Le spectacle
Truffé de clins d’œil à l’univers des jeux vidéo, de la bande dessinée et de la science-fiction, ce ballet fantasmagorique impressionne par la profusion de tableaux qui s’enchaînent (35), la poésie et la fantaisie des costumes imaginés par Christian Burle (époustouflants), les moyens mis en œuvre pour transporter le spectateur dans un univers enchanteur. Si Marcia Barcellos (chorégraphe) et Karl Biscuit (compositeur et metteur en scène) excellent dans ce tour de magie, le voyage cinématographique qu’ils proposent n’est qu’un prétexte à faire surgir des images. Oubliez donc l’épopée extravagante du cinéaste Emil Prokop censée servir de fil rouge et laissez-vous porter par la beauté des séquences, la fluidité des corps des danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon et l’humour qui se glisse dans les intermèdes. À défaut d’histoire à raconter, Atvakhabar Rhapsodies éblouit par son inventivité visuelle.
Blandine Dauvilaire
L’interview
Costumier de génie, Christian Burle signe les créations féeriques d’Atvakhabar Rhapsodies. Imaginé par Marcia Barcellos et Karl Biscuit de la compagnie Système Castafiore, ce spectacle, interprété par les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, est repris du 30 juin au 7 juillet. Rencontre avec un artiste à l’imagination sans limites. Par Blandine Dauvilaire.
Combien avez-vous créé de costumes pour Atvakhabar Rhapsodies ?
Une centaine, je crois, mais certains ne sont portés que quelques instants. Dans cet univers merveilleux où l’apparition et l’extravagance sont importantes, la fascination est aussi liée à la présence parfois fugace d’un costume. Les images doivent être marquantes.
Comment avez-vous procédé pour les créer ?
J’ai conçu les costumes seul, en concertation avec la chorégraphe Marcia Barcellos et le metteur en scène Karl Biscuit, qui avaient des images en tête : un troupeau d’élans, des poupées, etc. J’ai réalisé des prototypes testés avec les danseurs de la compagnie, puis l’atelier de l’Opéra de Lyon a pris en charge la réalisation des costumes et des décors.
Où avez-vous puisé l’inspiration pour susciter une telle féerie ?
Je me suis inspiré des femmes-girafes africaines aux longs cous et des contes. Karl voulait rendre hommage au cinéma muet, nous avons donc fait le choix de costumes intégralement noirs ou presque, plus ou moins brillants, pour que ce soit uniquement la lumière qui donne les blancs.
En détournant certaines matières, vous donnez aux costumes un fort pouvoir d’évocation…
Pour le troupeau d’élans, nous avons utilisé du plastazote, une mousse dense qui se travaille par collage. Nous avons choisi de laisser la matière brute pour que ce soit très graphique, puis nous avons ajouté les éléments signifiants, c’est-à-dire les grands bois, la tête, le buste, les pattes pour évoquer l’animal. La sobriété permet à l’imaginaire de fonctionner.
Ce n’est pas trop contraignant pour les danseurs ?
Le plastazote est très léger. C’est un peu chaud mais ils le portent 3 à 4 minutes, guère plus. La chorégraphie est adaptée aux costumes.
Quel costume vous a donné du fil à retordre ?
Ce sont les yeux électroluminescents des personnages qui ont posé le plus de problèmes. Il a fallu adapter une bande luminescente dans la calotte (chapeau adapté au crâne) de chaque danseur, avec par-dessus une autre calotte contenant la batterie et les composants électroniques pour commander ces yeux, et par-dessus encore une cagoule en voile qui masque le visage des danseurs.
Quel est votre costume préféré ?
J’aime beaucoup les deux combinaisons larges réalisées en bande VHS et les jupes des danseuses faites en feuillard, ce ruban plastique noir qui sert à entourer les palettes. C’est le genre de matériaux que j’aime travailler. Je remercie d’ailleurs l’atelier de l’Opéra de s’être adapté à des matériaux aussi particuliers.
Quelles sont les qualités requises pour devenir costumier ?
Travailler en collaboration avec une compagnie nécessite d’aimer inventer des choses autour d’un sujet. La relation aux autres, la faculté d’adaptation et savoir combiner des univers sont essentiels. Les compagnies qui font appel à moi savent que je vais répondre avec quelque chose de particulier. Dans ce métier, il faut autant de rigueur pour l’exécution que de fantaisie pour l’invention.
Le jeu
L’Opéra de Lyon et Grains de Sel vous invitent à vous mettre dans la peau du costumier en créant une coiffe ou un chapeau délirant.
• Matériaux :
Tous les matériaux, à condition qu’ils soient noirs ou peints en noir.
– Pour la base de la coiffe : casque de vélo, bonnet de bain, bob, papier mâché…
– Pour le décor de la coiffe : sac poubelle, bande velcro, feutrine, bande VHS à découper en lamelles, tulle, mousse…
• Sources d’inspiration :
– Les photos de Colette, Thelma et Sasha qui portent les vraies coiffes du spectacle.
– L’extrait du spectacle sur www.opera-lyon.com
> Pour participer :
– Envoyez-nous des photos de l’enfant habillé en noir et portant sa création avant le 24 juin à l’adresse suivante : contact@grainsdesel.com
– Indiquez-nous nom, prénom et âge de l’enfant + matériaux utilisés + anecdotes de création.
> À gagner :
– Des places pour aller voir le spectacle et les meilleures photos seront publiées sur notre site web.
À vous de jouer !