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L’en­nemi n°1 des enfants : les légumes

Publié le 02/05/2019

Alors que le repas idéal s’ap­pré­hende comme un moment de plai­sir et de partage, il peut en réalité, pour les enfants, prendre l’al­lure d’une véri­table bataille. L’en­nemi numéro 1: les légumes. Afin de récon­ci­lier ses gones avec ces aliments essen­tiels à un bon équi­libre alimen­taire, Grains de Sel a mené l’enquête. Au menu: l’éclai­rage de profes­sion­nels, une sélec­tion d’as­tuces et des recettes.

« Ne pas forcer, mais repro­po­ser souvent en petites quan­ti­tés »

Le docteur Jean Stagnara, pédiatre à Lyon dans le 6e arron­dis­se­ment, nous livre son point de vue sur la rela­tion parfois complexe des enfants aux légumes et nous donne des pistes pour l’amé­lio­rer.

Qu’ap­portent les légumes dans l’ali­men­ta­tion? Pourquoi sont-ils essen­tiels?

Les légumes sont remplis de vita­mines; ils faci­litent le tran­sit intes­ti­nal grâce aux fibres, et repré­sentent un apport équi­li­bré au niveau calo­rique. Ils favo­risent une bonne santé et permettent de préve­nir les risques de surcharge pondé­rale.

Pourquoi certains enfants ont-ils tant de mal à manger des légumes?

Il faut savoir que dans l’im­mense majo­rité des cas, les enfants, à tout âge, les accueillent très bien dans leur alimen­ta­tion. Mais il est vrai que les goûts, très tôt, varient en fonc­tion de chacun. On observe aussi que les parents trans­mettent aux enfants leurs propres préfé­rences. Si tel ou tel légume leur est désa­gréable à manger, il le sera souvent aussi pour les plus jeunes. D’où l’im­por­tance pour eux de montrer l’exemple. Le cadre peut égale­ment jouer. Pour s’af­fir­mer, un enfant ne mangera pas toujours faci­le­ment les légumes avec ses parents, mais avec l’as­sis­tante mater­nelle ou les grands-parents, il arrive qu’il le fasse plus aisé­ment. Par ailleurs, certains enfants n’aiment pas la nouveauté, c’est ce qu’on appelle la néopho­bie alimen­taire.

Quelles sont vos recom­man­da­tions pour encou­ra­ger les enfants à manger des légumes?

Je recom­mande chez le tout-petit de mettre l’eau de cuis­son du bouillon de légumes à la place de l’eau du bibe­ron, pour lui appor­ter un autre goût, salé, non habi­tuel. Quand l’en­fant passe de la succion à la masti­ca­tion, il est bon de lui donner l’ha­bi­tude de mastiquer avec, par exemple, des pommes de terre ou une carotte bien cuites, fondantes, mais pas complè­te­ment écra­sées. Je conseille d’y aller progres­si­ve­ment en commençant par un légume un jour, un autre le suivant, pour que l’en­fant s’ha­bi­tue aux nouveaux goûts, aux nouvelles textures. Et éviter ainsi le syndrome des petits pots.

Qu’en­ten­dez-vous par syndrome des petits pots?

C’est lorsque l’en­fant recrache un morceau de légume après en avoir mangé un. À mon sens, il faut faire atten­tion avec les petits pots car, même s’ils sont très commodes, ils ont tous la même consis­tance. Le fait-maison reste donc une bonne recom­man­da­tion, au moins le mercredi ou les week-ends.

Que pensez-vous des jus de légumes?

Je n’ai rien contre. Les jus de légumes peuvent ouvrir à de nouvelles saveurs et permettre de décou­vrir des légumes plus rares, qu’on n’a pas l’ha­bi­tude de cuisi­ner.

Pourquoi ne faut-il pas forcer un enfant à finir son assiette?

Il est essen­tiel de respec­ter l’ap­pé­tit de l’en­fant. Ce dernier doit régu­ler la quan­tité, tandis que les parents apportent la qualité. Si on force un enfant, il finit parfois par déve­lop­per une oppo­si­tion franche et on peut voir appa­raître des phéno­mènes d’ano­rexie. Au lieu de forcer, l’idée est plutôt de repro­po­ser régu­liè­re­ment, en petites quan­ti­tés. De plus, il est impor­tant pour le parent de respec­ter le rythme des enfants concer­nant l’heure des repas, pour éviter les tensions. Le soir, il ne faut pas manger à tout prix avec les parents si l’heure est tardive. Le déjeu­ner et le dîner doivent être des moments de plai­sir. Le repas doit rester un moment convi­vial et non un temps à expé­dier à toute vitesse.

À quel stade un parent doit s’inquié­ter?

Je dirais d’abord qu’il vaut mieux préve­nir que guérir. L’idée est vrai­ment de repé­rer et conseiller avant que cela repré­sente un blocage. L’avan­tage des consul­ta­tions pédia­triques est que l’on voit régu­liè­re­ment les enfants, à travers notam­ment des examens annuels à 24 mois, 3 ans, 4 ans, 5 ans, etc. On suit régu­liè­re­ment l’IMC: entre 4 et 6 ans, l’en­fant doit être plutôt maigre. S’il est un peu rond à cet âge-là, il faut revoir ses habi­tudes alimen­taires.

