? Le discours sur l’œuvre va se construire par cet échange.

Quelle commande avez-vous passée aux artistes ?
On leur a demandé de créer, sur le thème de la ville imaginaire, et pour le grand public, quelque chose qui soit en perpétuelle recréation et en interaction avec les visiteurs, car la bibliothèque est un espace où les gens entrent très librement et reviennent souvent : c’est le premier espace public de la ville en terme de fréquentation ! Ainsi, deux jeunes Stéphanois ont créé Scenocosme, un sas d’entrée dans l’enfance dont l’ambiance, lumineuse et sonore, évolue en fonction de l’énergie des gens. C’est très sensoriel. On souhaite désintellectualiser le discours sur l’œuvre et privilégier l’expérience et les émotions, montrer que l’art se vit avec tout son corps.
Des bornes avec des tablettes tactiles permettront d’établir la météo émotionnelle de l’exposition : dépassant le j’aime / j’aime pas, ou c’est beau / c’est pas beau, les visiteurs pourront indiquer si telle installation leur a fait peur, les a fait rire, leur a donné de l’énergie, etc. Par leurs votes, ils influeront sur la météo de la ville : les nuages changeront de couleur.

Quelle est selon vous la mission des bibliothèques vis-à-vis de la jeunesse ?
Notre mission est de donner à l’enfant les moyens de devenir un citoyen à part entière, avec sa liberté de pensée et d’expression. Pour qu’il développe un esprit critique, il faut qu’il ait accès à des lieux comme les bibliothèques, qui donnent des clés de compréhension dans tous les domaines. Mais ce n’est pas parce qu’on s’adresse aux enfants qu’on doit être mièvre, explicatif ou pédagogique. Il ne faut pas infantiliser l’enfance.

RéCréation ne cible pas les enfants. Mais n’y a-t-il pas, tout de même, une spécificité de la création pour la jeunesse ?
“ Il n’y a pas d’art pour enfants, il y a l’art ” disait François Ruy-Vidal. J’aime voir l’enfance comme un arbre dont le tronc demeure ; seules les branches grandissent. On s’inquiète bien moins des réactions des enfants qui seraient perdus que de celles des adultes qui ne comprendraient pas ! L’exposition est pensée pour une nouvelle génération qui a envie d’être surprise, qui ne veut pas être un mouton qui suit un parcours préimaginé pour lui. Une communauté va se créer autour de RéCréation, qui pourra se retrouver autour d’une ville virtuelle sur le site recreation.bm-lyon.fr.

Des exemples de créations proposées ?
Timothée de Fombelle adapte Tobie Lolness pour jeux vidéo avec des collégiens de La Duchère. L’artiste Katsumi Komagata présente à la bibliothèque du 4e des livres d’art conçus pour un jeune public, mais dont beaucoup d’adultes sont fans. Le musicien Arandel, habitué des Nuits sonores, fait un workshop avec les enfants des Mercredis de Lyon et des espaces numériques de la BML ; l’atelier aboutira à la création d’une bande-son qui sera diffusée dans les grandes serres du parc de la Tête d’Or. Un vidéomaton théâtral propose des extraits de pièces contemporaines du théâtre jeune public, dont on pourra proposer diverses interprétations avec accessoires. C’est une façon amusante de montrer la part de subjectivité que l’on projette dans les textes. De manière plus classique, RéCréation expose une sélection d’applis, ainsi que des beaux livres, pour montrer qu’aucune concurrence n’existe entre les supports.

Propos recueillis par Anne-Caroline Jambaud.

 

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