Coup de projecteur sur la programmation à partager en famille.
Grains de Sel a rencontré Élodie Cartier-Millon, en charge de la programmation jeune public à l’Institut Lumière, qui accompagne les enfants tout au long de l’année dans leur découverte du cinéma. À l’occasion du 8e Festival Lumière, dédié aux films du patrimoine, elle rappelle l’importance de se constituer dès l’enfance une bonne culture cinématographique et partage ses coups de cœur. Rencontre avec une vraie militante. Par Blandine Dauvilaire.
Pourquoi est-il important d’emmener les enfants au cinéma ?
Le cinéma les aide à grandir en les faisant réfléchir, en leur permettant de s’évader de leur quotidien et de l’enrichir. Beaucoup de films sont des contes initiatiques où les personnages doivent traverser des épreuves pour progresser, ils permettent aux enfants de s’identifier. Fréquenter une cinémathèque comme l’Institut Lumière permet de se construire un socle culturel, je crois que c’est ce qui manque cruellement aujourd’hui aux enfants. Arrivés à l’adolescence, ça leur permet d’être plus forts et de réfléchir par eux-mêmes. L’art est une arme pacifiste.
En quoi le festival Lumière est-il une chance pour les familles ?
C’est l’occasion ou jamais de montrer aux enfants des films qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, dans des formats exceptionnels, puisque ce sont des projections en restauration numérique ou en 35 mm. Cette année, ils vont découvrir Peau d’âne de Jacques Demy avec Catherine Deneuve, qui va recevoir le Prix Lumière de cette édition. C’est un conte fantastique et fantaisiste sous forme de comédie musicale, avec de magnifiques costumes et de très belles chansons (dès 8/9 ans).
Le géant de fer de Brad Bird (Ratatouille, Les Indestructibles) sera projeté à la Halle Tony Garnier devant 4500 enfants.
C’est l’un des derniers grands films d’animation produit hors images de synthèse. Les enfants vont découvrir sur écran géant, avant sa ressortie en salles, cette histoire d’amitié entre un petit garçon et un robot géant. Ce sera magnifique et suivi d’un goûter (dès 6/7 ans). La rétrospective Buster Keaton sera aussi l’un des temps forts du festival. C’est l’une des figures majeures du cinéma burlesque, deux de ses films seront présentés en ciné-concert à l’Auditorium. Ce sont des moments magiques car les musiciens accompagnent le film muet en direct (dès 7 ans).
Et pour les plus grands ?
Je conseille Universal monsters dès 12 ans, une sélection de films mythiques pour se faire délicieusement peur : Dracula, Frankenstein, La momie… Ainsi que Le Sauvage, une comédie d’amour et d’aventure avec Catherine Deneuve et Yves Montand. Dès 13 ans : Les enfants du paradis, un monument du cinéma qui marquera les ados. Et dès 14/15 ans, La nuit bande de potes, 4 films cultes pour rire en famille : L’aventure, c’est l’aventure + Very bad Trip + Les bronzés font du ski + Mes meilleurs copains.
À l’heure où certains enfants ne lâchent leurs jeux vidéo que pour aller courser les Pokémon, comment leur donner envie d’aller dans une cinémathèque ?
À l’Institut Lumière, la programmation Cinématokid va au-delà de la simple projection. Les enfants sont accueillis de manière conviviale, nous leur parlons du lieu où ils se trouvent, chaque séance est précédée d’une présentation du film, ils se retrouvent ensuite autour d’un goûter pour échanger, repartent avec un livret-jeu et la séance ne que coûte 4 € par personne, quel que soit l’âge.
Vous accueillez même les tout-petits dès 2/3 ans le dimanche matin.
Nous leur proposons des courts métrages de 30 à 40 minutes maximum, avec des clés de compréhension très simples. Je rappelle qu’il ne faut surtout pas emmener les enfants trop tôt au cinéma, cela peut les effrayer et endommager leur audition. À la sortie, nous les attendons autour d’un bar à jus de fruits, les parents se rencontrent, les enfants jouent ensemble, c’est la fête.
Faites-vous la guerre aux blockbusters des multiplexes ? Pas du tout, les enfants ont besoin de voir les deux. Nous nous démarquons en privilégiant des films d’animation en tous genres, que ce soit de la pâte à modeler, des marionnettes, de l’animation française, des choses que l’on ne verra pas dans les multiplexes. Les livrets-jeux qui accompagnent les films demandent beaucoup de travail mais sont un vrai plus pour les jeunes spectateurs.
Festival Lumière, du 8 au 16 octobre
Toute la programmation sur www.festival-lumiere.org