Il est révolu le temps où les jeux vidéo étaient accusés d’abrutir les enfants tout en les abreuvant d’images violentes. Aujourd’hui, ils sont la première occupation culturelle des Français, tous âges confondus, devant la lecture. C’est donc une programmation entièrement dédiée aux video games, intitulée Sauve qui peut la vie, que propose Sous les néons.
Invité par les Subs, le collectif d’expérimentation d’autres pratiques du jeu vidéo déploie sur leur site des « expériences artistiques des jeux vidéo », pariant que ceux-ci « ouvrent la voie à de nouvelles formes esthétiques et peuvent générer des rencontres étonnantes avec les arts de la scène. »
S’approprier la culture du jeu vidéo
« Le jeu vidéo est devenu LA culture populaire, avec un fort impact sur l’imaginaire commun. Donc qu’est-ce qu’on en fait ? Comment on se l’approprie ? » questionne Nicolas Ligeon, membre du collectif et directeur du théâtre de l’Élysée. Voilà deux ans que le discret théâtre du quartier de la Guillotière questionne la pratique du jeu vidéo et ses possibles artistiques pour ne pas l’abandonner à l’industrie.
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Aux Subs, cette recherche se décline sous la forme d’une expo de jeux indépendants : « Leur créativité n’est pas bridée par les enjeux économiques et porte une diversité de points de vue, défend Nicolas Ligeon. Cela permet d’éviter une uniformisation des produits qui appauvrirait notre imaginaire. »
Quand les jeux vidéos interrogent notre perception
Déployée dans le Hangar des Subs, cette exposition ne se contemple pas : elle se joue ! Pensée autour de la thématique du vivant, elle invite le public à tester dix jeux en libre accès abordant des questions écologiques comme la gestion des ressources.
Dans Everything, le joueur pourra incarner dans un monde ouvert tout ce qui représente le vivant, qu’il s’agisse d’une biche, une cellule ou une planète. Dans Cloud Garden, il devra, grâce à un stock de graines, faire refleurir la nature dans un monde post-apocalyptique.
En plus de représenter les enjeux environnementaux, l’expo promeut aussi une expérience de jeu différente. Quatre jeux à contrôleurs alternatifs proposent ainsi de nouvelles manières de commander la partie, autres que la manette, la souris ou le clavier.
Pour que le réel augmente l’expérience numérique, « On essaie de scénographier le jeu en réfléchissant à sa mise en espace: ça peut être de jouer l’un contre l’autre, côte à côte, avec son corps, sur un petit écran ou un grand… » énumère Nicolas Ligeon.
Rencontrer les gameurs et les gameuses
Jouer autrement, cela peut aussi être regarder quelqu’un jouer. Une pratique démocratisée sur le réseau social Twitch, très répandue chez les ados et qui a inspiré au théâtre de l’Élysée la forme des
« playformances » : une version scénique du jeu vidéo où le joueur propose une gaming session théâtralisée.
« On fait une analogie directe avec le théâtre, car le jeu de chacun est unique tout comme l’interprétation du spectateur, analyse le directeur du théâtre. On a des performances très militantes, d’autres plus intimes, poétiques ou complètement barrées… Parfois ça donne des trucs géniaux, parfois moins ! »
Enfin, des rencontres seront proposées tout au long de l’événement. Parmi elles, la conférence ludique « Petite initiation aux jeux vidéo pour grands néophytes ». Conçue pour ceux qui pensent que les jeux vidéo ne sont pas pour eux, elle saura convaincre les parents récalcitrants.
Les ados ont une appétence certaine pour le speedrun, pratique qui consiste à finir un jeu vidéo en un temps record. Le festival a donc invité une speedrunneuse professionnelle, parmi les premières mondiales en Mario Kart, pour une masterclass. Une chouette programmation, accessible dès 8 ans. Entre copains gameurs ou en famille, on y va à fond les manettes !
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