Avec les enfants, foncez voir Nouvelle Mythologie d’Aya Takano, l’une des nouvelles expositions du Mac de Lyon! Inspirée par la science-fiction, la culture populaire japonaise et la nature, l’artiste peint des mondes imaginaires peuplés de jeunes femmes à la silhouette androgyne et altière. D’heureuses aventurières qui vivent en symbiose avec la faune et la flore.
Nombre d’enfants – et d’adultes d’ailleurs! – devraient lancer un “whaaa” d’admiration en découvrant la première partie de l’exposition d’Aya Takano. Car ils auront devant eux quatre sortes de valises géantes, dans lesquelles ils peuvent entrer pour admirer des peintures, dessins et vidéo.
Au Mac de Lyon, Aya Takano a voulu une scénographie inspirée des Polly Pocket
“C’est Aya qui a eu l’idée de ces maisons-valises qui rappellent beaucoup les jouets Polly Pocket, commente Marilou Laneuville, commissaire d’exposition de Nouvelle Mythologie. Ce sont des petits mondes qu’elle nous dévoile.” Des petits mondes qui correspondent à quatre thématiques récurrentes dans le travail d’Aya: l’Enfance, avec des œuvres datant de sa propre jeunesse; l’Amour, symbolisé par une valise girly en forme de coeur; la Ville avec son passage piéton et ses panneaux de signalisation et enfin la Science-fiction dans une espèce de vaisseau spatial éclairé d’ampoules multicolores.
Cette science-fiction influence Aya depuis que, toute petite, elle a eu accès à la vaste bibliothèque de son père, garnie de romans de genre, de mangas et de magazines scientifiques. “De fait, quand elle était plus jeune, c’était un peu difficile pour elle de faire la différence entre ce qu’étaient la fiction et la réalité”, raconte Marilou Laneuville. Ces lectures ont nourri son imaginaire d’enfant, l’amenant des années plus tard à créer ses propres mondes fantasmagoriques.
Exposées dans cette scénographie ludique, les œuvres très colorées d’Aya qui mettent en scène des personnages de femmes juvéniles et androgynes flottant parmi une foule de détails amusants, séduiront d’emblée les enfants. Les adultes, eux, en auront sans doute une lecture moins naïve en découvrant ces corps à demi-nus, ces poses lascives, cette petite culotte abaissée aux chevilles. C’est un fait: l’érotisme nourrit le travail de la Japonaise, d’autant plus à cette période de sa vie. Mais rien ne choquera les enfants, emballés par l’esthétique kawaii de cette première salle et guidés par des cartels affichés à leur hauteur.
La catastrophe de Fukushima a modifié la peinture d’Aya Takano
La seconde partie de l’expo se trouve derrière un rideau imprimé de personnages et d’animaux assis côte à côte sur le sable. Une scène qui représente la plage de Fukushima où Aya s’est rendue après le tsunami et l’accident nucléaire de 2011. Traumatisée par la catastrophe, l’artiste a alors profondément modifié son mode de vie et sa façon de peindre, convaincue de la nécessité pour les humains de vivre en paix avec la nature. “Aya rêve d’une société un peu plus organique, un peu plus irrationnelle, avec plus de magie, et tendant vers une symbiose entre les humains, la faune et la flore” explique Marilou Laneuville.
En témoignent ses œuvres récentes, où l’on retrouve des femmes-enfants dénudées, mais plus que jamais émancipées et épanouies, en lévitation dans la nature. Ces aventurières positives ne sont pas sans rappeler les jeunes héroïnes de Miyazaki dont Aya a d’ailleurs “le visage tatoué sur le bras”. En famille, on viendra s’asseoir sur le dos d’une pieuvre ou d’une baleine en tissu géantes pour observer à loisir ses peintures et s’imprégner de sa “vision heureuse du futur”.

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