Mamadou est noir, il a grandi dans le 9–3 et voudrait être considéré comme tous les autres enfants de sa cité. George est blanche mais rêve depuis toujours d’être africaine, alors sur le chemin de l’école, elle change de peau. Jusqu’au jour où on lui dérobe ses deux peaux, la laissant avec une peau couleur de lune… Présentée au dernier festival d’Avignon, la pièce de Matthieu Roy d’après le texte de Gustave Akakpo nous parle de harcèlement, d’intégration et nous invite à réfléchir : peut-on se choisir d’autres origines quand on se sent étranger à son corps, à sa famille, à sa culture ? Dans un langage d’aujourd’hui et en utilisant la vidéo de manière pertinente, le metteur en scène fait dialoguer les comédiens de chair et d’os avec des enfants virtuels, dont les ombres sont projetées sur des écrans mobiles. Cet habile dispositif scénique crée de judicieuses interactions et rend palpable la pression du groupe. Une belle idée au service d’un texte profond et chargé d’espoir.
Blandine Dauvilaire