Le spectacle :
Orchestré par Ravel, cette fresque est interprété par l’ONL qui propose toute une palette de sons et d’ambiances où chaque pupitre est mis à l’honneur avec un jeu de lumière.
Interview d’Arnaud Brovillé :
Soucieux de faire découvrir l’excellence de son orchestre symphonique aux enfants et de leur faire partager le bonheur de la musique, l’Auditorium innove cette saison avec des propositions encore plus ludiques. Revue de surprises avec Arnaud Brovillé, chargé de médiation à l’Orchestre national de Lyon.
Cette saison, les concerts destinés au jeune public font leur mue en combinant sons et scénographie. Pourquoi cette transformation ?
Jusqu’à la saison dernière, les mercredis musicaux étaient plutôt didactiques et les concerts familiaux du samedi privilégiaient la scénographie. Pour cette saison, nous avons souhaité mixer l’approche ludique et pédagogique. Aujourd’hui, chaque concert jeune public est mis en scène sous la forme d’un conte raconté par un comédien et mis en lumière pour donner un bel écrin à l’orchestre. Chaque histoire est aussi le prétexte pour parler du compositeur, de l’orchestre et des instruments.
Vous avez également imaginé une intrigue qui devrait tenir en haleine le jeune public…
Nous avons fait appel à une enquêtrice musicale dénommée Harmonie Lumière pour accompagner les concerts de la saison. Confrontée à des phénomènes étranges tels que des coupures de courant à l’Auditorium et des envoûtements, notre amie va devoir résoudre cette énigme. À chaque concert, les enfants seront informés des avancées de l’enquête avec un compte-rendu des épisodes précédents. Ils pourront aussi suivre l’intrigue, pas à pas, sur une newsletter.
Quels sont les temps forts de la programmation ?
Le prochain concert jeune public du 5 décembre, Tableaux d’une exposition, fera entendre une pièce russe orchestrée par Maurice Ravel. Le très gros orchestre proposera toute une palette d’ambiances et chaque pupitre sera mis à l’honneur. Ce sera l’occasion d’évoquer plein d’anecdotes sur l’histoire de l’ONL, qui a plus de cent ans. Cette saison, les enfants auront aussi la chance de découvrir l’orgue monumental de l’auditorium et ses 6 500 tuyaux à travers un répertoire très varié.
Sous quels sortilèges sera placée la semaine jeune public ?
Nous avons concocté un joli programme pour les vacances de février autour de la thématique de la sorcellerie et de la magie. Avec, notamment, le thème musical deHarry Potter ou le chef-d’œuvre du répertoire français L’Apprenti sorcierde Paul Dukas. Deux concerts seront aussi consacrés à l’univers féerique des suites de Peer Gynt, dont un dédié aux 3/5 ans. C’est la première fois qu’un orchestre de la dimension de l’ONL conçoit un concert unique pour les tout-petits.
Quelles surprises nous réservent les ciné-concerts ?
Autour de Noël, l’orchestre interprètera en direct, sous un écran géant, les musiques des Lumières de la ville de Chaplin. Un ciné-concert sera aussi consacré à Fantasia de Walt Disney. Ce qui est exceptionnel avec Fantasia, c’est que les dessins ont été créés à partir de la musique et non l’inverse.
Que provoquent ces drôles de rencontres entre les enfants et l’orchestre symphonique ?
Il faut voir les enfants lorsqu’ils entrent pour la première fois dans l’immense et superbe salle de l’Auditorium. On lit sur leurs visages combien ils sont impressionnés. Les enfants, qui ne connaissent pas le protocole d’un concert, ont aussi des réactions très spontanées : ils rient, applaudissent quand ils en ont envie, dansent parfois. Il n’y a pas ce côté policé des gens qui attendent le deuxième mouvement pour tousser (rire). Mais ce qu’il y a de plus fabuleux à découvrir pour eux, c’est la force de la musique jouée, en direct, par un orchestre symphonique. L’impact est aussi bien visuel que sonore.
Propos recueillis par Aude Spilmont.
Interview de Jean-Marc Bador :
Directeur général de l’Auditorium, Jean-Marc Bador fait rimer musique classique avec ludique. Il multiplie les propositions originales et offre aux plus jeunes des spectacles enthousiasmants. Particulièrement cette saison.
Avec le concert Histoires d’orchestre, les enfants vont traverser quatre siècles de musique en une heure…
C’est un voyage dans le temps où l’on voit l’orchestre évoluer au fil des siècles et des compositeurs. On part de loin avec Lully et ses violons du roy, puis l’orchestre et ses sonorités vont se développer, devenir plus riches, plus complexes, jusqu’au grand romantisme français en passant par Ravel, Saint-Saëns et on finira avec l’œuvre d’un compositeur contemporain minimalisme, John Adams. C’est une belle occasion de découvrir l’Orchestre national de Lyon dans toutes ses formes, depuis une vingtaine de musiciens jusqu’aux 100 d’Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss.
Dans un tout autre genre, le public va découvrir une formidable version de la comédie musicale Singin’in the rain (Chantons sous la pluie)…
C’est l’un des projets chouchous de la saison, produit en collaboration avec l’Institut Lumière. Ce très grand classique de Gene Kelly et Stanley Donen est accompagné par l’Orchestre national de Lyon, qui réalise en direct la bande-son du film, sous la direction de Timothy Brock. Je vous rassure, ce ne sont pas les musiciens qui interprètent les scènes époustouflantes de claquettes, mais bien Gene Kelly et Debbie Reynolds !
Début mars, dans le cadre des week-ends festifs baptisés Happy days, vous proposez avec la biennale Musiques en scène une multitude d’événements sur le thème du divertissement, dont certains sont gratuits…
Le but est de se faire plaisir en découvrant des propositions musicales de très haut niveau qui restent ludiques. On va jouer l’une des grandes partitions du répertoire symphonique, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski dans l’orchestration de Ravel, mais avec des projections de courts-métrages de mangas d’Osamu Tezuka, aussi connus au Japon que Fantasia ici. Le jeu vidéo s’invitera également dans ce concert avec une création de Daniele Ghisi, Pong, inspirée des premiers jeux sur ordinateur, avec des gens qui joueront en direct sur la musique. On pourra entendre deux œuvres électroniques plutôt inattendues dans nos murs : Bagatelles de Mason Bates et une création nouvelle de Pierre-Alexis Lavergne, lors d’un concert où les instruments traditionnels rencontreront les machines. Un concert jeune public avec l’accordéoniste Pascal Contet mêlera musique et vidéo un peu hypnotique. Il y aura des matchs d’improvisation très drôles entre percussionnistes. Et un concert-danse participatif avec Sylvain Groud et sa compagnie Mad. Ce sera impressionnant de voir une chorégraphie portée par toute la salle sur la musique répétitive et très prenante de Reich.
Sans oublier le ciné-concert La Princesse aux huîtres de Ernst Lubitsch…
Il sera accompagné de la musique contemporaine de Martin Matalon, ce sera la rencontre entre des images noir et blanc de toute beauté et cette musique incisive jouée par l’ensemble Ars Nova. L’Auditorium ne cesse d’inventer de nouvelles formes de spectacles pour toucher de nouveaux publics, parce que cette maison de la musique est vraiment celle de tous les Lyonnais.
Propos recueillis par Blandine Dauvilaire