Ils sont comme des inséparables, ces oiseaux colorés qui ne peuvent vivre qu’en couple. Chrystèle et Laurent, respectivement âgés de 32 et 33 ans, ne conçoivent pas de créer l’un sans l’autre. “C’est comme si un artiste se séparait de sa main”, affirme Chrystèle.
Les drôles de gélules prescrites par Toki
Il faut dire que c’est ensemble qu’ils ont créé leur Toki, ces personnages en forme de gélules, dont l’œil de cyclope et le large sourire ont tout de suite capté l’attention. D’abord dans les Pentes de la Croix-Rousse où le duo a commencé à coller, “sans but réel et par pur plaisir”, mais en se prenant vite au jeu. “Voir les gens chercher nos gélules, comme dans un cache-cache, c’était génial!” se souvient Chrystèle.
Puis au festival de street art Peinture Fraîche, qui les appelle en 2021 pour peindre sur ses murs: “C’était incroyable! s’exclame Laurent. C’est un festival qui fait venir 50 000 visiteurs, avec des artistes du monde entier. Avoir la reconnaissance de CartOne, qui organise le festival et qui peint à l’autre bout de la planète, c’était assez dingue!” Peinture Fraîche change la donne pour Toki dont les gélules suscitent un engouement immédiat.
Du graphisme au street art
Pas prétentieux pour un sou, Laurent et Chrystèle se réjouissent de leur succès et des opportunités qui tombent toutes en même temps (commandes publiques dans des établissements scolaires, mais aussi de particuliers pour des portraits de famille). Peut-être parce que rien n’était gagné dès le départ.
Après un bac pro, Laurent a obtenu un BTS de design graphique et Chrystèle, après des remises à niveau en arts appliqués, a enchaîné BTS de design d’espace et école d’architecture. C’est l’alternance de Laurent dans une imprimerie qui, leur donnant accès à des machines d’impression et de découpe, va leur permettre de produire ce qu’ils avaient dessiné sur leur ordinateur.
Les Toki: des personnages identifiables comme des logos
En 2019, ils entament un tour du monde stoppé par le Covid au Sri Lanka. Le confinement vécu dans leur appartement lyonnais leur donne du temps pour dessiner des Toki et oser se lancer, sans autre boulot à côté.
Quand on lui demande d’où vient cette forme de gélule, le couple échange un regard complice. “Il n’y a pas d’histoire magique: on est graphistes. Créer un personnage avec un minimum de traits, c’est limite comme faire un logo. C’est un défi à chaque personnage: comment aller à l’essentiel et qu’on le reconnaisse?” raconte Chrystèle. Et pour ce qui est du nom de Toki, là encore, pas besoin d’aller chercher bien loin : “Ca vient de Toto et Kiki, nos surnoms depuis qu’on est petit!” sourit Laurent.
La pop culture comme source intarissable d’inspiration
Batman, Harry Potter, Frida Kahlo, Mario, Luffy… : tous ces Toki inspirés de la pop culture d’hier et d’aujourd’hui, Chrystèle et Laurent les conçoivent à quatre mains: “Comme on est presque de la même année, on a les mêmes références culturelles. Quand l’un fait un personnage, l’autre est forcément impliqué,” explique Chrystèle.
Pour autant, ils font en sorte de s’adresser au plus grand nombre, en “gélulifiant” des personnages qui relient les générations: “On adore revaloriser un personnage qui a été un peu oublié, comme Albator, avec sa cape et sa double ceinture.”
Des stages et des ateliers pour enfants
C’est pourquoi le duo multiplie les ateliers pour les enfants et leur famille, comme à la Ka’fête ô mômes, lors d’un stage pendant les vacances d’avril. Avec toujours le même processus: “On a disséqué tous nos Toki, en mettant les yeux, les nez, les habits, les accessoires dans des bacs. Chacun vient sélectionner des éléments pour recomposer son propre personnage, un peu comme un Monsieur Patate, détaille Laurent. Ensuite, on colle tout sur une feuille et on découpe la forme de la gélule.”
Il s’émerveille de la créativité des plus jeunes enfants: “L’autre jour, dans un atelier, une petite fille a mis le short de Hulk à l’envers sur la tête de sa princesse; ça lui faisait une couronne, c’était génial!”
Toki expose au festival Airt de famille
Ces ateliers artistiques, Toki va aussi les proposer à Airt de famille, le festival de street art qui s’empare de la galerie des Terreaux du 13 avril au 21 juin. Sélectionné pour faire partie de la promo 2024 du collectif Omart, à l’initiative de l’événement, le duo y proposera une jungle complètement immersive dans laquelle on s’amusera à chercher les Toki de la Tribu de l’œil perdu. “On est trop contents de faire partie du projet !” s’enthousiasme encore Laurent, jamais blasé.
toki-art.fr
- Mini-stage street-art à la Ka’fête ô mômes, les 17 et 18 avril. 53 Montée de la Grande Côte, Lyon 1er. Tél. 04 78 61 21 79. De 9h à 17h. De 30 à 150€ (selon QF) repas compris.
- Airt de famille, galerie des Terreaux, place des Terreaux, Lyon 1er. airtdefamille.fr
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