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Un projet humanitaire au Théâtre de la Joie

Mis à jour le 23/06/2023

Courant avril, la compagnie de théâtre d’improvisation Et-Compagnie part monter un chapiteau à la frontière polonaise avec l’Ukraine. Ce Théâtre de la Joie espère offrir un temps de répit chaleureux aux enfants réfugiés, avec des petits spectacles. Yves Roffi, directeur artistique d’Et-Compagnie, nous livre les détails de ce grand projet.

Comment avez-vous eu l’idée de ce théâtre au plus près des enfants ukrainiens ?
J’ai un enfant de 3 ans et quand j’ai commencé à regarder à la télévision ce qui se passait en Ukraine, j’ai vu une maman tenir son enfant de 3 ans dans les bras et ça a provoqué chez moi un choc émotionnel. J’ai commencé à travailler avec des docteurs en psychologie infantile, spécialistes du syndrome post-traumatique, qui ont confirmé mon intuition : il faut prendre en charge ces enfants le plus tôt possible ! C’est pour ça qu’on va essayer d’être le plus proche de la frontière. Avec le chapiteau, on va créer un sas émotionnel, qui est vital pour les enfants. Ils vont voir un petit spectacle, qui va leur permettre de libérer leur capacité à rire. Ensuite, quand ils vont reprendre un bus pour plusieurs heures, au lieu de demander « il est où papa ? », ils pourront parler avec leur maman, leurs grands-parents, du spectacle qu’ils ont vu.

Ce projet cible avant tout les enfants…
Notre cible principale, ce sont les 2-6 ans. Aux plus grands, on peut expliquer, raconter. À partir de 6 ans, on peut commencer à comprendre ce qu’est le temps par exemple. Avant 6 ans, le présent est éternel. C’est pourquoi les spectacles pour enfants sont souvent sans paroles et poétiques.

Qu’allez-vous leur proposer sous le chapiteau ?
L’important, c’est que les artistes fassent ce qu’ils savent faire. On ne va pas construire de spectacle spécifique. Il faut imaginer une yourte colorée avec une grande porte ouverte, et à l’intérieur des coussins où les enfants et les mamans peuvent s’asseoir ensemble. Ce sera comme le ventre d’une maman : un endroit chaleureux, rassurant et poétique. Elle pourra accueillir vingt personnes qui pourront tourner comme elles veulent. On va leur proposer des petites formes de 5 à 15 minutes, car leur capacité de concentration est réduite, surtout dans ce contexte-là. Il pourra y avoir de la musique, pour son côté universel et participatif à travers la danse… On espère avoir aussi des artistes ukrainiens qui raconteront des histoires.

Quand partez-vous, à combien et pour quelle durée ?
L’objectif est d’être là-bas avant la fin du mois d’avril. On sera huit bénévoles : six artistes qui se relaient sous le chapiteau toute la journée, une personne à la logistique et une autre qui sert de relais technique et photographique pour couvrir l’événement. On fera partir des équipes en rotation, car on sera face à un public traumatisé mais traumatisant. Une équipe restera cinq jours sur place, puis une autre viendra la remplacer, l’idée étant de ne pas avoir de creux dans la programmation.

Les artistes seront-ils accompagnés sur le plan psychologique ?
Oui, on a une cellule psychologique, composée de trois spécialistes, qui leur dira comment bien faire avec les enfants et comment se protéger eux-mêmes. Ils auront aussi un débrief à leur retour.

Comment financez-vous le projet ?
Pour ce premier départ, on utilise les 5 000 euros dont dispose la compagnie. Pendant la période Covid, on n’a pas dépensé trop d’argent. On avait cette somme-là, autant que ça soit utilisé, c’est finalement de l’argent public, les théâtres et les compagnies n’ont pas été trop mal protégés. Mais ensuite, on va lancer une campagne de dons grand public, monter des dossiers de subvention… On aura besoin d’argent : le budget que j’ai prévu pour tenir deux mois est de 30 000 euros… si on arrive à avoir des billets d’avion gratuits !

De quoi avez-vous besoin aujourd’hui ?
De visibilité, et surtout de 30 artistes, sensibles aux enfants. Plus, ce serait trop parce qu’il faut qu’on les forme psychologiquement. Moins, ce ne serait pas efficace, car on ne peut pas demander à des artistes professionnels de nous donner trop de jours.

Comprenez-vous qu’on puisse pointer une inégalité de traitement entre les réfugiés de pays en guerre ?
On a eu beaucoup de retours en ce sens. La seule réponse qu’on peut offrir actuellement, c’est qu’on pourrait très bien être en Syrie, mais que si on y était, on ne pourrait pas être en Ukraine ! On ne fait pas de concurrence des causes. Il y a 10 ans, j’aurais pu réagir aux images de la guerre en Syrie, mais je n’avais alors pas d’enfant. C’est égoïste, oui ! Pourquoi en Ukraine, parce que c’est maintenant, et que j’ai des contacts là-bas, c’est plus facile, il n’y a pas besoin de visa. La vérité, c’est qu’à l’heure actuelle, l’Ukraine, c’est 10 millions de déplacés, c’est du jamais vu !

Infos pratiques

Pour rejoindre le projet et avoir plus d’informations : [email protected]

Article rédigé par Clarisse Bioud • Photo d’ouverture : © kif-kif.org / Carol Arnaud

Affiche Théâtre de la joie
© kif-kif.org / Carol Arnaud

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