Pourquoi les enfants n’ont-ils pas autant d’aver­sion pour les fruits?

Tout simple­ment parce qu’ils sont plus sucrés! Le sucre est toujours accueilli plus faci­le­ment. Atten­tion tout de même, si on prend peu d’en­trées, ce n’est pas une raison pour prendre une double ration de dessert.

Des initia­tives locales pour redo­rer le blason des légumes

Des ateliers

C’est en passant par l’émo­tion­nel et la pratique que l’as­so­cia­tion lyon­naise La Légu­me­rie entend récon­ci­lier les enfants et leurs parents avec le mieux-manger, et notam­ment les légumes. Une nouvelle enthou­sias­mante, surtout quand on apprend que cet objec­tif indui­rait, dans le même temps, un réel mieux-être. Avec pour mission prin­ci­pale de créer du lien social, les membres de l’as­so­cia­tion ont déve­loppé deux types d’ac­ti­vi­tés: la cuisine parti­ci­pa­tive (durable, de saison, et biolo­gique) et des ateliers de jardi­nage en agro-écolo­gie, inscrits dans une démarche perma­cole. « On s’adresse à tous les publics de la Métro­pole de Lyon, des enfants dès 18 mois jusqu’aux personnes en Ehpad », souligne Clémen­tine Ango­nin, char­gée de projets et d’ani­ma­tions pour l’as­so­cia­tion. La Légu­me­rie inter­vient lors de fêtes de quar­tier en instal­lant de grandes cuisines parti­ci­pa­tives. Elle propose aussi, dans certaines crèches, des ateliers enfants ou parents- enfants. « Ces expé­riences permettent de se connec­ter et de vivre une acti­vité posi­tive et bien­fai­sante. De plus, pour les tâches plus tech – niques, en cuisine comme en jardi­nage, on accom­pagne les enfants, en cher­chant à montrer à leurs parents qu’ils sont capables de faire beau­coup de choses. » Parmi les démarches de l’as­so­cia­tion, figure le projet Pacap (Petite enfance, alimen­ta­tion, corpu­lence et acti­vité physique). « À travers ce projet, on souhaite donner envie aux enfants et aux parents de consom­mer davan­tage de produits frais, et de se ques­tion­ner sur une alimen­ta­tion durable, équi­li­brée, saine. Comment? Il existe plein d’as­tuces ludiques! Les plus jeunes peuvent obser­ver les légumes entiers pour ensuite les décou­per, les trans­for­mer et les goûter aux diffé­rentes étapes. Ils peuvent aussi décou­vrir les couleurs par cet inter­mé­diaire. Ça fonc­tionne bien, les enfants y prennent réel­le­ment du plai­sir et en rede­mandent ! », affirme Clémen­tine Ango­nin.

Les jardins parta­gés

Depuis quelques années déjà, fleu­rissent dans la Métro­pole des jardins parta­gés, conçus et culti­vés par des habi­tants d’un quar­tier réunis en asso­cia­tion. Certains d’entre eux ont un rôle péda­go­gique : Les Cocci­nelles de Sans-Souci dans le 3 e arron­dis­se­ment, le jardin de l’îlot d’Ama­ranthes dans le 7 e … Pour Laurent Kocab, membre de l’as­so­cia­tion Le Passe-jardins, « Ces jardins permettent un éveil à la nature en ville, au jardi­nage. En découle souvent un éveil à l’ali­men­ta­tion saine. Les enfants acceptent plus aisé­ment de manger des légumes quand ils savent d’où ils proviennent: ils les ont vus pous­ser, ils les ont même parfois plan­tés eux-mêmes ! »

Les joies de la cueillette

Quelques kilo­mètres en voiture et nous voici arri­vés, non loin de Lyon, dans une ferme ouverte à la libre cueillette. Une brouette, des paniers et des embal­lages, et c’est parti! On peut profi­ter d’une prome­nade en famille pas comme les autres, où l’on s’en va cueillir des fruits et des légumes au fur et à mesure de son avan­cée. Il s’agit non seule­ment d’une expé­rience ludique, convi­viale, mais en plus d’une démarche qui valo­rise l’ori­gine locale, les produits de saison, et, bien sûr, les saveurs et la fraî­cheur des aliments. Une manière supplé­men­taire de récon­ci­lier ses gones avec les légumes.

La fantai­sie dans l’as­siette

On le sait, la présen­ta­tion influence l’ap­pré­cia­tion des plats. Les légumes ne font pas excep­tion. Selma Lazreq et Marie-Line Margier, deux mamans très actives, l’ont bien compris. En déve­lop­pant le concept de ludo-nutri­tion à Tassin-la-demi-Lune, elles souhaitent encou­ra­ger une alimen­ta­tion équi­li­brée chez l’en­fant en détour­nant les clas­siques de la malbouffe en produits sains. À travers leur marque, La Popote compa­gnie, elles proposent des plats prépa­rés sans addi­tifs, qui mélangent les saveurs. Le rendu est éton­nant. En témoignent leurs « boulettes trop chouettes » bœuf-carotte-citron­nelle ou leurs « nuggets qui ont du pep’s » poulet-petits pois-emmen­tal. Les recettes, aujourd’­hui au nombre de six, sont desti­nées aux 5–14 ans.

Vite ! Une idée de sortie en famille

Poterie, Judo, Arts du Cirque...

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