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Cendrillon réinventée
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Cendrillon réinventée

Publié le 07/03/2014

Le mythe de Cendrillon revisité de manière contemporaine

Après Le Petit Chaperon rouge et Pinocchio, l’auteur-metteur en scène Joël Pommerat revisite Cendrillon. Avec des mots forts, un style contemporain et sobre dont il est coutumier, il nous fait redécouvrir ce conte sous un autre éclairage. Le résultat est saisissant. Entretien avec l’un des artistes les plus doués du théâtre jeune public actuel. 

Pourquoi avez-vous choisi Cendrillon ?

Au départ, j’avais envie de travailler sur la méchanceté, la violence des relations, et puis je me suis rendu compte que ce qui m’intéressait le plus était de raconter la question de la mort d’un parent vécue par un enfant et la difficulté du deuil de cette mort.

Cela fait-il écho à votre propre histoire ?

J’ai perdu effectivement l’un de mes deux parents quand j’étais assez jeune, je crois que dans toute décision artistique, on se rend compte après coup qu’il y a quelque chose qui a à voir avec sa propre histoire.

Le spectacle insiste sur la mort de la mère de Cendrillon et met en lumière la culpabilité de l’enfant qui lutte contre l’oubli…

Dans cette pièce, il est question pour Cendrillon de l’angoisse d’oublier celle qui est morte.  Je crois que c’est un cap du deuil. L’oubli permet à la fois de repartir vers la vie et c’est aussi comme un acte de trahison, un meurtre symbolique. L’oubli est un thème qui me passionne sans trop que je comprenne pourquoi, je l’ai souvent abordé dans mes spectacles.

Vos spectacles touchent autant les enfants que les adultes présents dans la salle… 

Ce n’est pas un calcul de ma part, peut-être est-ce parce que j’ai cherché, en écrivant ces spectacles, à ne pas m’oublier moi-même en tant que spectateur. En faisant ces pièces pour les enfants, par ricochet, je suis devenu un auteur de théâtre populaire pour le public.

Chez vous, le théâtre ne sert jamais à enjoliver la réalité, au contraire, vous la dénudez pour la donner à voir dans ses aspects les plus sombres, cruels, cyniques, dramatiques et comiques aussi…

Au-delà de la question du divertissement, on a beaucoup plus à apprendre en étudiant le mal qu’en étudiant le bien. Le fleuve tranquille est ennuyeux. Les vagues, le courant qui sort de son lit, c’est surprenant, angoissant et captivant. Je vais chercher de la nourriture dans des zones qui ne sont pas forcément les plus sereines de l’existence. 

Vos mots viennent toucher l’endroit le plus sensible, le plus reculé, celui qui résonne en chacun d’entre nous…

Je cherche à ce que les mots soient chargés d’un maximum d’intensité, qu’ils soient remplis de plein d’autres choses que ce qu’ils révèlent à première vue. Il y a toujours un écho possible dans chaque action, chaque mot prononcé. On peut appeler ça du double sens. J’essaie, quand j’écris, d’être le plus attentif possible à toute cette dimension au-delà de la surface des choses.

Vous encouragez les enfants à penser par eux-mêmes…

C’est vrai que j’essaie, parce que je peux me le permettre en tant qu’auteur de théâtre, de leur montrer l’espace de liberté peut-être anticonformiste de la réalité. C’est certain que je joue ce jeu-là.

Le texte de Cendrillon est au programme du bac (option théâtre), quel effet cela vous fait-il, vous qui n’avez pas passé le bac ?

Ça me flatte (il rit), mais j’ai aussi conscience que c’est dangereux. Tout mon théâtre ne peut pas se résumer à cette pièce et je n’aimerais pas que ça masque tout un autre pan de mon travail, qui est peut-être moins évident et limpide, que ça fasse trop sens sur ce que je m’efforce de construire comme créateur, comme auteur.

 


Cendrillon, du 13 au 22/03 au TNP, 8, place Lazare-Goujon à Villeurbanne

Balayer les cendres du passé

Dès 10 ans

Parce qu’elle a mal compris les derniers mots de sa mère mourante, Cendrillon a peur de l’oublier. Entre un père d’une grande lâcheté et une future belle-mère qui refuse de vieillir, l’héroïne de Joël Pommerat, magnifiquement interprétée par Deborah Rouach, résiste avec courage. Sa rencontre avec un prince naïf en mal de mère ne s’achèvera pas par un mariage, mais permettra à ces deux oiseaux blessés de mettre fin aux non-dits. Émouvante, cruelle, enveloppée de vidéo et de lumières superbes, cette Cendrillon bouleverse.

Propos recueillis par Blandine Dauvilaire

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