Il était une fois… « La Belle et la Bête » film que Jean Cocteau réalisa en 1946 pour et avec Jean Marais, sur une idée de celui-ci. Ce prince prisonnier dans le corps de la Bête, parce que ses parents ne croyaient pas aux fées. Cette fille, la Belle, qui ne peut se résoudre à quitter son père, et qui se dévoue corps et âme à sa famille. Ces deux sœurs, dignes cousines des soeurs de Cendrillon, que Cocteau définit très bien dans cette scène ou en colère, elles quittent le jardin, nous les entendons partir, et la bande son nous donne à entendre le caquètement des canards…Ce frère, jeune oisif, dépensier, colérique, comme cet amoureux, Avenant, à qui la Belle se refuse, malgré l’amour qu’elle lui porte.
Entre le Monde Connu, la maison familiale, et le Monde Inconnu, le château de la Bête, le rite du passage…Quand doit-on prendre la bonne décision?
Doit-on rester conforme à sa parole ? Quand doit-on vivre sa vie ? Ce film captive, car il crée un imaginaire extraordinaire. Pour avoir présenter dernièrement ce film, dans une salle ou la moitié des spectateurs étaient de jeunes adolescents, je fus surpris de la qualité de l’écoute, dans des passages sans dialogues et sans musiques, il régnait dans la salle un silence merveilleux, peut-être un silence féérique… Et ce regard de l’autre, qui fait que nous sommes vivants, nous le retrouvons dans deux autres films à faire découvrir aux enfants.
Une Bête et une Belle, dans « King Kong », de Cooper et Schoedsack, comme dans « la Belle et la Bête », une femme qui a su découvrir dans cet animal que d’aucun trouve abominable, un être sensible… Les apparences sont trompeuses…Il faut avoir du coeur pour ouvrir un coeur meurtri. Et de même, un Bête dans « The Elephant Man » de David Lynch, un « monstre » révélé par le regard de l’autre, qui fait que l’homme dans cette enveloppe monstrueuse est aussi et avant tout un être humain, capable d’émotions, de sentiments, de ressentiments, de pensées….
Dans ces trois films, nous rencontrons aussi la cupidité d’hommes et de femmes prêt à tout pour se faire de l’argent sur le dos de l’autre, et souvent du plus faible.
Des effets spéciaux d’une poésie certaine qui n’ont rien à envier à ce que nous pouvons voir actuellement. Voyez, revoyez, découvrez, ces trois films, en salle si possible… en DVD, si non, mais dans de bonnes conditions…
par Fernand-René Béron
• « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau, sortie en France le 29 octobre 1946 / Prix Louis Delluc 1946 d’après le conte « La Belle et la Bête » de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont 1757, à partir de 6 ans
• « King Kong » de Merian C.Ernest et B. Schoedsack, sortie en France le 29 septembre 1933, à partir de 8 ans
• « The Elephant Man » de David Lynch, sortie en France le 8 avril 1981, à partir de 11 ans